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La grande déesse

La grande déesse

Titel: La grande déesse
Autoren: Jean Markale
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toute sa liberté, chose tout à fait surprenante. En somme, elle donne l’impression d’être une femme libre, disponible et s’assumant pleinement . Et ces caractéristiques sont celles que toutes les traditions de l’Antiquité attribuent à la notion de virginité  : la vierge est en effet une femme qui ne dépend pas d’un homme . Il n’est pas question de virginité physique mais d’état de conscience. D’ailleurs, le mot français « vierge » provient du latin virgo dont la racine indo-européenne werg (qui a donné également le latin vir , « mâle », le latin virtus , « courage », le gaélique fer , « mâle », et bien d’autres termes) exprime nettement une idée de force et de puissance reconnaissable dans le grec ergon , « force », et même dans le français « orgie », dans le sens de cérémonie religieuse rituelle destinée à s’imprégner de la puissance divine. La vierge est nécessairement forte et, comme elle est libre , elle est disponible à tous : c’est la Mère innombrable. Même si les détails évangéliques sont restreints, et probablement volontairement tronqués, à son sujet, il faut bien reconnaître que Myriam-Marie possède toutes les caractéristiques de la vierge traditionnelle.

Quant au nom que porte la mère de Jésus, il est évidemment symbolique. Il a peut-être été donné après coup par les évangélistes, ou choisi intentionnellement par les parents – inconnus – de la Vierge. De plus, en latin et dans les langues romanes, ce nom acquiert une valeur symbolique supplémentaire qu’il n’a ni en hébreu, ni en grec, ni dans les autres langues indo-européennes : Maria est en effet le neutre pluriel de mare et signifie d’abord et avant tout « les mers », ce qui renvoie inévitablement à la Genèse (1, 2), quand il est dit que « le souffle d’Élohim planait sur les faces des eaux ». L’allusion aux eaux-mères, donc à une Mère universelle, est parfaitement claire, du moins dans l’esprit des traducteurs latins des Évangiles ; à ce sujet, il ne faudrait pas oublier que l’origine de toute vie, sur le globe terrestre, se situe, d’un point de vue scientifique, dans les eaux primordiales. C’est assurément en toute connaissance d’un contenu idéologique qu’on a traduit en latin par Maria le nom hébraïque de la mère de Jésus.
    Mais la graphie franco-anglaise Myriam , actuellement utilisée, est incorrecte et devrait être corrigée en Miriam, avec deux « i », voyelles, non écrits en hébreu, mais par contre avec un « â » ( aleph ) consonne. Le nom hébreu est donc mèm-rech-aleph-mèm qu’on peut transcrire par MRAM, autrement dit un tétragramme sacré qui fait pendant au tétragramme divin YHWH, ce qui est loin d’être inintéressant, surtout quand on connaît l’importance donnée par la tradition juive à la puissance vibratoire des lettres. De plus, sans être obligé de recourir aux méthodes subtiles de la Kabbale, on est bien obligé de constater que ce tétragramme féminin MRAM comporte des lettres clés qui se retrouvent dans toutes les langues du monde pour exprimer la maternité. Ce n’est donc pas par hasard que celle qui est devenue la mère de Jésus, et de l’humanité tout entière, a été nommée Miriâm-Maria.
    Au reste, on découvre d’autres femmes qui portent ce nom dans la Bible. D’abord, dans l’Ancien Testament, il y a Miriâm, sœur aînée de Moïse et d’Aaron, forte femme en vérité, et sans l’influence de laquelle les deux frères se laisseraient parfois aller au désespoir et à l’inaction. Mais cette Miriâm est curieusement mêlée à une histoire de préséance, très peu claire, du moins dans le récit de l’Exode. Il semble en effet que Miriâm ait suscité une sorte de révolte pour prendre le pouvoir sur les Hébreux. Châtiée par Yahveh, elle fut frappée par la lèpre, puis pardonnée et guérie. Ne s’agirait-il pas plutôt d’une sorte d’apostasie, d’un retour au culte de la déesse mère dont Moïse, farouche partisan du concept de Dieu père, se montrait le plus virulent des ennemis ? L’hypothèse n’a rien d’invraisemblable.
    Il y a aussi des Miriâm dans le Nouveau Testament, en particulier au pied de la Croix, où, selon Jean (19, 25), elles sont au nombre de trois : « Se tiennent près de la croix de Ieshoua sa mère, la sœur de sa mère, Miriâm, celle de Clôpas, et Miriâm de Magdala. » Jean est le seul
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