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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint
Autoren: Fiona Buckley
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que Wilkins achetait ce tapis !
    — Oui. Il s’en produit quelquefois, convint Cecil. Si j’avais su que Mew était resté un visiteur assidu à Lockhill, nous ne vous aurions pas envoyée là-bas. N’est-ce pas, madame ?
    — Peut-être l’aurions-nous jugé nécessaire, répondit la reine. Nous avions besoin d’avoir un agent dans la place, de préférence une femme. Le choix d’Ursula s’imposait.
    Il y eut un silence, puis Élisabeth ajouta :
    — La boîte à musique que Mr. Mew nous a donnée a été brisée. L’or et les pierres précieuses sont allés dans nos coffres et l’on a fracassé le mécanisme. Cet objet était une offense pour nos yeux comme pour nos oreilles.
    J’inclinai la tête. J’avais donné sa boîte à Meg – pourquoi la priver de son jouet ? –, mais je jugeai préférable de n’en rien dire à la reine.
    — Je crois que Leonard Mason a abandonné toute idée de voler un jour, remarqua Cecil. Nous vivons une ère propice aux idées nouvelles, mais certaines se révèlent chimériques. Par ailleurs, on lui a infligé une lourde amende pour avoir écouté des messes illégales. Il devra porter plus d’attention à ses terres, s’il veut éviter les dettes.
    — Cela sera dur pour Ann, dis-je avec regret.
    — Au moins, son époux ne se rompra pas le cou, souligna Élisabeth d’un ton acerbe. Et il n’attend pas à la Tour d’être exécuté pour trahison, contrairement à Mew. Dommage que deux de ses complices se soient enfuis, même si l’un vous est cher, Ursula. Vous êtes résolue à ne pas partir en France, à présent ?
    — Mr. de la Roche n’était pas vraiment un conspirateur, madame, observa Cecil. À la différence de Wilkins.
    — Il est vrai, confirmai-je. Toutefois, non, je n’irai pas en France. Je… Je n’y serais peut-être plus la bienvenue.
    Élisabeth me considéra avec compassion.
    — Non, en effet. Mais rappelez-vous que vous avez à la cour un foyer. Avec le temps, il se peut que vous trouviez du réconfort dans cette certitude.
    Je détournai la tête vers la fenêtre. Au-dehors, le début du printemps parait l’herbe et les arbres d’un vert intense et les oiseaux fendaient le ciel en tous sens, cherchant de la nourriture pour leurs petits. Matthew vivrait. Je pouvais au moins m’accrocher à cette idée. Il vivrait : il respirerait l’air pur et contemplerait le ciel. Le soleil, la lune, les étoiles brilleraient pour lui autant que pour moi. Et afin qu’il en fût ainsi, je me résignais même à ce que l’odieux Wilkins vécût lui aussi. Seul mourrait le pathétique, le craintif petit Barnabas Mew.
    Des pas énergiques et virils approchèrent. Robin Dudley, splendide en pourpoint rouge sombre rehaussé de crevés bleu paon et de broderies d’or, se frayait un chemin dans la galerie avec son audace et son impertinence coutumières. Il héla quelqu’un par-dessus son épaule, dit à un page de courir l’annoncer à la reine et lança un compliment à une demoiselle d’honneur.
    Entendant sa voix, Élisabeth haussa la sienne.
    — Nous sommes ici, Robin ! Venez vous joindre à nous !
    Dudley approcha, marqua un temps d’arrêt en s’avisant que la reine était en compagnie, et s’inclina devant elle. Puis il se redressa et la scruta intensément.
    — Mon cher Robin, dit la souveraine, écartant le sort des traîtres de son esprit sans effort notable, quel plaisir de vous voir !
    — Le plaisir est réciproque, Votre Majesté. Je craignais à demi que vous ne fussiez déjà partie pour l’Autriche afin d’épouser l’archiduc.
    De bonne heure ce matin-là, en présence de Robin Dudley, Élisabeth avait accordé audience à de Quadra et laissé entendre qu’elle pourrait considérer une alliance avec l’archiduc d’Autriche, parent du roi Philippe. De Quadra ne savait s’il devait la prendre au sérieux, et nous avions tous observé avec fascination le sombre et beau visage de Dudley, car sourire tout en lançant des regards féroces relève de l’exploit et nous nous demandions comment il y parvenait.
    — Pas du tout, répondit Élisabeth, impénétrable. De telles décisions ne se prennent pas à la légère. Comme vous le voyez, dame Blanchard et mon bon Sir William sont auprès de moi. Qu’on aille quérir nos musiciens, et dansons un peu.
     
    Le lendemain, j’obtins la permission de rendre visite à ma fille. Je me promenai avec elle dans le jardin de Thamesbank, au milieu des roses,
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