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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France
Autoren: Jacques Bainville
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la France, de nouvelles difficultés naîtraient de là.
    À la vérité, nous avons échappé à un désastre foudroyant par un hasard tel qu’il a tout de suite paru comme un miracle. L’Allemagne avait cru que la France se décomposerait moralement et politiquement sous le choc et elle avait commis une erreur : son agression avait produit chez nous le phénomène de l’ « union sacrée ». Mais l’union n’était pas moindre chez elle et, le 4 août, dans les deux Parlements à Berlin comme à Paris, les socialistes eux-mêmes avaient tout approuvé. Avec l’assentiment de l’Allemagne entière, une machine de guerre comme le monde en avait peu vu était lancée contre nous.
    Les moins confiants des Français furent surpris par la rapidité de l’invasion. Quand on connaissait la force militaire de l’Allemagne, on croyait au moins à plusieurs batailles, d’un sort incertain, près des frontières, loin de Paris. Après le temps nécessaire pour mettre en marche d’énormes armées, les opérations proprement dites avaient commencé le 17 août. Dès le 22, les Français et les Anglais, qui s’étaient portés au secours de la Belgique, devaient reculer à Charleroi et à Mons. Les Allemands entraient en masse sur notre territoire, occupaient le nord de la France dans l’espace de quelques journées et s’ouvraient le chemin de Paris, tandis que les Alliés battaient en retraite. La France, dont le gouvernement ménageait les nerfs, n’apprit la situation que par un de ces communiqués laconiques dont il fallait se contenter dans l’intérêt général : avec tant d’autres droits, la discipline supprimait celui de tout dire. « De la Somme aux Vosges », disait le communiqué. Il révélait ce qu’on avait tenu caché : l’invasion, la chose terrible qu’on avait vue trois fois au siècle précédent. Et la Somme devenait bientôt la Marne. Des avant-gardes allemandes paraissaient à quelques kilomètres de Paris, d’où le gouvernement, pour ne pas être enfermé et assiégé comme en 1870, était parti pour Bordeaux. C’est à ce moment que se produisit la circonstance inespérée qui sauva tout.
    On a beaucoup discuté sur la bataille de la Marne. L’histoire dira que Joffre l’a gagnée parce qu’il eût été seul responsable s’il l’avait perdue. Le général Gallieni vit sans doute le premier la manœuvre à tenter contre le flanc de l’armée de von Kluck qui avait marché trop vite. Joffre, qu’un sang-froid étonnant n’avait pas abandonné depuis Charleroi, eut le mérite de comprendre la situation et, au lieu de continuer la retraite, de donner à toutes nos forces l’ordre de se porter en avant. C’est un des plus beaux redressements militaires qu’on ait vus dans l’histoire, et les Allemands en furent déconcertés. La bataille de la Marne, bataille gigantesque, qui s’étendit des abords immédiats de Paris jusqu’à la Moselle, dura du 6 au 13 septembre et se termina par la défaite et le recul général de l’ennemi. Paris était sauvé. L’invasion s’arrêtait. Les Allemands s’étaient proposé de mettre la France hors de combat en six semaines pour se retourner ensuite contre la Russie. Ce plan avait échoué. En Allemagne, quelques hommes clairvoyants commencèrent à comprendre que la guerre était perdue.
    Elle était encore loin d’être gagnée pour nous. Après la bataille de la Marne, la France crut à la victoire complète, à la délivrance du territoire, comme, après Valmy. Nos armées, fatiguées par leur retraite, puis par leur prodigieux effort, dépourvues des munitions qui eussent été nécessaires, ne purent empêcher les Allemands de s’établir sur de nouvelles lignes, de l’Oise jusqu’à l’Argonne. Dès le 17 septembre, le front était stabilisé, les tranchées se creusaient face à face : une sorte de guerre de siège, atroce et journellement meurtrière, commençait. En vain les Allemands essayèrent-ils de reprendre leur offensive et d’envelopper de nouveau les armées anglo-françaises en passant cette fois par la Flandre maritime, dans ces parages des eaux et des dunes où l’on s’était si souvent battu dans les vieilles guerres des Pays-Bas. Il y eut là d’inoubliables faits d’armes, comme celui de Dixmude. L’inondation aida à barrer la route aux Allemands. Au commencement du mois de novembre, après la bataille de l’Yser, ils durent reconnaître qu’ils ne passeraient pas, mais nous avions
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