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La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins
Autoren: Robert Merle
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rire :
    — Vous voilà médusé ! Mais tout se sait à la cour,
mon beau mignon ! Vous avez promis à Mademoiselle de Fonlebon de l’aller
voir en Périgord. Vous avez arrangé avec Monsieur de Castelnau de faire ce
voyage en sa compagnie. Est-ce que cela ne suffit pas pour qu’on vous dise dans
les ronds et les ruelles épris d’elle à la folie ? Sans compter que la
garcelette, à son partement, a dû parler de vous à la Reine, puisque la Reine
m’a demandé de vous amener chez elle.
    — Mais, dis-je éperdu, ne puis-je épouser Mademoiselle
de Fonlebon du vivant du Roi ?
    — Êtes-vous fol ? s’écria Madame de Guise en me
regardant à son tour avec de grands yeux. Voudriez-vous faire au Roi cette
mortelle écorne, vous qu’il appelle « son petit cousin » ?
Avez-vous oublié qu’il a fait à cette noble fille une cour à la soldate, et
voudriez-vous, une fois marié, qu’il vous traite comme le Prince de
Condé ?
    — Mais, dis-je, je ne veux pas épouser Mademoiselle
d’Aumale !
    — Vous ne l’avez jamais vue !
    — Et je ne veux pas changer de nom : Siorac est
assez bon pour moi.
    — Chansons ! Sornettes ! Fariboles ! On
ne change pas de nom en devenant duc ! On ajoute à son nom un titre. Le
père de votre nouvel ami, Castelnau, est Jacques Nompar de Caumont, Duc de La
Force et vous serez, vous, Pierre-Emmanuel de Siorac, Duc d’Aumale !
Est-ce rien, dites-moi, de se remparer derrière un beau titre de Duc quand on
est illégitime ? Qui osera, alors, vous faire la mine ?
    — Pour ceux qui me feront la mine, j’ai mon épée.
    — Vous ne la tirerez pas. Le Roi vient de faire un édit
contre les duels…
    — … que vos fils, Madame, ont déjà violé.
    — Preuve que je ne ferai jamais rien de ces insolents
muguets ! Quant à vous, Monsieur, vous me décevez. Je vous croyais plus
raisonnable.
    Comme elle semblait s’attrister sur ces mots, je lui pris
les mains et les baisai.
    — Je serai raisonnable, pour autant que je le peux,
Madame, pour vous plaire, mais vous me demandez d’épouser Mademoiselle d’Aumale
et vous me parlez, en même temps, d’épouser Mademoiselle de Fonlebon. Il y a de
quoi s’y perdre !
    — Et pouvez-vous savoir d’avance si vous n’allez pas
vous éprendre de Mademoiselle d’Aumale ? Vous n’avez que dix-huit ans et
déjà tant de filles et tant de femmes vous ont plu : votre sœur de lait
Frédérique, cette mijaurée de Saint-Hubert, Toinon, Louison, ma scélérate
Noémie et j’en passe. Quand on a le cœur aussi ouvert que le vôtre, mon
filleul, on ne peut guère se targuer de sa fidélité. Mais, ajouta-t-elle après
un silence, ne nous gourmons pas, de grâce, puisque tous ces beaux
raisonnements ne sont bâtis que sur des hypothèses. Baisez-moi là, sur la joue,
mon mignon. Faisons la paix et plus un mot ! De toute façon, cette
entrevue va être pour vous de la plus grande conséquence. Tenez-vous à carreau.
Aucune des femmes présentes, la Reine comprise, ne vous jettera le moindre coup
d’œil, mais toutes vous épieront.
    — Mais Madame, dis-je en jetant un œil par la portière,
nous ne sommes pas au Louvre, mais quasi à l’Arsenal… Irons-nous voir
Sully ? ajoutai-je en gaussant.
    — Vous ne le pourriez, dit-elle sur le même ton. Une de
ses blessures de guerre – il en a des tas, à ce qu’il dit – s’est
rouverte. Il en pâtit fort. On murmure même au Louvre qu’il a pris un
bain : jugez par là s’il est malade ! J’ai demandé à mon cocher de
nous promener dans Paris, désirant m’entretenir avec vous au bec à bec,
craignant l’indiscrétion de vos gens et en particulier de votre maudite
Mariette dont les oreilles traînent partout. On marcherait sus, si on n’y
prenait garde !
    Ma bonne marraine donnant des leçons de discrétion après ce
qu’elle avait dit à Franz à notre départir de notre logis du Champ Fleuri,
voilà qui était nouveau ! Mais bien qu’elle ne fût pas à une billevesée
près, bravant l’honnêteté en ses saillies sans même battre un cil, je me sentis
heureux de la voir revenue à sa pétulance coutumière, étant, quant à moi,
résigné à périr noblement d’ennui chez la Reine, comme elle me l’avait ordonné.
    Le grave entretien des dames sur des points d’étiquette de
grande conséquence pour l’entrée triomphale de la Reine dans Paris se déroulait
non point dans le petit cabinet de la Reine, mais dans la chambre de Sa
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