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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic
Autoren: G.A. Jaeger
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cinquante vapeurs effectuaient des services réguliers sur les lacs, les rivières et les fleuves de l’Ancien et du Nouveau Monde.
    Puis leurs propriétaires s’attaquèrent à l’Atlantique. Ils y lancèrent d’abord des navires mixtes dont la voilure d’appoint servait à pallier les carences de la machine ou l’épuisement du charbon. Les défaillances furent si rares que la voile fut bientôt abandonnée aux souvenirs des cap-horniers, quand bien même la nostalgie et le scepticisme naturels raillèrent quelque temps la folle invention de Fulton. « Autant parler de se rendre de la sorte d’ici à la Lune 28  ! », s’écriait un prédicateur de Liverpool en 1835.
    Robert Fulton avait donné l’exemple en réunissant les conditions qu’allaient devoir développer les armateurs : de forts appuis financiers, une ingénierie inventive et une adroite gestion commerciale. Riches de ces atouts, les plus grandes compagnies occidentales de navigation ne devaient plus arrêter la course effrénée qu’elles se livraient désormais pour la suprématie de l’océan, malgré les naufrages dus aux approximations de la technologie ou à l’aveuglement de la concurrence.
    Dans la seconde moitié du XIX e  siècle, ainsi que le résume Léonce Peillard, de nombreux pavillons sillonnaient l’Atlantique : « Des lignes allemandes, hollandaises,
belges s’établissaient, desservies par des paquebots de plus en plus modernes, rapides ; des navires touchaient les ports français et anglais, enlevaient passagers et marchandises, les armateurs n’hésitant pas à baisser leurs tarifs sans tenir compte des conséquences ruineuses qu’allait entraîner cette politique 29 . »
    L’ère des démiurges
    Le paquebot à vapeur s’était inscrit dans le déclin de la voile. Dès que ce nouveau mode de transport eut acquis sa respectabilité, les armateurs se mirent à l’écoute de la clientèle, rivalisant de génie pour garantir les besoins des voyageurs et prévenir leurs attentes, avec un sens commercial que les années devaient pervertir – non seulement d’un point de vue économique, mais en raison de la course aux superlatifs qui s’ensuivit, avec ses dangers inhérents.
    Lorsqu’un nouveau navire était mis en service, on prenait l’habitude de parler avec une certaine ironie de « paquebot-réclame  », tant on mettait d’empressement à souligner ses qualités. Or, si le joyau était précieux, il était de plus en plus éphémère. Il fallait donc braquer les projecteurs de l’actualité sur les innovations qui le rendaient unique, jusqu’à ce que la concurrence vînt le détrôner.
    De même, l’esthétique, le confort et la performance occupaient tous les esprits. Ainsi que la sécurité, que l’on voulait discrète et néanmoins efficace, afin de rassurer la clientèle en lui faisant oublier qu’elle voyageait dans des conditions potentiellement dangereuses, en particulier sur la route de l’Atlantique Nord. Pour ce faire, le voyageur devait oublier qu’il était à bord d’un bateau.
    Les paquebots modernes ne rivalisaient plus en matière d’ornements extérieurs avec les vaisseaux du temps de la voile. Désormais, leurs lignes générales se ressemblaient dans leur simplicité géométrique. Pour autant, les
dessinateurs faisaient tout pour leur apporter une touche d’ingéniosité qui les personnalisait aux yeux du public. Notamment par le nombre et la disposition des cheminées dont le but, parfois purement esthétique, était d’équilibrer le surdimensionnement de la coque.
    La virtuosité artistique dont faisaient preuve les décorateurs se manifestait en revanche dans la finition des intérieurs qui se concurrençaient dans la surenchère, au gré des compagnies et des cultures nationales. En cela, les armements allemands marquèrent de leur empreinte le début du XX e  siècle. Leurs navires, tel le Kaiser Wilhelm der Grosse , imitaient le style bavarois. Les salons de chasse étaient conçus autour d’un âtre où l’on aurait pu cuire un bœuf. Chaque nation y allait ainsi de son univers. Souvent surchargé, le décor adoptait le goût de l’époque et forçait ainsi l’admiration de l’opinion. Pierre-Henri Marin raconte : « Alors qu’à bord du Viceroy of India le fumoir évoquait irrésistiblement les châteaux écossais, avec […] ses armoiries et ses épées fixées à la cloison, le Winchester Castle suggérait la chaleur d’un intérieur hollandais
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