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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac
Autoren: Jean Markale
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contemporain, d’épisodes relatifs à la grande épopée arthurienne telle qu’elle apparaît dans les manuscrits du XII e au XV e siècle. Ces épisodes appartiennent aussi bien aux versions les plus connues qu’à des textes demeurés trop souvent dans l’ombre. Ils ont été choisis délibérément en fonction de leur intérêt dans le déroulement général du schéma épique qui se dessine à travers la plupart des récits dits de la Table Ronde, et par souci d’honnêteté, pour chacun des épisodes, référence précise sera faite aux œuvres dont ils sont inspirés, de façon que le lecteur puisse, s’il le désire, compléter son information sur les originaux. Une œuvre d’art est éternelle et un auteur n’en est que le dépositaire temporaire.

1

La Grande Peur
    Quand la nouvelle de la disparition de Merlin se fut propagée dans tout le royaume d’Arthur et dans la Bretagne armorique, nombreux furent ceux qui se lamentèrent, aussi bien dans le petit peuple que parmi les rois et les barons. « Hélas ! disait-on, qu’allons-nous devenir sans les sages conseils que Merlin donnait au roi Arthur ? Tant de fois il nous a sauvés du désastre et nous a redonné l’espoir alors que tout semblait perdu ! Ah, Merlin, quel mauvais sort t’a éloigné de nous qui t’aimions et te respections tant ! » Cependant, beaucoup de gens ne voulaient pas croire la mort du devin. Ils pensaient que, par le passé, Merlin avait souvent fait retraite en quelque endroit secret sans qu’on pût savoir où il se trouvait, et ils affirmaient à qui voulait les entendre qu’il reviendrait un jour, au moment où l’on s’y attendrait le moins. Néanmoins, certains battirent les forêts à la recherche de celui qu’ils considéraient comme le plus sage de tous les hommes.
    Ainsi, un forestier vint raconter un jour, à la cour du roi, qu’il avait rencontré, un matin, quand le soleil se levait à peine, un homme en qui il avait cru reconnaître Merlin, accompagné de son loup gris familier. Il lui avait même parlé et lui avait demandé ce qu’il cherchait ainsi dans les sentiers étroits de la forêt. « Je viens chercher par ici, avait-il répondu, le moyen de trouver l’œuf rouge du serpent marin, au bord du rivage, dans le creux du rocher, et puis dans la clairière, le cresson vert et l’herbe d’or, et le gui du chêne, au plus profond du bois, au bord de la fontaine où coule l’eau claire qui surgit des entrailles de la terre. » Alors, après avoir prononcé ces paroles, l’homme au loup gris avait disparu derrière les feuillages, sans laisser de traces, comme si la lumière du soleil l’avait absorbé.
    Une autre fois, un saint homme du nom de Kado, qui vivait dans son ermitage, en une grande lande, s’en allait par la forêt profonde, agitant sa clochette aux sons clairs, quand bondit près de lui un fantôme à la barbe grise comme la mousse, et aux yeux bouillants comme l’eau du chaudron sur le foyer. Kado fit le signe de la croix et dit : « Au nom de Dieu, je te l’ordonne ! Dis-moi qui tu es. » L’apparition répondit : « Du temps que j’étais barde dans le monde, j’étais honoré de tous les hommes. Dès mon entrée dans la salle du festin, on entendait l’assemblée pousser des cris de joie, et sitôt que ma harpe chantait, de l’or tombait en pluie brillante du haut des arbres. Les rois de ce pays m’aimaient, les rois étrangers me craignaient et le petit peuple disait : « Chante, Merlin, chante toujours, chante ce qui doit arriver ! » Mais, maintenant, je vis dans les bois. Personne ne m’honore plus. Les sangliers, quand je passe à côté d’eux sur le chemin, grincent des dents. Je ne joue plus de ma harpe. Ils ont coupé les arbres d’où coulait l’or brillant, et bientôt mourront les rois de Bretagne devant l’oppression des rois étrangers. Quant aux Bretons, ils ne diront plus : « Chante, Merlin, les choses à venir ! » Ils m’appelleront Merlin le Fou, et tous me chasseront à coups de pierres, parce qu’ils auront peur de mon loup gris, mon seul compagnon sur cette route que je parcours sans cesse et qui me mène vers la nuit… » Ainsi parla Merlin au sage Kado, l’ermite de la grande lande. C’est du moins ce qu’il raconta à tous ceux qui venaient le voir.
    Il y avait, à cette époque, dans un petit royaume de la Bretagne armorique, un jeune homme de très bonne famille qui se nommait Éven. Comme il avait perdu ses
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