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La naissance du roi Arthur

La naissance du roi Arthur

Titel: La naissance du roi Arthur
Autoren: Jean Markale
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Antor. Arthur,
remets-la en place, et vous deux, suivez-moi ! »
    Ils retournèrent vers la ville. Il n’était plus question
d’aller se battre pour remettre de l’ordre dans la cohue des valets qui
continuaient à se frapper mutuellement à la grande joie d’une foule qui
applaudissait. Antor demanda à Arthur de le suivre, et, lorsqu’ils furent à
l’écart, il s’agenouilla devant lui. « Qu’est-ce à dire ? s’écria
Arthur. Pourquoi fléchis-tu le genou devant moi, mon père ? C’est moi qui
te dois le respect et l’obéissance ! » – « Hélas ! répondit
Antor, tu te trompes, Arthur ! C’est moi qui te dois obéissance, car tu es
mon roi, je le sais. » – « Comment cela ? reprit Arthur. Est-ce
parce que j’ai retiré l’épée du perron que cela change le fait que je sois ton
fils ? »
    « Cela ne change rien en apparence, dit Antor, mais il
faut que je te dise quelque chose, Arthur : s’il est vrai que je t’ai élevé
et que je t’ai aimé comme mon fils, au même titre que Kaï, il n’en est pas
moins vrai que tu n’es pas mon fils par la chair, bien que cela ne change rien
à mes sentiments envers toi ! » – « Comment cela, mon père, dit
Arthur, je ne comprends rien à ce que tu me dis ! » Antor prit les
mains d’Arthur et les pressa avec émotion. « Arthur, dit-il, une nuit, il
y a déjà maintenant très longtemps, un homme dont je ne connais pas le nom m’a
demandé si je voulais me charger d’un enfant abandonné et m’a fait jurer de
l’élever et de l’aimer comme mon propre fils. Et il a fait jurer la même chose
à ta mère, je puis ainsi la nommer, puisque c’est elle qui t’a nourri de son
lait. Une nuit, cet homme t’a apporté, enveloppé de langes précieux. Tu venais
de naître, et tu n’avais pas encore ouvert les yeux. Et depuis, tu es mon
fils… »
    Arthur se mit à pleurer. « Mon père, dit-il, si tu
refuses d’être mon père, qui serai-je donc ? » – « Tu as
nécessairement un père et une mère », répondit Antor. – « Mais qui
sont-ils ? » demanda Arthur. Antor se mit à pleurer à son tour.
« L’homme qui t’a apporté m’a fait jurer de ne jamais chercher à le
savoir. Je ne le sais donc pas, mais Dieu m’est témoin que mon épouse et moi,
nous t’avons aimé tendrement comme si tu étais notre enfant par la
chair. » Arthur obligea Antor à se relever, et il lui dit :
« Quoi qu’il puisse advenir, tu seras toujours mon père par le cœur. Mais
je voudrais bien savoir ce que signifie cette épée, et pourquoi je suis le seul
à pouvoir la retirer du perron. » – « C’est parce que tu es le
roi ! s’écria Antor. Écoute-moi, Arthur : quoi qu’il arrive, je
t’aimerai toujours comme mon fils, mais je te demande une chose, n’oublie
jamais Kaï et garde-le auprès de toi, même s’il te dérange par son impatience
et sa témérité. Si tu veux manifester ta reconnaissance envers moi, je te prie
d’être toujours le frère de Kaï, quels que soient ses défauts. Ce sera ma
consolation de le savoir ! » Arthur était très ému. « Mon père,
dit-il, je te le jure, Kaï sera toujours mon frère et ne me quittera
jamais ! »
    Antor alla trouver l’archevêque qui se reposait dans la
forteresse. Il lui expliqua que son plus jeune fils n’était pas encore
chevalier mais qu’il manifestait tant de vaillance et de générosité qu’on
pouvait lui laisser tenter l’épreuve avant tous les hommes du peuple. Il sut si
bien plaider la cause d’Arthur que l’archevêque lui promit qu’il serait le
premier admis à monter sur le tertre, lors du rassemblement qui aurait lieu
après les vêpres. Et Antor, le cœur gros mais plein d’allégresse, retourna
auprès de Kaï et d’Arthur.
    Vers la fin de la journée, la foule se rassembla de nouveau
autour du tertre. Les rois et les grands barons étaient là, la mine renfrognée,
espérant confusément que personne ne réussirait l’épreuve et que, bientôt, ils
feraient valoir leurs droits sur la couronne de Bretagne. Et lorsque, sur
l’ordre de l’archevêque, le jeune Arthur se fut avancé, eut saisi l’épée à deux
mains, l’eut retirée sans effort du perron où elle était enserrée et l’eut
brandie au-dessus de sa tête, ils firent tous une épouvantable grimace,
songeant avec amertume qu’un jeune homme de dix-sept ans, qui n’était même pas
encore chevalier, les supplantait, eux, les rois de la guerre qui
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