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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy
Autoren: Juliette Benzoni
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connaissez messire Arnaud mieux que personne. Il est rude, dur, violent, tout ce que vous voudrez, mais il craint Dieu et, jusqu'à ce qu'il se croie victime d'une injustice, il a toujours été vrai et preux chevalier !... Pensez seulement qu'il vit, et ne cherchez pas d'autres raisons de le détester.
    À travers ses larmes, Catherine sourit au page défendant si vaillamment son seigneur et se tut. Pour rien au monde elle n'eût voulu entamer la foi de l'adolescent et c'eût été le faire que lui expliquer ses doutes, lui faire comprendre que, justement, elle n'était plus très sûre de bien connaître son époux.
    Que sous la fière silhouette d'Arnaud de Montsalvy ait pu surgir même un seul instant la personnalité sanglante de l'écorcheur La Foudre, c'était une chose qu'elle n'aurait jamais pu imaginer deux mois plus tôt. Elle se fût laissée couper en morceaux plutôt qu'admettre que ce fût seulement possible. Il lui avait pourtant bien fallu se rendre à la dramatique évidence. En outre, elle connaissait trop l'aveugle jalousie d'Arnaud envers tout ce qui touchait au passé de sa femme. Que Landry eût parlé d'elle avec un rien de tendresse avait pu suffire à faire du mari son ennemi.
    Et, tandis que, dans l'aube grise et fraîche, elle regagnait Châteauvillain à travers les bois où le chant d'une alouette triomphant comme la Résurrection, répondait au glas triste et doux du petit couvent, Catherine ne savait plus très bien s'il y avait en elle plus de joie que de crainte, plus d'espoir que d'angoisse. Il lui fallait bien remettre à plus tard la solution d'un problème sans réponse possible et se contenter de ce cadeau du destin, précieux et redoutable tout à la fois : Arnaud était vivant !
    Cette fois, la petite troupe n'eut plus besoin de descendre dans la rivière pour rejoindre la rampe du château. L'incendie était éteint. La ville basse n'était plus qu'un amas de ruines noires et de scories parmi lesquelles erraient les soldats d'Ermengarde déjà occupés à déblayer.
    La vieille comtesse n'était pas femme à contempler longuement le résultat d'un désastre et, avant de rejoindre le couvent, elle avait donné ses ordres en conséquence.
    Il s'agissait d'enlever les décombres au plus tôt, de battre la campagne à la recherche de ce qu'il pouvait rester des habitants enfuis au hasard des routes et des bois et de les convaincre de revenir. On les hébergerait dans les dépendances du château et, si la place y était insuffisante, la comtesse avait donné ordre d'installer au bord de la rivière, dès que l'on aurait fait place nette, les grandes tentes de joute ou de guerre de son défunt mari en attendant que l'on eût reconstruit en hâte quelques maisons, reconstruction à laquelle les habitants de la ville haute, qui avaient beaucoup moins souffert, étaient instamment priés de contribuer dans la mesure de leurs moyens. Pour la dame de Châteauvillain, le titre de châtelaine n'était pas simplement une honorable formule vide de sens.
    En arrivant au château, on trouva aussi des nouvelles. Le sire de Vandenesse, revenu bredouille de son expédition et d'une humeur massacrante, y menait grand tapage, lancé dans une violente dispute avec le sénéchal de Châteauvillain chargé de la défense du château en l'absence de la comtesse.
    Dressés l'un en face de l'autre sur le perron du grand logis, les deux hommes s'affrontaient, mais les hurlements étaient surtout le fait de Vandenesse qui tentait d'écraser son adversaire sous une méprisante fureur tandis que le sénéchal, un homme déjà âgé, ne lui opposait qu'une politesse glacée jointe à une détermination intransigeante.
    C'était justement la voix nette de ce dernier qui se faisait entendre quand la petite troupe pénétra dans la cour. Vandenesse, pour sa part, reprenait souffle entre deux tirades furieuses.
    — Dans ce château, seule dame Ermengarde a droit de justice haute, moyenne et basse on ne touchera pas à cet homme tant qu'elle ne sera pas là.
    Le sujet de la dispute gisait entre les deux hommes sur les marches de l'escalier. C'était un homme tellement chargé de chaînes qu'il n'avait plus guère forme humaine. Du sang apparaissait sur son justaucorps de cuir éraillé.
    — J'arrive ! brailla Ermengarde en poussant son cheval. Qu'est-ce qui se passe ici ? Pourquoi malmenez-vous mon sénéchal, sire baron ?
    — Nous avons ramené ce prisonnier, grogna Vandenesse, et ce personnage s'oppose à
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