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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte
Autoren: Jean Markale
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imagine d’élever les
animaux : c’est l’origine du nomadisme pasteur dont la Bible juive constitue
un des plus anciens témoignages.
    Il va sans dire que les circonstances l’exigeant, les
structures mentales avaient dû être passablement bouleversées. Peut-être que
les hordes qui n’avaient pas remplacé ces structures par d’autres avaient
disparu de ce fait. De toutes façons, nous ne pouvons rien savoir avec
précision de ces structures, sinon ce qu’elles ont conditionné sur le plan
artistique. Or que trouvons-nous sur les murs des grottes du Paléolithique
Supérieur et dans les tombes de cette époque ? Essentiellement des scènes
de chasse et des figurations féminines du type Vénus de Lespugue ou Vénus de
Willendorff, c’est-à-dire des statuettes sur lesquelles les caractères sexuels
sont exagérés au maximum, preuve que la Femme, avec ses attributs sexuels, constituait
une des préoccupations majeures de ces peuples.
    En effet, quoi de plus mystérieux que la Femme ? On
sait par des études ethnologiques que, chez tous ceux qu’on a coutume de
classer comme « primitifs » (cela n’a de valeur qu’au point de vue
chronologique), la fonction reproductrice de la Femme a toujours constitué un
sujet d’étonnement mêlé de crainte. Il faut d’ailleurs voir là une des raisons
de la misogynie, ou mieux de la « gynophobie » que nous retrouvons
dans toutes nos sociétés dites « évoluées ». Cet étonnement était
d’autant plus sincère et d’autant plus effrayant que l’homme, pardon le mâle,
n’avait pas toujours de notion bien précise sur le phénomène de la fécondation.
Il pouvait douter de son propre rôle, et il est à peu près certain que le
problème s’est posé [1] . Les
« primitifs », dit Gustave Welter [2] , « avaient peine à
admettre qu’un acte aussi rapide et à leurs yeux aussi naturel, aussi courant,
que la copulation, eût pour résultat la mise au monde d’un être humain :
cet événement extraordinaire ne pouvait avoir une cause ordinaire ». Cette
cause pouvait être un Esprit, qui introduisait un germe dans le corps de la
femme, croyance qu’on retrouve en filigrane dans des textes rabbiniques à
propos d’Ève, en qui le Serpent a jeté sa souillure. À partir de là, on peut
vraiment se demander si certains peuples croyaient vraiment que le mâle jouait
un rôle dans le phénomène de la fécondation.
    Il s’agit, bien entendu d’époques très anciennes et mal connues,
mais antérieures au culte du Phallus, du Priape, qui marquèrent
vraisemblablement le renversement des valeurs et la compréhension du rôle exact
de l’individu mâle dans la copulation. Avant ce stade « phallique »,
la femme était donc un être magique, en relation avec les divinités, un être indispensable
pour la survie de l’espèce, un être que l’on protégeait (déjà !), un être
qui était précieux, et qu’à l’occasion on allait ravir dans une tribu voisine.
Mais fécondité et sexualité n’étaient pas liées [3] . Il est probable, mais
seulement probable, car nous n’avons pas de preuves [4] ,
qu’il a existé dans ces sociétés archaïques une liberté sexuelle beaucoup plus
vaste que celle que nous connaissons, une sorte de promiscuité que l’on
pourrait comparer aux expériences de certains groupes contemporains qui pratiquent
le mariage collectif [5] .
    La conséquence de toutes ces croyances a dû nécessairement
être un rôle prédominant pour la Femme sur le plan social, et aussi un culte de
la Déesse, ou tout au moins d’une divinité pourvue de caractéristiques
féminines, culte que l’on retrouvera à l’aube de toutes les civilisations [6] .
Ces civilisations devaient d’ailleurs avoir une coloration matriarcale [7] .
Il vaut mieux cependant ne pas parler de matriarcat pur, car nous n’avons aucun
élément valable pour affirmer ou infirmer la généralisation de ce type de
société. Néanmoins pouvons-nous prétendre que c’était l’âge d’or de la Femme,
et nous sommes en contradiction avec Freud qui, dans Totem
et Tabou , se donne bien du mal pour prouver l’existence du Père
primitif. Il ne faut pas oublier que Freud, toute sa vie, a supporté, comme le
plus lourd des fardeaux, le souvenir de la scène où sa propre mère a failli se
précipiter avec lui sous un train. Les témoignages les plus anciens de la
mythologie concordent avec les observations des ethnologues : au
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