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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur
Autoren: Jean Markale
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long
poème épique, le Gododin, attribué au barde
Aneurin, contenu dans un manuscrit du XI e siècle, mais qui, par ses
archaïsmes, doit remonter à un original du VI e siècle : là, il
y est seulement question d’un Arthur redoutable chef de guerre. Il faut
attendre les Annales de Cambrie , du X e siècle, pour avoir quelques détails sur la victoire d’Arthur au Mont-Badon en
516 et le drame de la bataille de Camlann en 537, où Arthur et Medrawt
(Mordret) s’entre-tuèrent. Là encore, Arthur n’est considéré que sous son
aspect guerrier. Mais toujours au X e siècle, dans une chronique en
latin, l’Historia Brittonum , attribuée à un
certain Nennius, le personnage se charge d’éléments mythologiques et ses
exploits relèvent déjà du merveilleux. En fait, le premier récit proprement
littéraire qui concerne le personnage est une œuvre galloise, Kulhwch et Olwen , contenue dans un manuscrit du XII e  siècle,
mais qui est la transcription d’un original du IX e  siècle,
peut-être même du VII e  siècle : Arthur y apparaît comme un
roi qui accomplit des prouesses guerrières, qui vit dans une forteresse de type
celtique, qui s’entoure de compagnons qui ne sont certes pas des chevaliers
courtois mais de rudes combattants doués de pouvoirs nettement magiques, à
travers des aventures qui plongent au plus profond de la mythologie celtique.
Cette œuvre étonnante et d’une sombre beauté semble la première tentative de
synthèse de toutes les traditions orales qui circulaient, pendant le haut Moyen
Âge, dans la péninsule de Cornwall, le Pays de Galles, le Cumberland et la
région de Glasgow, territoires demeurés bretons ou tardivement conquis par les
Saxons. Et il s’agit d’un texte fondamental pour la compréhension de la légende
arthurienne.
    C’est cependant au XII e  siècle que cette
tradition arthurienne fait irruption dans l’Europe continentale : elle
n’en sortira plus désormais, malgré quelques siècles d’oubli ou d’indifférence.
Chronologiquement, la première manifestation semble en avoir été les sculptures
de l’archivolte de la cathédrale de Modène en Italie, qui date des alentours
immédiats de l’an 1100 : il s’agit d’un véritable récit en images (avec le
nom des personnages) sur l’enlèvement de la femme d’Arthur par un mystérieux
roi de l’Autre Monde, puis de sa délivrance ; une bande dessinée en
quelque sorte où l’on reconnaît le schéma exact du roman de Chrétien de Troyes, le Chevalier de la Charrette . Et ce monument
se trouve en Italie du Nord, preuve que la légende était déjà largement
répandue. D’ailleurs, les allusions aux personnages arthuriens sont nombreuses
dans la poésie des troubadours occitans, lesquels ont de toute évidence connu
la légende bien avant les trouvères de langue d’oïl.
    Enfin vint Geoffroy de Monmouth. Ce clerc gallois, familier
du monastère de Glastonbury et plus ou moins inféodé à la famille des
Plantagenêts, écrivit vers l’année 1135 deux œuvres capitales en langue latine,
la Vita   Merlini (vie de Merlin) et l’Historia Regum Britanniae (Histoire des Rois de Bretagne), dans lesquelles il transcrivait, de façon
savante, intellectuelle, un ensemble de légendes parvenues jusqu’à lui par voie
orale ou à travers d’anciens manuscrits aujourd’hui perdus. Le second de ces
textes fut aussitôt traduit en gallois sous le titre de Brut y Breninhedd (Brut des Rois) et adapté en
français, en 1155, par le clerc anglo-normand Robert Wace sous le titre de Roman de Brut , Brut étant la forme abrégée de
Brutus, descendant d’Énée et ancêtre mythique des Bretons (à cause d’une vague
homophonie et pour imiter la fondation de Rome par les Troyens). Ce fut là le
point de départ de cette fantastique éclosion de la littérature arthurienne,
sous les regards bienveillants de la dynastie Plantagenêt, et pour la plus
grande gloire de Henry II qui cherchait à légitimer son pouvoir en se
prétendant l’héritier du roi Arthur.
    Ainsi naquirent des œuvres devenues désormais classiques.
Vers 1160, ce fut Érec et Énide , du juif
converti champenois Chrétien de Troyes, habitué de la Cour d’Aliénor
d’Aquitaine à Poitiers, qui intégra une légende nettement armoricaine à
l’ensemble arthurien. Entre 1165 et 1170, ce furent les deux Tristan anglo-normands de Béroul et Thomas, immédiatement
adaptés en allemand par Eilhart d’Oberg et Gottfried de
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