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Khadija

Khadija

Titel: Khadija
Autoren: Marek Halter
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attention à ces mots. Il se pressa vers la porte bleue sans se soucier de qui le suivait. Il revint le soir dans les ombres du crépuscule.
    Waraqà et Khadija étaient là à l'attendre. À son air ils comprirent immédiatement que l'ange Djibril avait encore imprégné le savoir de Muhammad de paroles descendues du ciel. Sa peur avait disparu. Il avait le visage léger et frais en approchant de son épouse et du hanif. En guise de salut, il leur dit :
    — Mon Seigneur crée l'humain d'une goutte. D'un grumeau ! Il instruit par le calame, Il enseigne à l'humain ce qu'il ignore.
    Il s'interrompit, les yeux un peu fixes, comme s'il contemplait au-dedans de lui-même toutes ces paroles que l'ange Djibril y avait inscrites. Puis il rit, s'assit sur son tabouret au côté de Khadija et se montra plein d'animation.
    — Il est encore venu derrière moi, poursuivit-il en soutenant le regard brillant de Waraqà. Il m'a ordonné : « Lis, lis ! » Et j'ai lu ce que je ne sais pas lire, moi qui n'ai rien appris !
    Waraqà, tout ému, s'écria :
    — Il t'appelle ! Il t'appelle comme il a appelé Musâ !
    Muhammad ne protesta pas. Agitant vivement les mains, s'adressant à son épouse comme au hanif, il raconta encore sa rencontre avec les mots qui descendaient sur lui. Quand il se tut, Waraqà s'exclama :
    — Ah, quelle nouvelle ! Oh, le grand jour ! Il faut te préparer à tenir bon. Si seulement j'étais jeune, si seulement je pouvais être encore vivant quand le peuple de Mekka t'expulsera !
    — Que dis-tu ? souffla Khadija, alarmée.
    — Ce que je dis et je sais, fit Waraqà en éludant sa question de la main.
    Mais Muhammad était tout autant étonné.
    — Tu crois que ceux de Mekka me chasseront de notre cité ?
    — Je dis : jamais un homme n'a apporté ces mots que tu prononces sans que les colères ne s'enflamment de partout. Prépare-toi et trouve des compagnons plus valides que moi. Je voudrais le voir, oh oui ! Mais ton temps ira bien au-delà du mien.

L'annonce de temps difficiles
    Dans les lunes qui suivirent ces jours de ramadan, malgré l'intensité de son bonheur, Khadija ne parvenait pas à oublier la mise en garde de Waraqà. Cependant, tout parut d'abord aisé.
    Avec beaucoup de discrétion, Muhammad continua d'aller recueillir l'abondance des paroles que son Rabb, son Seigneur Très Haut, déversait en lui. Zayd l'accompagnait et veillait à sa tranquillité. Et chaque soir Muhammad revenait dans la cour, la fatigue et la paix sur le visage. Parfois il répétait quelques-unes des paroles apprises durant le jour. Parfois il les murmurait au cœur de la nuit, et Khadija les entendait distinctement, car désormais son époux restait allongé près d'elle dans l'obscurité, ses mains fermement nouées aux siennes.
    Durant les premières de ces nuits, elle guetta avec inquiétude les retours de la douleur d'Al Qasim. Aussi incroyable que cela puisse paraître, depuis que Muhammad avait baisé son ventre, la nuit comme le jour, aucun mal ne la reprit. Alors, les yeux ouverts sur le noir, elle pouvait encore mieux entendre les murmures de son époux, même si elle ne les comprenait pas toujours.
    Il disait :
    «  Ne t'avons-nous pas dilaté la poitrine et déposé loin de toi le fardeau, celui qui pesait sur ton dos ?  »
    Ou :
    «  Un jour les humains seront semblables à des papillons voletant de-ci de-là et les montagnes auront l'apparence de la poussière de laine au rouet !  »
    Ou encore :
    «  Nous t'avons enseigné, n'oublie rien !  »
    Au matin, quand Muhammad repartait pour la grotte, Khadija souriait, étonnée, car ces mots lui revenaient dans la bouche comme une chanson mille fois chantée.
    Elle souriait ainsi quand Fatima vint devant elle l'un de ces matins, l'air révolté et le ton prêt à la dispute.
    — Zayd se vante partout qu'il est le fils de mon père. Il dit : C'est la saïda qui l'a décidé. Je lui demande : Et mon père, que dit-il ? Zayd me répond en baissant le nez parce que mon père sait qu'il n'a qu'un fils : moi.
    — Fatima !
    — Pourquoi as-tu fait ça contre moi ?
    — Je n'ai rien fait contre toi. Ton père a besoin de quelqu'un qui puisse le protéger.
    — Il est dix fois plus fort que Zayd. Tu crois que ce maigrelet aux cheveux de femme qui passe son temps à lire les rouleaux de Waraqà pourrait le protéger ?
    — Oui. Plus que toi, qu'il peut soulever dans sa paume s'il en a envie !
    — Tu aurais dû
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