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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue
Autoren: Jean-Pierre Charland
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l’encyclopédie en ligne Wikipédia . Elle réveille en nous un souvenir récent, n’est-ce pas? Celui de la grippe aviaire qui a touché le monde il y a quatre ans.
    Cette fameuse grippe, erronément qualifiée d’espagnole, serait apparue dès 1917 en Asie, pour toucher les États-Unis à la toute fin de l’été de 1918, et l’Europe peu avant, ou peu après, car les études sur le sujet se contredisent. Comme l’Espagne n’était pas engagée dans la Première Guerre mondiale, aucune loi de censure ne s’appliquait dans cette contrée. En conséquence, ce fut le premier pays à publier des informations sur l’épidémie. De ce fait, l’habitude s’établit très vite de parler de la grippe espagnole.
    Dans les journaux du Québec, on trouve une première allusion à la maladie le 16 septembre 1918, pour décrire la situation à Boston. L’infection dans cette ville tiendrait à l’arrivée d’un bataillon de soldats rapatriés récemment de Chine. Victoriaville est touchée peu après, ensuite le camp militaire de Saint-Jean, puis la ville de Sherbrooke.
    Bientôt, toute la province s’émeut : cette grippe est particulièrement contagieuse. Quinze jours suffisent pour qu’elle s’étende à l’ensemble du continent américain. En octobre, 30 % à 40 % de la population totale paraît atteinte et le taux de mortalité atteint 5 % des malades. Les chiffres sont à peu près semblables pour l’Europe de l’Ouest. Une grande majorité des grippés se remet très vite : après cinq jours, le pire est passé. Toutefois, l’issue fatale se révèle environ 30 fois plus fréquente que dans le cas d’une grippe ordinaire. En outre, la mortalité frappe le plus souvent les personnes dans la force de l’âge (de 20 à 40 ans), plutôt que les nourrissons et les personnes âgées, comme il arrive habituellement.
    Dans le monde, la moitié de la population aurait été atteinte par l’une ou l’autre des trois vagues de la grippe (en Chine, peut-être aussi tôt que dès 1917; ailleurs, de septembre à décembre 1918, puis de février à mai 1919). Les estimations des pertes de vies les plus prudentes évoquent 20 millions de victimes, les plus apocalyptiques, 100. Le premier estimé représente plus de 1 % de l’humanité, le second, plus de 5 %. Au Québec, pour une population d’un peu plus de deux millions d’individus, La Patrie évoque, le 30 novembre 1918, 476 535 personnes atteintes et 13 100 décès. À cette date, la première vague était passée, la seconde vint quelques mois plus tard, entraînant un nouveau lot de décès. Comme les statistiques ont commencé à être compilées en octobre et que la maladie revint l’année suivante, le bilan humain se révéla plus cruel encore. La province a été touchée aussi durement que les autres contrées occidentales.
    Les autorités de la Ville de Québec ont-elles été si lentes à prendre les précautions habituelles face à la contagion? Oui, et un journal comme le Quebec Chronicle en témoigne éloquemment. Toutefois, ce n’est pas le docteur Hamelin, un personnage fictif, qui plaida devant le médecin hygiéniste, le Comité d’hygiène et le conseil municipal pour obtenir des mesures de prudence. Ce fut un autre praticien, William Jolicœur, qui utilisa sans succès les pages du Soleil pour alerter ses concitoyens, puis, faute de résultats, le Quebec Chronicle . Bien que je reprenne les péripéties de cette querelle de façon fidèle, j’ai parfois modifié légèrement l’ordre des événements afin de servir la trame dramatique et d’éliminer des faits répétitifs.
    Ã‰videmment, en romancier prudent, je n’ai pas inventé le décès du fils du maire Lavigueur, le jeune père d’une petite fille âgée de quelques mois. Les journaux du temps nous offrent une description poignante de ses funérailles. Cela se passa peu de temps après la présentation de Faust à l’Auditorium de Québec, par la compagnie San Carlo. Donnons encore une précision : on doit à cette dernière le premier opéra filmé de
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