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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy
Autoren: Juliette Benzoni
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ce que nous l'interrogions.
    — L'interroger ? Il me semble bien avoir entendu le mot «justice »
    voltiger jusqu'à moi. Vous n'entendriez pas « exécuter » par hasard ?
    — Je connais le sens des mots que j'emploie, comtesse ! Je désirais questionner cet homme mais je comptais pour cela me servir de votre salle de torture. Vous en avez bien une, tout de même ?
    L'éclat de rire d'Ermengarde retentit jusqu'au fond de la cour, mais alluma une lueur méchante dans l'œil du baron.
    — Bien sûr que nous en avons une... et bien équipée encore ! Un vrai musée des horreurs ! L'aïeul de mon défunt époux en était immensément fier. Seulement, depuis le temps qu'elle n'a pas servi, je défie quiconque d'utiliser un de ces damnés outils dévorés par la rouille. Vous auriez dû laisser le baron essayer, Gagneau, ajouta-t-elle en se tournant vers son sénéchal, je gage que l'expérience eût été amusante. Il se serait sûrement cassé quelque chose...
    Au mépris de toute courtoisie, Vandenesse haussa furieusement les épaules : l'humour d'Ermengarde dépassait son entendement.
    — Je pensais que le siège de votre château vous aurait rendue moins sensible, dame Ermengarde ! Au surplus, point n'est besoin d'instruments compliqués. Quelques braises bien rouges et une paire de tenailles devraient suffire...
    Catherine eut un haut-le-cœur. La mort affreuse de Landry l'avait sensibilisée à l'extrême à l'endroit de toutes ces souffrances imbéciles infligées gratuitement à autrui. Le seul mot de torture lui donnait envie de hurler.
    — Quand donc les hommes cesseront-ils de voir, dans les supplices, leur suprême recours ? s'écria-t-elle. Avez-vous seulement essayé de poser quelques questions à cet homme ? Et d'abord où l'avez-vous trouvé ?
    De fort mauvaise grâce, le seigneur de Vandenesse raconta son
    .aventure. Les traces laissées par la horde du Damoiseau étaient trop fraîches et trop profondes pour être difficiles à suivre mais, quand elles avaient lait défaut, les poursuivants n'avaient eu que tout juste le temps de s'apercevoir qu'on les attendait de pied ferme et qu'ils étaient en fait tombés dans une embuscade. Robert de Sarrebruck n'était pas homme en effet à se laisser courir après sans prendre quelques précautions...
    — Notre nombre étant inférieur, il pensait sans cloute avoir raison de nous aisément, mais il a trouvé il qui parler ! s'écria le baron. Nous n'avons laissé qu'un homme sur le terrain et j'ai réussi, en lui échappant, à ramener l'un des siens.
    — Autrement dit, conclut Catherine froidement, tout le monde a échappé à tout le monde ! Vous m'aviez pourtant promis la tête du Damoiseau, mes- sire...
    Tout en parlant elle s'était approchée du captif qui geignait sur l'escalier, troussé comme un poulet et le nez sur la pierre. Soudain, avec une exclamation elle se laissa tomber à genoux auprès de lui, prit la tête poisseuse entre ses mains... Cet homme, elle le reconnaissait, c'était l'Auvergnat que l'on appelait le Boiteux, l'un des hommes d'Arnaud, celui-là même qui avait aidé Gauthier à le soigner...
    — Eh bien ! Catherine, que faites-vous ? murmura Ermengarde.

    La jeune femme ne répondit pas mais ses yeux se posèrent, chargés d'orage, sur le baron.
    — Je connais cet homme et c'est moi qui l'interrogerai. Délivrez-le
    ! ordonna-t-elle si impérieusement que l'autre fronça les sourcils, protestant :
    — Vous n'y pensez pas ? Ce serait...
    — Ce serait faire preuve d'un semblant d'intelligence ! Ne voyez-vous pas qu'il est en train de mourir ? Quelles réponses pouvez-vous espérer d'un cadavre ?
    Déjà, sans plus s'occuper de Vandenesse, Gauthier était en train de trancher les liens de l'homme qui, délivré, s'étala sur l'escalier comme une tache d'huile et ne bougea plus.
    — Vous ne voulez pas aussi qu'on le mette au lit ? persifla, Vandenesse.
    — Justement si ! Je vous en prie, Ermengarde, ordonnez à deux de vos soldats de transporter cet homme au château. Gauthier le soignera.
    Espérons seulement que j'aurai le temps d'en tirer quelque chose...
    La comtesse de Châteauvillain connaissait trop son amie pour discuter avec elle quand elle voyait briller dans ses yeux certaine flamme batailleuse. Pour une raison ou pour une autre, Catherine était prête à affronter tout Châteauvillain pour préserver cet écorcheur blessé. Aussi, un instant plus tard, le Boiteux, porté par deux hommes et suivi de Gauthier,
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