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La fête écarlate

La fête écarlate

Titel: La fête écarlate
Autoren: Pierre Naudin
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se trouvent employées que concurremment avec les anciennes machines dans l’attaque et la défense des places fortifiées. Non seulement le poids énorme et la construction grossière des affûts les rendaient d’un transport difficile mais, destinées à l’office de catapultes, elles étaient construites, la plupart du temps, pour lancer de lourds projectiles en leur faisant décrire une ligne courbe, comme les bombes d’aujourd’hui, et leur forme se rapproche, en effet, beaucoup plus de celles des mortiers que des canons modernes. (…) Ces engins (bombardes) étaient si imparfaits et si peu puissants qu’on préférait faire usage des machines à frondes.
    Il me paraît superflu, ici, de consacrer des pages supplémentaires à la bataille puisqu’un auteur, Henri de Wailly, l’a étudiée tout au long d’un ouvrage remarquable (447) . Or, dans cette analyse, il n’est point question des « fameux » canons. L’auteur ne leur accorde qu’une longue note en fin de volume sous ce titre : Tira-t-on du canon à Crécy ? On y lit les mêmes remarques que celles que j’ai faites et Henri de Wailly doute, lui aussi, que les pesantes bombardes aient pu suivre le charroi des Anglais de Saint-Vaast à Crécy :
    Édouard III, qui sélectionna strictement son corps expéditionnaire, se fût-il encombré d’un appareil aussi volumineux et lourd pour ne pas s’en servir ?
    La question est posée. Certes, on trouva quelques boulets à Crécy, mais, précise Henri de Wailly, ils étaient en fonte… et les boulets fondus n’apparurent que sous Louis XI. «  Rien n’est donc certain  », conclut-il, «  du côté des preuves matérielles. L’intervention éventuelle des bombardes n’eut, sur le terrain, pas la moindre influence. »
    Ce n’est point ce qu’affirment les manuels d’Histoire. « Sans les canons  », suggèrent-ils, «  la justice eût triomphé : la victoire eût été française. »
    Nous ne sommes jamais en peine de prétextes et d’imagination pour démontrer que nous restons, malgré tout, les meilleurs. Cette inventivité confine à la bassesse, quelquefois à l’ignominie, et s’exerce dans tous les domaines. S’ils s’y intéressent peu ou prou, je renvoie mes lecteurs aux radios, télévisions et journaux de sport, ce nouvel opium du peuple. Quand nos parangons de vertus musculaires sont dominés, la faute en incombe toujours à la pluie trop froide ou trop drue, au soleil inclément (ou injuste), aux blessures inattendues (ou simulées), à la douteuse nourriture d’un hôtel, à la partialité sinon à la perfidie d’un arbitre ou des adversaires (448) . Les journalistes du son, de la voix jointe à l’image et de la plume ont mis au point tout un florilège de mots et d’expressions cocasses destinés à « faire passer la pilule » après l’avoir copieusement dorée. Comme les historiens actuels, d’ailleurs, dont l’hégémonie et la partialité sont devenues d’autant plus oppressives qu’elles sont pieusement et politiquement encouragées (449) . Il n’y a plus d’objectivité ; il n’y a que des objectifs : tricher avec les faits, maltraiter les mémoires, bourrer le crâne des jeunes générations de façon à annihiler leurs capacités de réflexion. Mais revenons à Crécy et aux batailles médiévales.
     
    Depuis les Croisades
     
    Elles sont brèves, ardentes, hardies et d’une simplicité extrême. Cependant, la moindre erreur suscite des conséquences automatiquement catastrophiques étant donné l’absence de commandement unique (manque ou lenteur des transmissions, discipline douteuse aux échelons supérieurs, orgueil inaltérable des chefs, etc.) Dès que l’ordre général a été fixé, la veille, en réunion d’État-Major, rien n’est plus changé dans les décisions prises. D’autre part, le réseau de renseignements, l’information, la topographie sont des plus vacillants, douteux, sinon erronés. La cavalerie légère de reconnaissance n’était pas encore inventée (hussards, chasseurs, uhlans, cosaques). On envoyait quelques hommes en avant, choisis parmi l’élite de la noblesse et même si l’un d’eux donnait de ce qu’il avait vu un compte rendu exact et exprimait des réserves sur la façon dont le roi et ses maréchaux avaient décidé de conduire la bataille, ses conseils étaient fréquemment rejetés par ses pairs jaloux de l’importance accordée à ses dires et à sa personne. On assimilait la
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