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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan
Autoren: Ernest Capendu
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rapidement le long des haies et des ravins sur les ailes de l’ennemi et les dépasser. Alors, se cachant derrière les plus légers obstacles, ne tirant qu’à petite portée, et, grâce à leur adresse, abattant un homme à chaque coup, ils devenaient pour les troupes républicaines des assaillants aussi dangereux qu’invisibles. Souvent une colonne se voyait décimée sans qu’il lui fût permis de combattre l’ennemi qui l’accablait.
    Quinze ans plus tard, les soldats de l’empire retrouvaient dans la Catalogne un pendant à cette guerre d’extermination. Les guérilleros avaient plus d’un point de ressemblance avec les Vendéens.
    La seconde classe de l’armée royaliste était celle formée par les paysans les plus déterminés et les plus exercés, militairement parlant, au maniement du fusil. C’était la cohorte des braves, le bataillon sacré toujours en avant, toujours le premier dans l’attaque et le dernier dans la retraite. Tandis que la majorité d’entre eux se dressait en muraille inébranlable en face de l’armée républicaine, une partie soutenait les tirailleurs, et tous attaquaient sur la ligne l’ennemi ; mais seulement lorsque les ailes commençaient à plier.
    Une compagnie de ce bataillon portait le nom terrible et symbolique de « le Vengeur ». Rendus promptement illustres par leurs exploits, les héros du bataillon sacré ne marchaient que précédés de l’effroi qui mettait les bleus en fuite sur leur sanglant passage. Le Vengeur devait tomber anéanti, semblable au vaisseau son homonyme, sans laisser debout un seul de ses hommes. C’était à Cholet que devait s’élever son tombeau.
    La troisième classe, composée du reste des paysans, la plupart mal armés, s’établissait en une masse confuse autour des canons et des caissons. La cavalerie, formée des hommes les plus intelligents et les plus audacieux, servait à la découverte de l’ennemi, à l’ouverture de la bataille, à la poursuite des vaincus et des fuyards, et surtout à la garde du pays après la dispersion des soldats.
    Quand les combattants se trouvaient réunis pour une expédition au lieu qui leur avait été désigné, avant d’attaquer les bleus ou d’essuyer leur charge, la troupe entière s’agenouillait dévotement, chantait un cantique, et recevait l’absolution du prêtre qui, après avoir béni les armes, se mêlait souvent dans les rangs pour assister les blessés ou exciter les timides en leur montrant le crucifix.
    La manière de combattre des Vendéens ne variait jamais. Pendant que l’avant-garde se portait intrépidement sur le front de l’ennemi, tout le corps d’armée enveloppait les républicains, et se dispersait à droite et à gauche au commandement de : « Égaillez-vous, les gars ! » Ce cercle invisible se resserrait alors en tiraillant à travers les haies, et, si les bleus ne parvenaient point à se dégager, ils périssaient tous dans quelque carrefour ou dans quelque chemin creux.
    Arrivés en face des canons dirigés contre eux, les plus intrépides Vendéens s’élançaient en faisant le plongeon à chaque décharge. « Ventre à terre, les gars ! » criaient les chefs. Et se relevant avec la rapidité de la foudre, ils bondissaient sur les pièces dont ils s’emparaient en exterminant les canonniers.
    Au premier pas des républicains en arrière, un cri sauvage des paysans annonçait leur déroute. Ce cri trouvait à l’instant, de proche en proche, mille échos effroyables, et tous, sortant comme une véritable fourmilière des broussailles, des genêts, des coteaux et des ravins, de la forêt et de la plaine, des marais et des champs de bruyère, se ruaient avec acharnement à la poursuite et au carnage.
    On comprend quel était l’avantage des indigènes dans ce labyrinthe fourré du Bocage, dont eux seuls connaissaient les mille détours. Vaincus, ils évitaient de même la poursuite des vainqueurs ; aussi en pareil cas, les chefs avaient-ils toutes les peines du monde à rallier leurs soldats. Au reste, il ne fallait pas que la durée des expéditions dépassât une semaine. Ce terme expiré, quel que fût le dénouement, le paysan retournait à son champ, embrasser sa femme et prendre une chemise blanche , quitte à revenir quelques jours après, avec une religieuse exactitude, au premier appel de ses chefs. Le respect de ces habitudes était une des conditions du succès : on en eut la preuve, lorsque, le cercle des opérations
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