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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte
Autoren: Jean Markale
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besoin d’une femme pour se faire comprendre des humains :
toute la Méditerranée a l’oreille branchée en permanence sur la Pythie de
Delphes. Lorsqu’un ancien mythe féminin devient gênant, on le ridiculise, ou
bien on l’inverse, et on fait jouer le rôle à un personnage masculin. On
s’ingénie à montrer la femme sous son jour le plus noir : ainsi le mythe
de Pandore fera-t-il pendant au mythe d’Ève et surtout à celui de l’inquiétante
Lilith, laquelle sera d’ailleurs enfouie dans le plus profond de l’inconscient
de la tradition hébraïque parce que la plus dangereuse et la plus subversive
pour l’ordre mâle établi.
    Des raisons multiples ont provoqué cette
« occultation » de la Femme, et surtout de ce qu’elle représentait
primitivement. Cette occultation paraît avoir atteint son point extrême dans la
société grecque classique avec les fonctions quasi officielles des courtisanes
et des hétaïres, et surtout l’institution de la pédérastie comme système
d’éducation, dans la Rome primitive où elle est symbolisée par Caton l’Ancien,
dans la France des débuts de la féodalité et enfin dans l’Europe occidentale de
la fin du XIX e  siècle et du début du XX e , triomphe du puritanisme, de la misogynie et de
l’hypocrisie.
    Lorsque Rome a étendu son empire sur tout le pourtour de la
Méditerranée et sur une partie de l’Europe occidentale, elle a pris soin de
faire disparaître tout ce qui pouvait nuire à son organisation socio-politique.
L’exemple des pays celtiques est probant… Les Romains ont pourchassé les
druides jusqu’à les faire disparaître en Gaule, et par la suite dans l’île de
Bretagne. Les Druides représentaient pour l’État Romain un danger absolu, car,
à ce qu’on peut savoir, la science et la philosophie druidique étaient en
contradiction flagrante avec le conformisme romain. Les Romains étaient
matérialistes, les Druides spiritualistes. Les Romains voyaient l’État comme
une structure monolithique étendue sur des territoires savamment hiérarchisés,
les druides voyaient l’État comme un ordre moral librement consenti et dont le
centre idéal était purement mythique. Les Romains basaient leur droit sur la
possession individuelle des terres, possession uniquement reconnue d’ailleurs
au chef de famille, les druides considéraient la propriété comme devant être
collective. Les Romains voyaient dans la femme une reproductrice et un objet de
plaisir, les druides associaient les femmes à la vie politique et religieuse de
leurs peuples. On comprend dès lors la menace que faisait peser sur l’ordre romain
la pensée subversive des Celtes. Et cela, on
ne l’a jamais dit. On s’est toujours étonné de la facilité avec laquelle les Romains
se sont débarrassé des élites gauloises ou bretonnes, sans se référer au fait
que c’était une question de vie ou de mort pour la société romaine.
    Et lorsque le christianisme, héritier de toutes les
structures de l’état romain, s’est imposé à l’Europe occidentale, il a continué
la même besogne systématique de destruction des valeurs celtiques, parce
qu’elles représentaient le même danger pour les institutions temporelles de
l’Église. La preuve en est dans la lutte menée par la Papauté contre l’Église
celtique d’Irlande, de Bretagne et d’Armorique à cause de ses particularismes,
ainsi que dans la faveur accordée à l’Église saxonne contre l’Église bretonne,
ce qui allait permettre aux Saxons de conquérir l’île de Bretagne, et enfin,
dans la trahison du Pape qui, au XII e  siècle,
livra l’Irlande à Henri Plantagenêt et aux Anglo-Normands, ce qui eut les
conséquences que l’on sait. De tous temps, dans les sociétés de type résolument
paternaliste (et le christianisme officiel en est un bel exemple), on a tenu
pour suspect tout ce qui était celtique, car la pensée celtique n’était pas conforme
à l’idéal paternaliste. D’où la disparition quasi complète de la culture
celtique, étouffée par la culture gréco-latine, avec un mélange de germanisme,
car l’apport germanique ne menaçait pas l’édifice. N’est-il pas significatif de
constater que les périodes qui ont vu s’épanouir – timidement il est vrai – le
rôle de la Femme ont été des périodes marquées par une certaine renaissance du
celtisme : l’époque courtoise aux XII e et
XIII e  siècles coïncide avec la résurgence
dans la
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