Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
tête, il s’était trouvé
nez à nez avec un homme vêtu comme un prêtre vagant, si ce n’est qu’il portait
un masque en plus de son capuchon. Dès qu’il avait pris la parole, Deverell
avait reconnu la voix qu’il avait ouïe cinq ans auparavant. Mais qu’aurait-il
pu faire ? Comment aurait-il pu protester ?
    — Avez-vous entendu ce qu’on dit ? s’enquit
le charpentier pour tenter de briser le silence menaçant. Cette fouine...
    — Je m’occuperai d’elle, répondit la voix
rauque. C’est une folle, la cervelle pleine de chimères. Personne ne la croira.
    — Elle a posé les questions mêmes que
posera l’officier.
    — Et vous ferez les mêmes réponses.
    — Comment êtes-vous entré céans ?
    Le charpentier fit mine de se lever.
    — À votre place, je ne m’approcherais
point, conseilla la voix. Je voulais juste vous prouver que vous devez être
fort prudent, Maître Deverell. Je suis passé par-dessus votre clôture. Ce n’est
ni très dangereux ni très périlleux. Votre épouse est au marché et vous êtes
toujours seul.
    — J’ai fait ce que vous m’avez demandé,
haleta l’artisan.
    — Et vous recommencerez, lui fut-il
reparti. Cette nuit-là, vous avez aperçu Sir Roger qui se pressait dans Gully
Lane. Vous avez juré et témoigné. Que pouvez-vous ajouter ?
    — Mais, mais, Molkyn, Thorkle... bégaya
Deverell. Ils sont morts.
    — Oui, ils sont morts. Peut-être n’ont-ils
pas tenu parole, Messire. Mais peu m’en chaut ! Je suis venu vous
remémorer l’accord que nous avons conclu il y a quelques années.
    — J’ai rempli ma part du contrat, protesta
le charpentier.
    — Et moi la mienne, lui fut-il répondu avec
rudesse. Je ne vous harcèlerai plus. Je veux simplement vous rappeler ce que je
sais et ce que je peux faire. Si le clerc vient  – et il viendra  –, débitez
votre histoire sans faillir, comme un moine récite ses psaumes.
    Deverell se sentit la gorge sèche.
    — Vous possédez un bon commerce, railla la
voix. On admire votre travail et votre épouse est chaude et a de l’appétit dans
votre grand lit, n’est-ce pas ? Et que pensent de vous les bons bourgeois
de Melford ? Que vous êtes un maître dans votre art ! Peut-être vous
éliront-ils un jour à l’échevinage ou vous permettront-ils de porter l’une de
leurs ridicules bannières dans leurs processions. Ce n’est pas cher payé.
    — Je le ferai, accepta Deverell.
    — Bien ! Allons, allons, qui peut se
souvenir où vous étiez un certain soir, il y a cinq ans ? C’est l’avantage
d’un homme dans votre genre, Deverell ! Vous gardez vos distances, bien
loin de la grand-salle de La Toison d’or. Vous
pourriez être de l’autre côté de la lune sans que quiconque s’en aperçoive !
    L’ire s’empara du charpentier.
    — Comment savez-vous cela à mon sujet ?
    — Oh, c’est évident, Messire, d’après votre
démarche, votre discours. Vous êtes un homme réservé. Vous avez bien des choses
à cacher.
    — Qui êtes-vous ? gronda Deverell.
    Il s’apprêtait à se lever mais le soi-disant
prêtre recula et laissa retomber ses mains le long de son corps. Deverell
entrevit un long poignard.
    — Ne vous mettez point en colère, l’avertit
son visiteur. Ce serait inutile, mon frère. Le silence est votre meilleure
protection. Bon, j’ai donc votre parole là-dessus ? La même histoire qu’auparavant ?
    — Vous avez ma parole.
    — Parfait.
    Le pseudo-prêtre désigna l’huis.
    — Allez tirer les verrous et je disparaîtrai.
    Son interlocuteur obéit. Il ouvrit la porte à la
volée et regagna son atelier.
    — Retournez chez vous, puis revenez
verrouiller derrière moi.
    Deverell obtempéra. Il entra dans une petite
resserre accotée à la cuisine. Après avoir entendu la porte grincer il revint.
L’atelier et la cour étaient vides. Il se précipita vers l’huis et sortit dans
la ruelle. Il y avait foule. Il la fouilla du regard mais ne vit nul prêtre ni,
Dieu merci, Sorrel.
    Il regagna la cour. Après avoir verrouillé l’huis
il s’y adossa. Son corps était moite de sueur et il s’aperçut qu’il ne pouvait
maîtriser le tremblement de ses jambes. Il se laissa glisser sur les pavés,
bras croisés, en tentant de contrôler sa terreur et ferma les yeux. Tout ce qu’il
pouvait voir, c’était Sir Roger Chapeleys debout dans le tombereau des
exécutions ; on le conduisait par un chemin cahoteux de l’église au
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher