Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chance du diable

La chance du diable

Titel: La chance du diable
Autoren: Ian Kershaw
Vom Netzwerk:
embryonnaire.
    Diverses réunions eurent lieu peu après avec le colonel Hans Oster  – chef du bureau central traitant des renseignements étrangers à l’Abwehr, il avait été l’un des piliers de la conspiration de 1938, et c’est lui qui, en 1940, avait transmis à la Hollande les plans d’invasion de l’Allemagne. Hans von Dohnanyi y assista également   : ce juriste avait lui aussi joué un grand rôle dans le complot de 1938 et avait profité de son poste à la section étrangère de l’Abwehr pour établir de bons contacts avec des officiers tentés par l’opposition. À peu près à la même époque, Oster noua des liens étroits avec une nouvelle recrue d’importance pour les groupes d’opposition, le général Friedrich Olbricht, chef du bureau général de l’armée de terre à Berlin et adjoint de Fromm à la tête de l’armée intérieure. Né en 1888 et militaire de carrière, Olbricht n’était pas homme à aimer se retrouver sous les feux de la rampe. Il était le type même du « général de bureau   », de l’organisateur et de l’administrateur militaire. En revanche, il tranchait par son attitude favorable à la république de Weimar avant 1933, puis par son hostilité systématique à Hitler, largement nourrie de sentiments chrétiens et patriotiques, et ce jusque dans la jubilation des triomphes de politique étrangère des années 1930 et les victoires de la première phase de la guerre. C’est à lui qu’il appartiendrait, décida-t-on, de préparer le coup d’État qui devait suivre l’assassinat de Hitler.
    Dès l’aggravation de la crise de Stalingrad, fin 1942, Tresckow chercha à mettre en œuvre l’assassinat de Hitler. Il s’était convaincu qu’on ne pouvait compter sur les plus hauts chefs militaires pour prendre l’initiative d’un coup d’État. De son point de vue, « ils suivraient seulement un ordre   ». Il prit alors sur lui d’assurer 1’« amorçage initial   », ainsi que les conjurés désignaient l’assassinat de Hitler, qui allait leur permettre d’éliminer les dirigeants nazis et de prendre le contrôle de l’État. Dès l’été 1942, Tresckow avait chargé Gersdorff de se procurer des explosifs adéquats. Celui-ci acquit et testa engins, dont des explosifs britanniques destinés aux opérations de sabotage de la Résistance française et récupérés à la suite de la fatidique opération de commando sur Saint-Nazaire et Dieppe en 1942. Finalement, Tresckow et lui fixèrent leur choix sur un petit engin magnétique britannique, un « Clam   » (une sorte de mine adhésive), de la taille d’un livre, idéal pour le sabotage et facile à dissimuler. Entre-temps, Olbricht assura la coordination avec les autres conjurés de Berlin et prépara le terrain en vue d’un coup d’État prévu pour mars 1943. Les plans pour occuper les positions civiles et militaires importantes de Berlin et d’autres grandes villes étaient, pour l’essentiel, conformes à ceux qui devaient être mis en œuvre en juillet 1944.  
    L’un des problèmes majeurs était celui des moyens de se rapprocher suffisamment de Hitler pour perpétrer un assassinat. Les déplacements de Hitler étaient imprévisibles. Il lui arrivait souvent de changer de projets à la dernière minute, et pas uniquement pour des raisons de sécurité. À la mi- février 1943, son emploi du temps capricieux avait déjoué les intentions de deux officiers, le général Hubert Lanz et le général de division Hans Speidel, qui comptaient arrêter Hitler lors de sa visite annoncée au QG du groupe d’armées B, à Poltava. La visite avait été annulée. Et le 17 février, quand Hitler se décida soudain à inspecter le front, il se rendit à Zaporojie, non pas à Poltava (que le groupe d’armées B avait de toute façon quitté). Depuis lors, la sécurité personnelle de Hitler avait été considérablement renforcée. Il était invariablement escorté de ses gardes du corps SS, armes au poing, et se faisait toujours conduire par son chauffeur, Erich Kempka, dans l’une de ses limousines stationnées en différents points du Reich et des territoires occupés. Qui plus est, il portait une veste et un chapeau pare-balles. Tout cela contribua à convaincre les conjurés que les chances étaient maigres qu’un assassin désigné eût le temps de sortir son arme, de viser et de vérifier que Hitler était bien mort. De surcroît, le tireur d’élite pressenti, titulaire de la
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher