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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918
Autoren: Olivier Lepick
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punir l’Angleterre
et de mettre la France désormais seule à genoux, le commandement allemand
déclenche un processus qu’il ne maîtrise plus.
    Les gaz ont fini par mettre hors de combat sans tuer ;
en usant psychologiquement les combattants, et à partir d’août 1918, ceux
qui sont devenus les plus fragiles, les Allemands, ils ont peut-être hâté l’armistice
et écarté chez les Alliés la tentation forte de parvenir à un ko complet de l’adversaire,
en déclenchant à partir du 14 novembre la fameuse percée du front
en Lorraine minutieusement préparée. Attaque dont rêve le maréchal Ferdinand
Foch et qui aurait assez vraisemblablement assuré la victoire du communisme
dans une Allemagne qui l’a évitée d’extrême justesse et qui a été profondément
marquée par le spectre des dictatures bolcheviques… de Munich notamment. Il est
paradoxal, j’en conviens, comme je viens de le faire me départissant
dangereusement de la grande prudence d’Olivier Lepick, de porter au bénéfice de
cette arme horrible un nombre hypothétique de vies épargnées.
    La guerre des gaz fut une guerre psychologique et c’est,
en ce sens, que caméléon… elle a continué son œuvre de sape très au-delà de l’armistice.
En dépit de la rapide parade protectrice des Anglais et plus offensive qu’effectivement
protectrice des Français, les Allemands ont conservé jusqu’au bout l’avantage
de la puissance industrielle et de l’antériorité du recours criminel.
    La guerre des gaz – in fine, autant de coups
portés dans les derniers mois que dans les trois ans qui précèdent – a été
la guerre des lendemains, celle qui se grave dans la mémoire, parce qu’elle
invalide, plus qu’elle ne tue, elle laisse proportionnellement plus de témoins,
et de témoins amers d’une souffrance ineffaçable sans gloire et sans panache.
Et qu’elle ouvre, je m’en porte témoin, la voie à l’imagination la plus folle.
    Beaucoup croient, après 1918, à la fatalité de la
prochaine guerre – tôt personne ne croit plus à la « der des ders » –
et tous pensent que si elle advient, elle sera la guerre des gaz, voire
bactériologique (les armes perfides)… mais personne ne prévoit l’arme atomique
parce qu’elle est dans l’état de la connaissance diffusée longtemps
inimaginable.
    Le pacifisme produit d’une manipulation, toujours
asymétrique, dans le camp qui sera agressé est l’arme psychologique suprême de
l’agresseur.
    Les dictatures, les plus sanglantes de l’histoire, les
dictatures communistes ont été habiles à disqualifier, dans le camp qu’elles
voulaient réduire à merci, l’arme qui a rendu la guerre impossible (Appel de
Stockholm), comme elles ont travaillé à affaiblir les démocraties, au profit de
l’allié, de facto, avant de l’être de jure, l’allié nazi. Je
devine en pointillé un magnifique tome II qu’Olivier Lepick esquisse de l’arme
infaillible, de la guerre des mondes et des apocalypses de pacotille qui
contribuent, en obscurcissant les capacités de raisonnement, à préparer le
rebondissement à partir de la paix gâchée, de la deuxième conflagration
mondiale.
    L’atout majeur de l’échec de la paix a été la fausse paix
de vengeance de 1919-1920, que le déclenchement des deux guerres chimiques des
vagues rampantes et des bombardements à l’ypérite, les traces tangibles
persistantes des engagements bafoués de la neutralité belge violée et des Lusitania coulés ont contribué chez les vainqueurs à l’oubli du devoir de la
réconciliation, donc du pardon réciproque, que les princes chrétiens vainqueurs
du traité négocié de Vienne (1815) avaient eu l’intelligence de respecter.
    À l’heure des comptes des séquelles indirectes des grands
massacres longtemps partiellement occultés des deux frères jumeaux issus de la
sotte querelle, le regard lucide d’Olivier Lepick sur la grande guerre chimique
est une chance à saisir. La meilleure thérapie réside dans le dévoilement de la
vérité.
    Pierre Chaunu,
de l’Institut.

Remerciements
    Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un doctorat d’histoire
et politiques internationales au sein de l’Institut universitaire des hautes
études internationales de Genève. Je tiens, au terme de ces lignes à remercier
les quelques personnes qui ont bien voulu m’apporter une aide toujours
précieuse au cours de la rédaction de cet ouvrage. Cette thèse de doctorat
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