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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood
Autoren: Paul C. Doherty
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me faut examiner le corps de Sir Eustace, déclara-t-il d’un ton impérieux.
    — On l’a emporté ailleurs, expliqua Branwood avec un geste irrité. À cause de la canicule. A un dépositairesitué dans un jardin, près de la poterne.
    — Battons le fer tant qu’il est chaud ! répliqua énergiquement Corbett. Sir Peter, veuillez nous montrer le chemin.
    L’assistant shérif les précéda. Corbett nota soigneusement l’état du château : bien que résidence royale, celui-ci montrait des signes désolants d’incurie. La peinture des murs, rongés par l’humidité, s’effritait et les pavés inégaux étaient ébréchés et glissants. Ils passèrent par des cuisines malpropres aux parois constellées de traces de repas. De grosses mouches bourdonnaient nonchalamment au-dessus de taches de sang tandis qu’un cuisinier, suant à grosses gouttes, et ses marmitons, mal débarbouillés, découpaient un quartier de boeuf. Corbett aperçut une barrique d’eau croupie couverte d’écume. Il déglutit et se promit in petto de veiller scrupuleusement à ce qu’il mangerait là. Ils traversèrent une cour déserte, longèrent d’autres couloirs et arrivèrent dans un jardin aux dimensions modestes qui avait dû être une tonnelle au temps des anciens shérifs ; mais à présent, la statue abîmée, au centre, disparaissait presque sous un enchevêtrement de ronces et d’herbes folles.
    — On pourrait quand même en prendre plus de soin ! bougonna Ranulf.
    — Nous sommes des officiers, pas des jardiniers ! se récria sèchement Branwood. Et grâce aux bons offices de Robin des Bois, Sir Eustace n’a pas pu seulement prendre soin de lui-même !
    Ils se frayèrent péniblement un passage parmi les ajoncs et hautes herbes jusqu’à une petite construction en pierre au toit plat, dont la porte fendillée brinquebalait sur ses gonds de cuir. Branwood l’ouvrit et fit signe d’entrer à Corbett. La puanteur était telle que celui-ci se pinça le nez.
    — Nous sommes vendredi, remarqua-t-il à mi-voix. Vechey est mort dans la nuit de mercredi.
    Après s’être efforcé de percer la pénombre, il prit une épaisse chandelle de suif près du seuil, frappa son silex et s’avança dans l’obscurité. Ranulf et Maltote s’abstinrent sagement de le suivre. La dépouille du shérif reposait sur le sol, sous un drap de lin à la propreté douteuse.
    — Je suis navré, s’exclama Branwood par la porte entrebâillée, mais nous savions que vous veniez, Messire, et le mire nous a recommandé de ne pas faire la toilette mortuaire avant que vous ayez vu le cadavre.
    Corbett enleva le drap fétide et essaya de ne pas laisser prise à son imagination, sous peine d’avoir des haut-le-coeur ou des nausées. D’âge moyen, la calvitie menaçante, Vechey paraissait un peu bedonnant. Son corps, à présent, était gonflé par les gaz. Quant aux paupières encore entrouvertes, Corbett s’efforça de ne pas les regarder, préférant concentrer son attention sur les lèvres qui étaient devenues violettes et sur les petites plaies visibles aux commissures. Dans sa jeunesse, le clerc avait participé aux campagnes du roi au pays de Galles : il s’y connaissait assez en médecine pour voir dans ces lésions le résultat d’une alimentation déséquilibrée, trop de viande, pas assez de fruits. Il examina méticuleusement les doigts et les ongles du défunt, mais ne remarqua rien de suspect à part le fait que la peau des mains avait la texture de la laine mouillée. Avec un soupir, il rabattit le drap, souffla la chandelle et ressortit dans le jardin.
    — Sir Eustace avait-il de la famille ?
    — Un fils dans l’armée d’Écosse et une fille mariée à un chevalier de Cornouailles. Il était veuf. Il sera probablement enterré dans l’une des églises de la ville jusqu’à ce que son fils nous fasse part de ses intentions.
    — Vous pouvez l’enlever d’ici, déclara Corbett. Dieu sait qu’il a assez souffert.
    Naylor les rejoignit, foulant énergiquement les hautes herbes. L’air plus amical, il annonça avec un sourire :
    — Ils sont tous prêts. Je les ai rassemblés dans la grand-salle.
    Ranulf, assis sur un muret, se réchauffait au soleil. Il plissa les paupières et toisa le sergent qu’il avait immédiatement pris en grippe.
    — Prêts ? Qui est prêt ? demanda-t-il.
    Avant qu’on lui répondît, trois personnages s’avancèrent : un moine trapu au teint hâlé, aux cheveux
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