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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood
Autoren: Paul C. Doherty
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tabourets rudimentaires. Trois silhouettes ternes qui occupaient un banc repoussé contre le mur se levèrent à l’entrée de Corbett. Les deux gardes aux cheveux gras avaient l’air renfrogné. Quant à Lecroix, dont le visage évoquait une tête de mort sous sa tignasse brune, il était plutôt ventripotent et portait une moustache broussailleuse et une barbe pour cacher son bec-de-lièvre.
    — Installons-nous confortablement, suggéra l’assistant shérif.
    Ils placèrent bancs et tabourets en arc de cercle, puis chacun, gêné, prit place tandis que Branwood expliquait en deux mots la mission de Corbett.
    — Sir Peter, proféra énergiquement le clerc en s’efforçant de briser la tension, racontez-moi derechef ce qui s’est passé la nuit où Sir Eustace a trouvé la mort.
    — Nous étions réunis ici. La nourriture n’était pas fraîche, comme d’habitude. C’était du porc rôti, d’après le cuisinier, mais la viande était gluante, mal cuite et trop salée.
    Ses compagnons l’approuvèrent en ricanant.
    — Certains d’entre nous burent de la godale {11} , d’autres du clairet, poursuivit Branwood en se caressant le menton et en faisant appel à ses souvenirs. Il y eut un plat de légumes et du massepain.
    — Et aucun incident n’a éclaté pendant le repas ? demanda Corbett.
    — Non. Ceux qui avaient faim se sont rassasiés et puis nous avons bavardé comme à l’accoutumée.
    — Y compris Sir Eustace ?
    — Oui.
    — Pendant longtemps ?
    Corbett observa les autres membres de la maison. A en juger par leurs mines, le shérif disait la vérité.
    — Une heure et demie à peu près. Puis nous sommes allés nous coucher.
    — Et ensuite ?
    — J’étais debout dès potron-minet le lendemain. Comme je vous l’ai expliqué, j’avais été malade toute la nuit. Après avoir assisté à la messe, je suis venu ici prendre mon petit déjeuner. Je pensais y retrouver Sir Eustace. Ne le voyant pas, je suis monté à sa chambre et j’ai demandé aux sentinelles s’il était levé.
    Les deux soldats firent un signe de dénégation comme s’ils se doutaient de la question de Corbett.
    — On n’entend rien, affirma l’un d’eux avec un fort accent paysan. Et vu qu’on n’entend aucun bruit, v’là Sir Peter qui cogne à la porte.
    Lecroix sortit de son silence.
    — Je me suis réveillé à ce moment-là, marmonna-t-il. Voyez-vous, Messire, je dors comme une souche...
    — ... et bois comme un trou, acheva sèchement Maigret.
    — J’avais beaucoup bu, reconnut Lecroix, mais j’étais tellement fatigué !
    Corbett le dévisagea : le malheureux clignait sans cesse des yeux et la salive dégoulinait de sa barbe emmêlée. « Il n’a pas toute sa tête, songea le clerc. Son raisonnement est celui d’un enfant, même s’il a un corps d’homme. »
    — Personne ne t’accuse, Lecroix, le rassura-t-il. Dis-moi seulement ce qui est arrivé.
    — Je dormais sur mon lit de camp au fond de la chambre. C’est toujours là que je dors. Les coups frappés à la porte m’ont réveillé et m’ont flanqué encore plus mal à la tête. Je suis allé tirer les courtines du lit de Sir Eustace. Il était étendu là, sans bouger.
    La lèvre inférieure du valet tremblota et ses yeux se remplirent de larmes.
    — Continue, lui ordonna doucement Corbett.
    — J’ai compris que quelque chose n’allait pas. Le corps de mon maître était tout tordu, son visage tourné de côté et sa bouche grande ouverte. Ses yeux étaient fixes. Ils m’ont rappelé ceux d’un chien que j’ai vu écrasé, un jour, par une charrette.
    Lecroix se cacha le visage entre ses mains :
    — Sir Peter tambourinait toujours à la porte et j’avais mal à la tête. Alors je suis allé ouvrir.
    — Et vous êtes entré, Sir Peter ? enchaîna Corbett.
    — Nous avons tous pénétré dans la pièce, précisa l’assistant shérif. J’ai envoyé un des gardes dans la grand-salle avertir Naylor, Roteboeuf et, bien sûr, Maigret qui sont montés me rejoindre.
    — Quand j’ai franchi le seuil, renchérit le mire, j’ai vu Lecroix à genoux près du lit. Il pleurait.
    Il tapota l’épaule du serviteur :
    — Il était dévoué à son maître. L’une des courtines était tirée et tout était comme il l’a décrit. Sir Eustace gisait comme s’il avait souffert d’une attaque foudroyante. L’aspect de sa peau, de ses yeux et de sa bouche m’amena à conclure immédiatement à un
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