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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18
Autoren: Jules Michelet
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ses très-belles lettres, se soutient avec dignité.
    Quelques formes bizarres, imprudemment cyniques, dont on abusa contre lui, n'empêcheront pas de déclarer:
    Qu'il fut le caractère le plus complet du XVIII e siècle, ayant seul réuni à la force l'idée . [Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE DERNIER
CREDO DU XVIII e SIÈCLE
1720-1757
    Le grand coup de Rosbach frappait, non-seulement la Pompadour, mais le Dauphin et la Dauphine. Celle-ci avait cru venger sa mère, le Dauphin venger Dieu. C'est par là que l'Autriche les avait pris, par là que l'amie de l'Autriche, gouvernante des enfants de France, madame Marsan, née Soubise, avait poussé son frère. Le Dauphin, fort peu Autrichien, le fut dans cette année 1757. Il eut le charitable espoir qu'on avait, en se mettant dix contre un, d'exterminer l'impie.
    Voltaire, la même année, ainsi que Frédéric, avait sa victoire, son Rosbach. C'est l' Essai sur les mœurs . Livre immense, livre décisif, qu'on attendait depuis quatre ans. Frédéric, quand Voltaire le quitta (1753), laissa publier la copie incomplète qu'il avait dans les mains. Elle fut à l'instant réimprimée partout. L'ouvragene parut complet, dans sa grandeur, qu'en mars 1757. Tiré du premier coup à un nombre inouï (7,000), il inonda l'Europe, la remplit de lumière. Mais ce qui est bien plus, ce livre, plein de vie et d'initiative, en donne à tout le monde. Il commence une enquête immense sur l'histoire, qui ne s'arrête plus. Le siècle marche dès lors dans un chemin nouveau, toute la grande armée historique, les Mably, les Raynal, les Hume, Gibbon et Robertson, Jean de Müller, etc. D'une part les critiques, et de l'autre les narrateurs, la philosophie de l'histoire, les Turgot, et les Condorcet.
    La France est loin de se sentir vaincue. Tout au contraire, elle envahit l'Europe. Le cycle varié de ses grands écrivains, très-harmoniques entre eux, répond aux besoins variés, aux sentiments des nations. Montesquieu gagne l'Angleterre, à ce point qu'il y fait Blakstone. Buffon, dans sa solennité, inaugure en Europe les études de la nature, Diderot la critique inspirée et des arts et de toute chose.
    Ce qui prouve le mieux la souveraineté de la France, c'est l'avidité, le respect, j'allais dire la religion, avec laquelle l'Europe l'accueillait dans son œuvre mêlée, énorme et indigeste, de l'Encyclopédie. Rien ne donne aujourd'hui l'idée d'une telle chose. Tant de milliers de souscripteurs pour un livre si lourd, si cher.
    Chaque volume est reçu comme un événement, salué avec enthousiasme. Bonne nouvelle? l'année de Rosbach, le septième volume a paru. L'Europe en est charmée. Outre les articles éclatants de Voltaire, Diderot,beaucoup d'autres saisissent, commandent l'attention. De l'article Genève qu'a donné d'Alembert, une révolution va sortir, le grand schisme encyclopédique.
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    C'est un sot préjugé, malheureusement fort répandu, qu'avant cette réaction le siècle avait flotté, divagué de côté et d'autre. Erreur. Il a marché très-droit.
    Qu'on me laisse un moment remonter et marquer depuis 1720 quelle avait été cette voie.
    1.—L'ACTION.—MONTESQUIEU, VOLTAIRE.
    Le point de départ est l'arrêt de Montesquieu (dans la 117 e des Lettres persanes ) sur le catholicisme «qui ne peut durer cinq cents ans.»
    Il n'eut jamais d'éclipse plus forte que sous la Régence. On ne le combattit pas; on l'oublia.
    Le jugement de Dieu, qu'il attestait toujours, avait deux fois prononcé contre lui. Vaincu deux fois, avec Philippe II, avec Louis XIV, il paraissait fini. Il l'était bien plus en lui-même, ayant dans l' Unigenitus condamné l'Évangile, et les propres mots de Jésus.
    Montesquieu ne s'amuse pas à faire la petite guerre, noter tel scandale, tel abus. Il va à la vraie question: Si le catholicisme meurt, est-ce un effet de ses abus qui l'écartent de l'Évangile? ou l'effet naturel, nécessaire,du principe chrétien?—Quel est-il, ce principe, et quelle est sa portée?
    Regardant l'avenir, dédaignant le présent et méprisant ce monde, condamnant toute occupation mondaine, maudissant la nature, il est essentiellement stérile et dépopulateur ( Lettre 144).—Il est le père des moines, mais il en est le fils, issu du monachisme oriental, si fort en Égypte, en Syrie, avant Jésus, plus fort dans la mort de l'Empire, ce grand tombeau des nations. Au monde défaillant qui n'agissait plus guère, qui n'espérait plus rien, il interdit
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