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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918
Autoren: Olivier Lepick
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haut-commandement allemand – sur le plan
technique, de loin, le meilleur, puisque avec un niveau moindre de pertes, il
parvient à relever longtemps le défi de la guerre sur deux fronts – n’en
est pas moins le champion de l’erreur cumulée…, parce qu’il assume trop, sans
le contrepoids d’un vrai pouvoir civil et d’une diplomatie autonome.
    Erreur du brouillard mortel de Langemarck du 22 avril 1915,
gâché comme le test grandeur nature du produit sans préparation tactique
suffisante ; cette décision compréhensible, mais politiquement dangereuse,
manque son but, mais par ricochet en atteint un autre. Par le choix du secteur
des Flandres, au printemps 1915, Falkenhayn, qui a succédé à von Moltke
bis, reste dans la ligne du Plan Schlieffen, comme s’il avait voulu
rétrospectivement donner raison à son illustre prédécesseur, tout en punissant
l’Angleterre, ce faux-frère de sang, d’avoir fait mentir l’image dont on l’avait
affublée, l’amener à renoncer, puisque pour elle l’enjeu est moindre que pour
la France, qui, après les pertes déjà subies (plus d’un demi-million dès mars/avril 1915)
et compte tenu de son vieillissement, de sa natalité effondrée, joue sa survie.
    Techniquement, c’est un demi-succès, psychologiquement
une catastrophe. Les Neutres observent et jugent. L’empereur Guillaume
décidément n’est pas un gentilhomme. Quant au mépris de la Signature, de la
Parole échangée, le dernier Hohenzollern annonce, de très loin, certes, Hitler.
La rancune anglaise sera féroce.
    Ajoutez pour comble, le déclenchement de la guerre
sous-marine totale, beaucoup plus mortelle que les gaz. Le sous-marin frappe l’Angleterre
au point sensible et indirectement. Ce qui est encore plus dangereux l’Amérique.
    Comme Gerd Krumeich [3] l’a bien
montré, l’Allemagne s’est systématiquement trompée d’adversaire…, hantée par l’idée
fixe de garder l’adversaire principal pour la fin.
    Elle a choisi la France en 1914… déclenchant l’intervention
anglaise immédiate, en voulant punir l’Angleterre avant d’en finir avec la
France, elle a braqué les neutres, entraîné l’estocade de la tardive
intervention américaine.
    C’est l’ensemble de ces erreurs qui enclenche à son tour
sans la justifier l’erreur des vainqueurs.
    Le Diktak se forge dans cette série de viols
inutiles et puérils. Ceci dit, avec un peu de recul, quoi de surprenant ?
Dans un tel conflit, chaque belligérant joue son atout maître. L’industrie
chimique [4] allemande est, de loin, alors, la première du monde, et de loin, sans égale. De
même que l’Angleterre tire par le blocus même des neutres… le maximum de profit
de sa supériorité navale. La disette, à deux doigts de la famine, atteint la
population civile des pays de la Duplice, et le blocus sera férocement maintenu,
la famine et ses victimes ayant été utilisées comme moyen de pression sur les
vaincus de novembre 1918 à la mi-1919, au moins.
    Les Alliés répondent avec une rapidité, en France
surtout, qui surprend, cependant la supériorité chimique des Allemands, paradoxalement
sur l’Angleterre plus que sur la France, est maintenue, tandis que la marge se
réduit. Et que la guerre chimique devient l’arme, non, il s’en faut de
beaucoup, la plus mortelle, mais la plus cruelle, celle qui achève de faire de
cette guerre « avant tout un océan de souffrances humaines » (p. 239).
Les gaz ont eu une faible efficacité militaire, sauf sur un point, les tirs de
contre-batterie. Et nous renforçons le paradoxe déjà évoqué. Même en 1918, c’est
la mitraille et l’artillerie qui tuent, de loin le plus et à moindre coût. Or
en étouffant les tirs conventionnels ou asphyxiants d’un nombre très élevé de
batteries, simplement en obligeant les servants à les abandonner momentanément,
les gaz contribuent à réduire d’une manière appréciable le niveau global des
pertes humaines. Je suggère d’aller bien plus loin encore. Dans le cas d e figur e concevable de la totalité du potentiel industriel et
technologique disponible mobilisé à augmenter la puissance de feu
conventionnel, vous auriez obtenu un volume de pertes chez l’adversaire
incommensurablement supérieur.
    Chacun, bien sûr, répond au gaz par les gaz… mais en
ouvrant la boîte de Pandore à Langemark, avec l’illusion de prendre Calais et
de couper le cordon ombilical du corps expéditionnaire anglais, de
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