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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire
Autoren: Robert Louis Stevenson
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monta en selle. Sapristi   ! s’écria-t-il, John   ! Joanna   ! non   ! par la croix   ! où est-elle   ? Hôtelier, où est la jeune fille   ?
    – Jeune fille, Sir Daniel   ? dit l’hôtelier. Mais, Seigneur, je n’ai vu aucune jeune fille.
    – Garçon, alors, imbécile   ! cria le chevalier. Vous ne pouviez pas voir que c’était une jeune fille. En manteau rouge foncé – qui n’a voulu que de l’eau pour son déjeuner, coquin – où est-elle   ?
    – Non, les saints nous protègent   ! Maître John, vous l’appeliez, dit l’hôtelier. Eh bien   ! Je n’y ai pas vu de mal. Il est parti. Je l’ai vu dans l’étable, il y a une bonne heure   ; il sellait – elle, – elle sellait un cheval gris.
    – Par la croix, criait Sir Daniel, la fille valait pour moi cinq cents livres au moins.
    – Sire chevalier, remarqua le messager amèrement, pendant que vous êtes ici à crier pour cinq cents livres, le royaume d’Angleterre, là-bas, est perdu et, gagné   !
    – Bien dit, répondit Sir Daniel. Selden, prenez-moi six archers. Courez-lui sus. À n’importe quel prix. Mais, à mon retour, il faut que je la trouve à Moat-House. Vous en répondez sur votre tête. Et maintenant, sire messager, nous partons.
    Et la troupe partit à un trot rapide, et Selden et ses six hommes restèrent en arrière sur la route de Kettley, au milieu des habitants ébahis.

CHAPITRE II

DANS LES MARAIS
    Il était près de six heures, par ce matin de mai, lorsque Dick, à cheval, prit, à travers les marais, le chemin du retour. Le ciel était tout bleu   ; un vent fort et continu soufflait joyeusement   ; les ailes des moulins tournaient   ; et les saules dans les marais ondulaient et brillaient comme un champ de blé. Il avait été toute la nuit en selle, mais il avait le cœur solide et le corps vigoureux, et il chevauchait gaiement.
    Le sentier descendait de plus en plus dans le marais, en sorte que la vue de tous les points de repère environnants s’y perdait, excepté le moulin de Kettley sur le monticule derrière le cavalier, et la pointe extrême de la forêt de Tunstall, loin devant lui. Des deux côtés étaient de grands champs d’ajoncs en fleurs et de saules, des mares plissées par le vent, et de dangereuses fondrières, d’un vert d’émeraude, bien faites pour attirer et trahir le voyageur. Le sentier traversait le marécage presque en ligne droite. Il était très ancien   ; il remontait à l’époque romaine   ; par le cours des temps, une bonne partie avait été défoncée, et çà et là, pendant des centaines de mètres, il était submergé sous les eaux du marais.
    À un mille environ de Kettley, Dick arriva à une de ces interruptions de la chaussée, où les ajoncs et les saules avaient poussé au hasard, formant comme de petites îles, et cachaient le chemin. En outre, le défoncement était plus long que les autres   ; c’était un endroit où tout étranger devait aisément se perdre   ; et Dick se mit à penser, avec une sorte d’angoisse, au garçon qu’il avait si imparfaitement renseigné. Quant à lui, jetant un regard en arrière vers les ailes du moulin qui tournaient, noir sur le bleu du ciel, – un regard en avant sur les hauteurs de la forêt de Tunstall, il eut une direction suffisante et continua tout droit, malgré l’eau qui venait aux genoux de son cheval, aussi sûrement que sur une grande route.
    À mi-chemin de cette passe, et déjà en vue du sentier qui émergeait sec de l’autre côté, il entendit sur sa droite un violent clapotis, et vit un cheval gris enfoncé dans la boue jusqu’au ventre, et qui faisait encore des efforts spasmodiques. Subitement, comme s’il eût deviné l’approche du secours, la pauvre bête se mit à hennir bruyamment. Affolé par la terreur, il roulait des yeux injectés de sang   ; et, tandis qu’il se démenait dans la fondrière, des nuées de moustiques s’élevaient dans l’air et bourdonnaient autour de lui.
    – Hélas   ! pensa Dick, le pauvre aurait-il péri   ? Voilà son cheval, c’est sûr – un bon cheval gris   ! Non, camarade, puisque tu appelles vers moi si lamentablement, je ferai tout ce qu’il est possible de faire pour t’aider. Tu ne resteras pas là à t’enfoncer peu à peu   !
    Et il prépara son arc, et mit une flèche dans la tête de l’animal.
    Dick repartit après cet acte de brutale pitié, l’esprit un peu plus calme, et regardant avec soin autour de lui si
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