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Khadija

Khadija

Titel: Khadija
Autoren: Marek Halter
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époux n'était pas ton maître mais ton père, que ferais-tu en le voyant quitter la cour tous ces quarante et un matins ?
    Zayd ne saisit pas tout de suite la question de Khadija. Puis son visage s'éclaira.
    — Si j'étais son fils ? Il y a longtemps que je l'aurais suivi pour savoir où il passe ses journées.
    — Alors tu n'es plus esclave dans cette maison. Tu es le fils adopté du seigneur Muhammad ibn `Abdallâh.
    — Saïda !
    — C'est dit. Tu m'appartenais, tu ne m'appartiens plus. Waraqà écrira cela dans ses rouleaux. Maintenant, c'est en fils que tu dois obéir et protéger mon époux.
    — Saïda, maître Muhammad ne voudra peut-être pas de moi pour fils.
    — Serais-tu si mauvais qu'il te refuserait ?
    Khadija dut attendre encore deux jours avant que Zayd se présente devant elle. Le cœur battant, elle l'écouta raconter comment Muhammad se faufilait dans les ruelles les plus étroites pour sortir de Mekka.
    — Il court presque et il rabat le capuchon de son manteau loin sur ses yeux pour que personne ne le reconnaisse. Ensuite, il emprunte un sentier qui conduit aux falaises du mont Hîra, celles qui sont percées de grottes. Il marche vite dans la montée. On dirait qu'il connaît son chemin. J'avais du mal à le suivre. Quand il arrive aux grottes, le soleil a à peine jauni le ciel.
    Zayd s'interrompit en inclinant la nuque. Khadija fronça les sourcils.
    — Et ensuite ?
    — Ensuite... il entre dans une grotte.
    — Et...
    — Il prie.
    — Il prie ? C'est tout ?
    Zayd approuva d'un signe.
    — Tout le jour ? insista Khadija.
    — Tout le jour.
    — Que me caches-tu, fils de Muhammad ibn `Abdallâh ?
    Zayd releva le visage.
    — Il prie comme priait mon père de Kalb. À genoux, les paumes ouvertes, puis en baissant le front jusqu'au sol. Cent fois dans la journée.
    Khadija fut déçue.
    Qu'avait-elle attendu d'autre ? Elle l'ignorait. Mais la déception était là.
    Elle demanda à Zayd :
    — Il ne t'a pas vu, au moins ?
    Le garçon secoua la tête.
    — Ne ne le laisse jamais tout seul quand il court dans Mekka, fit Khadija. Certains seraient trop contents de le surprendre et d'inventer des mensonges sur ce qu'il fait et ne fait pas.
     
    Elle se présenta devant Waraqà et, ravalant son orgueil, lui raconta ce qu'elle venait d'apprendre. Le hanif posa sur elle un regard ironique.
    — N'as-tu pas dit que ce n'était pas le rôle d'une épouse de surveiller les pas de son époux ?
    — Ne joue pas avec moi, cousin Waraqà ! s'énerva Khadija. Quoi que fasse mon époux, il fait bien. Ce que je veux savoir, c'est s'il prie maintenant le dieu de Christus. Nous savons tous que c'est ton dieu...
    — Ne parle pas de ce que tu ignores, femme !
    — D'une manière ou d'une autre, c'est ton dieu, cousin Waraqà. Même les femmes ont des oreilles, je te l'ai déjà dit. Et, aujourd'hui, ton dieu est peut-être devenu celui de mon époux.
    — À lui de te le dire.
    — À moi de le protéger quand les puissants de Mekka l'apprendront. Ce qu'ils pensent du dieu sans apparence de Sham et de Ghassan, tu le sais. Ils n'attendent qu'une occasion pour détruire Muhammad ibn `Abdallâh.
    Frappant le sol avec sa canne comme chaque fois que l'émotion le prenait, Waraqà claudiqua de long en large avant de lâcher :
    — Si tu crois que j'ai eu une mauvaise influence sur ton époux en lui parlant du dieu unique et en lui lisant les rouleaux des anciens, tu te trompes. Ton Muhammad ibn `Abdallâh est assez fort pour suivre son chemin selon son choix, et personne n'y peut rien. Quand il sera arrivé où il doit arriver, tu le sauras. Si cela lui plaît de te le confier.

La révélation
    Six jours plus tard, Waraqà fut le premier surpris de la manière dont Muhammad se confia à son épouse.
    C'était le milieu de l'après-midi, au plus chaud de la journée. Chacun sommeillait dans l'ombre. Un peu plus tôt, Khadija avait été réveillée par la douleur d'Al Qasim. La lame était allée loin. Elle avait dû s'agenouiller pour la supporter sans hurler, les poings noués sur son ventre.
    Comme chaque fois, cela disparut aussi brutalement que c'était venu. Khadija se releva, marcha jusqu'à une jarre. Elle y trempa un linge pour s'en mouiller le front et la nuque. Ses mains tremblaient encore. Elle resta un peu, s'appuyant au rebord de la jarre pour mieux respirer. Elle avait les paupières closes quand elle entendit le battant de la porte bleue frapper bruyamment
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