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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi
Autoren: Jean (d) Aillon
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m’a fait jurer de ne parler qu’à Sa Majesté, et sans témoin. Ce serait trop grave si ceux qui sont prêts à abandonner la Ligue étaient découverts.
    — Ils seraient prêts à ouvrir une porte? demanda le roi qui avait terminé la lecture de la lettre.
    — Oui, sire, la porte Saint-Jacques.
    Henri III jeta un coup d’œil vers Bellegarde avant de lui faire signe de s’écarter. Puis, il se dirigea vers l’embrasure d’une
     fenêtre en demandant au religieux de le suivre. Bien que M. de La Guesle lui ait nommé le jacobin, à aucun moment Henri III
     n’éprouva de doute ou de crainte et ne fit le rapprochement entre le moine et le capitaine Clément, cet homme de guerre dont
     Nicolas Poulain lui avait parlé à Blois.
    Clément suivit donc le roi, en silence et la tête baissée. Arrivé devant la croisée, il se prosterna et annonça à Henri avoir
     une seconde lettre. Le roi tendit la main pour la prendre tandis que le jacobin saisissait le couteau caché dans sa manche
     et lui en donnait un tel coup dans l’abdomen que le sang jaillit en grande quantité.
    Chancelant, Henri III parvint à arracher le fer de son ventre. Le couteau à la main, il en frappa l’assassin au front en criant :
    — Ah…. Malheureux, que t’ai-je donc fait, pour m’assassiner?
    Il ajouta en s’adressant à Bellegarde, pétrifié par la rapidité du crime.
    — Le méchant moine! II m’a tué! Qu’on le tue!
    En même temps, il tenait ses entrailles qui lui sortaient du ventre. Déjà La Guesle avait dégainé et frappé Clément à la face
     en hurlant pour appeler la garde.
    À ces cris, Larchant, Montpezat et quelques quarante-cinq accoururent. Découvrant l’effroyable scène, ils s’acharnèrent sur
     le corps du jacobin, tombé à genoux près du lit, et quand il ne fut plus qu’un tas de viande sanguinolent, ils le saisirent
     pour le jeter dans un cabinet sombre, bien que La Guesle leur eût crié de ne pas le tuer.
    Au tumulte, d’autres courtisans se précipitèrent. Voyant le roi ensanglanté, ses boyaux sortant d’une grande plaie, eux aussi
     se mirent à hurler et surtout à sangloter.

    Courant à perdre haleine dans la galerie, Richelieu, Olivier, Nicolas et Cubsac entendaient tout un vacarme de clameurs incompréhensibles
     quand un groupe d’archers se précipita vers eux pour les arrêter. Derrière les gardes, c’était une grande confusion. Des gentilshommes
     se ruaient vers l’antichambre qui précédait la chambre du roi. On hurlait, on criait, on pleurait. Reconnaissant le Grand
     prévôt, les archers s’écartèrent.
    Dans l’antichambre, gardes du corps, valets, pages et gentilshommes étaient en plein désarroi. Certains pleuraient, d’autres
     priaient à genoux. Beaucoup voulaient entrer dans la chambre mais les gardes du corps leur en défendaient l’entrée.
    — Que se passe-t-il? cria Richelieu d’une voix étranglée.
    — Le roi, messire, on vient d’attenter à sa vie! lança un homme.
    Le cœur d’Olivier se serra. Ils étaient arrivés trop tard. Ils entrèrent dans les appartements royaux. Une vingtaine de personnes
     se tenait dans la pièce. Le roi était allongé sur son lit, immobile, sa chemise pleine de sang et encoreplus pâle que d’habitude. Un chirurgien découpait les vêtements autour de la plaie béante, Olivier observa combien elle était
     mal placée, large et profonde, sous le nombril, du côté droit. Des morceaux d’intestin sortaient.
    Nicolas Poulain s’approcha, s’agenouilla et baisa la main d’Henri III en sanglotant :
    — Nous arrivons de Paris, sire. Nous venions vous prévenir… Nous avions trouvé le capitaine Clément, mais sommes arrivés trop tard…
    Submergé par l’émotion, il ne put terminer sa phrase.
    — Mon cousin, ne vous fâchez point. Ces méchants m’ont voulu tuer, mais Dieu m’a préservé de leur malice. Ceci ne sera rien.
    D’autres gentilshommes, à l’instant prévenus, entrèrent à leur tour et Nicolas Poulain s’écarta. L’un d’eux était le marquis
     d’O qui le salua, les larmes aux yeux. Derrière arrivèrent le duc d’Angoulême et M. d’Épernon qui affichait un visage impénétrable.
    Tandis qu’ils s’approchaient du roi, Poulain et Richelieu demandèrent sévèrement à Montpezat comment l’assassin était entré.
    — Le roi l’attendait! répondit le jeune homme, désespéré. C’était un moine venu avec le Procureur général. Sa Majesté nous a interdit
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