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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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compagnies d’électricité
du Levante, cherchent à pénétrer dans la métallurgie.
    La guerre de 1914-18, en lui offrant des débouchés, avait
apporté à l’Espagne une relative prospérité. D’un seul coup, elle s’était
trouvée promue au rang de fournisseur de produits alimentaires et même, dans
une certaine mesure, de produits fabriqués. Mais le retour de la paix l’exclut
du marché mondial où elle est incapable de soutenir la concurrence des
puissances industrielles. La crise mondiale l’atteint durement en 1929 ;
les barrières douanières élevées par les grandes puissances barrent la route de
l’exportation aux produits de son agriculture et provoquent l’effondrement d’un
marché intérieur déjà à peine capable d’absorber les produits de l’industrie
nationale : plus encore peut-être que les pays avancés, les pays à structure
semi-coloniale, comme l’Espagne, sont atteints par la crise des années 30 et
ses conséquences sociales [7] .
Structure de la société espagnole
    L’extrême différenciation sociale accentue en effet les
moindres contrecoups économiques, raidit un organisme aux possibilités d’adaptation
déjà réduites. On peut, avec Henri Rabasseire [8] estimer que, sur onze millions d’Espagnols qui constituent la population active
du pays, il y a huit millions de « pauvres » dont le travail assure
tout juste la subsistance : un million de petits artisans, deux à trois
millions d’ouvriers agricoles, deux à trois millions d’ouvriers d’industrie et
de mineurs, deux millions de métayers ou tout petits propriétaires ruraux.
Entre cette masse et le million de privilégiés que Rabasseire appelle les
« parasites » – fonctionnaires, prêtres, militaires, intellectuels,
grands propriétaires ruraux et grands bourgeois – s’intercalent moins de deux
millions d’hommes des « classes moyennes » pour moitié paysans aisés,
pour moitié petits bourgeois groupés dans les centres les plus évolués :
Barcelone, Valence, Bilbao, Santander...
    Aucune expansion n’est possible tant que ces huit millions
de « travailleurs pauvres » n’ont d’autre possibilité que d’assurer
péniblement leur subsistance dans des conditions de vie uniformes, avec une
consommation réduite au strict minimum, un budget essentiellement consacré à la
nourriture. Le développement des forces de production dans le cadre du
capitalisme est fermé à l’extérieur par les barrières douanières ou la
concurrence des grandes puissances qui lui interdisent l’ouverture des marchés.
A l’intérieur, la création d’une paysannerie solide et prospère permettrait la
création d’un marché intérieur. Mais elle exige préalablement le règlement du
problème n°1 de l’Espagne, celui de la terre. C’est dans les campagnes que s’accusent
le plus fortement les oppositions sociales, que s’alimentent les haines
séculaires.
La question agraire
    En 1931, deux millions de travailleurs agricoles n’ont pas
de terre, tandis que 50 000 hobereaux possèdent la moitié du sol de l’Espagne.
Tandis qu’un million et demi de petits propriétaires dont les terres ne
dépassent pas un hectare de superficie sont obligés pour vivre de travailler
sur les terres des grands, 10 000 propriétaires ont plus de 100 hectares... Dans certaines provinces, la domination des « grands » est totale : 5 % des
propriétaires détiennent dans la province de Séville des terres qui
représentent 72 % de la valeur totale de celles de la province ; dans celle de
Badajoz, 2,75 % des propriétaires possèdent 60 % de la superficie. On cite
couramment le duc de Medinaceli qui possède 79 000 hectares, le duc de Peñaranda qui en a plus de 51 000...
    Pourtant le tableau de la condition des terres et des
paysans est infiniment plus varié que ne pourraient le faire croire ces
chiffres brutaux. Les systèmes agraires varient en effet avec les conditions
naturelles, notamment le degré de sécheresse. Ces formes diverses résultent
aussi des luttes séculaires des paysans pour la terre. Entre le travailleur
intermittent et le petit propriétaire indépendant, il y à toute une gamme de
fermiers, de métayers, aux baux de plus ou moins longue durée, de petits
propriétaires astreints à payer des redevances venues directement du régime
féodal médiéval. Aussi peut-on, avec M. Gerald Brenan [9] , distinguer deux
problèmes agraires essentiels, celui des petites tenures du Nord et du
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