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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France
Autoren: Jacques Bainville
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expiré avant que la guerre fût finie et ils avaient été prorogés, parce que, disait-on, une grande moitié des électeurs était mobilisée, ce qui revenait, au fond, à ne pas instituer de plébiscite sur la guerre et sur la paix. Le suffrage universel ne fut même pas admis à se prononcer sur le traité de Versailles. Le traité était déjà ratifié, lorsque les élections du 16 novembre 1919 eurent lieu. Pour la première fois, le vieux scrutin d’arrondissement était abandonné et le système de la représentation proportionnelle fut appliqué, avec quelques limites encore. À ce moment-là, le mouvement révolutionnaire qui, parti de Russie, parcourait l’Allemagne, alarmait la masse paisible des Français. La menace d’un socialisme véritable qui confisquerait la propriété, jointe au mécontentement contre les partis qui s’étaient si lourdement trompés avant la guerre, fit élire une majorité entièrement nouvelle. Ce n’était pas que la France eût tellement changé : il suffit du déplacement de quelques centaines de milliers de voix pour rendre la victoire aux modérés et aux conservateurs, unis sur les listes du Bloc national. Clemenceau et l’école jacobine avaient contribué à ce succès en conduisant la guerre jusqu’à la victoire et en frappant de discrédit, avec Malvy et Joseph Caillaux, toute une partie de la gauche. Seulement, la nouvelle, Chambre, orientée à droite, supportait mal l’esprit jacobin. Elle traduisait aussi la déception qu’avait causée la paix, dont les imperfections commençaient à être senties. Clemenceau, candidat à la présidence de la République, ne fut pas élu, et Paul Deschanel, qui avait promis la fin de l’anticléricalisme et la reprise des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, succéda à Poincaré. Ainsi Clemenceau et ses collaborateurs étaient écartés du pouvoir. Les hommes qui avaient fait le traité de Versailles ne seraient pas ceux qui l’appliqueraient. On avait compté leurs fautes et ils allaient compter celles de leurs successeurs.
    Tirer le meilleur parti possible d’un traité « plus lourd de promesses que de réalités », ce fut, pendant les six premiers mois de 1920, la politique d’Alexandre Millerand, L’ancien socialiste qui avait tant effrayé la bourgeoisie quand il était entré dans le ministère Waldeck-Rousseau, et qui, maintenant, était devenu le chef du Bloc national conservateur. Mais, pour tirer parti du traité, pour le réaliser, il fallait l’interpréter aussi et il apparut tout de suite que l’Angleterre ne l’interprétait pas comme nous. Là-dessus encore l’Entente se dissociait. Les États-Unis, dont le gouvernement avait mis sur la paix la marque de ses vues théoriques, avaient désavoué le président Wilson, refusé de ratifier l’acte de Versailles et conclu avec l’Allemagne une paix particulière. En Angleterre, l’idée qui grandissait, c’était qu’il convenait de ménager l’Allemagne, comme la France, après 1815, avait été ménagée par le gouvernement britannique. Au lieu de trouver les Anglais à nos côtés pour contraindre l’Allemagne à tenir ses engagements, nous devions maintenant leur résister pour ne pas perdre le fruit de la victoire ou bien céder de peur de rompre avec eux. À la recherche d’une solution capable de contenter tout le monde, des conférences répétées révélaient les dissentiments des vainqueurs, encourageaient les Allemands à résister et se traduisaient par des abandons de notre créance. On en était là lorsque, au mois d’août 1920, la Pologne fut envahie par les Russes. Ainsi l’Europe, dans l’organisation nouvelle qui était sortie des traités, n’était pas garantie contre les risques de guerre et c’était de la Russie communiste que le risque de guerre venait. Chose plus grave, ni parmi les puissances alliées ni parmi les nouveaux États qui leur devaient la vie, personne, sauf la France, ne se montra disposé à sauver d’un nouveau partage la République polonaise. Millerand ayant pris l’initiative d’envoyer, avec le général Weygand, un appui à la Pologne, l’armée rouge fut repoussée après être entrée jusque dans les faubourgs de Varsovie. Cette alerte montrait la fragilité de la nouvelle Europe, nullement pacifiée du côté de l’Orient où la Turquie refusait toujours d’accepter les conditions des vainqueurs. Après le péril brusquement apparu en Pologne, le succès de la
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