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Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Histoire De France 1724-1759 Volume 18

Titel: Histoire De France 1724-1759 Volume 18
Autoren: Jules Michelet
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colonne anglaise (1745). Ici tout est dissous (1757). Personne ne se soucie de guerre. «Nos paysans en ont horreur,» dit Quesnay, article Fermiers , dans l' Encyclopédie .
    L'âme est morte? Non pas. Avant Mahon, quand on dit qu'on n'embarquerait que les gens de bonne volonté, ils voulurent tous en être. Mais dans cette misérable guerre d'Allemagne, se traînant, embourbés dans la boue, le vol, et le pillage, et les jambons de Westphalie, ils se moquaient d'eux-mêmes, méprisaient cette guerre qu'on faisait pour trois femmes et (sans nul doute usant déjà du mot rude de 92) «pour ces cochons de Kaiserlics.»
    L'armée française, chaque matin, à dix heures, offrait un grand spectacle. Devant les tentes, en ligne, on coiffait tous les officiers. Les coiffeurs, l'épée au côté, les tenaient sous le fer, frisaient, poudraient à blanc. Cérémonie essentielle. Comment se montrer décoiffé? Défrisé, on n'était plus un homme. Nul besoin du service, nul danger n'aurait ajourné.
    Cela prenait du temps, bien plus que sous Louis XIV. Car la vaste perruque du XVII e siècle était frisée la nuit, toute préparée pour le matin. L'artiste, au XVIII e , vous tenait par la tête une heure et plus. Aussi, les perruquiers avaient pris un grand vol. Ils devinrent innombrables. En 89, à Paris, ils étaient vingt ou trente mille.
    Ces officiers coquets, quoique assez vifs au feu, de mœurs, d'habitudes, étaient femmes. Aux salons, ils brodaient, découpaient des estampes, etc. Plusieurs étaient très-jeunes. Tel colonel avait quinze ans. À l'assaut de Mahon, on en vit un de douze, qui ne savait marcher; ses petits pieds se froissaient aux décombres; un grenadier le prit, lui servit de nourrice.
    Ces faibles créatures ne manquaient guère, par vanité,d'entretenir des femmes. Leurs actrices, chanteuses ou danseuses, les suivaient vaillamment dans leurs carrosses, avec leur train, coiffeurs et cuisiniers. L'officier, sa toilette faite, laissait le camp, allait au camp des femmes rire et causer. Le maréchal de Saxe n'en fit-il pas autant? est-ce qu'il n'avait pas sa Favart pour chanter avant la bataille? Mais ces dames n'auraient pas marché, si elles n'eussent trouvé à la guerre tout ce qu'on avait à Paris, leurs marchandes de modes, leurs soieries, essences et parfums, parasols et fard, mouches à mettre au coin de l'œil.
    L'esprit d'égalité gagnait. Les subalternes, d'après les officiers, voulaient avoir des filles, les soldats même aussi. On dit que douze mille chariots traînaient à l'arrière-garde. Vaste camp pacifique qui avait l'aspect d'un bazar.
    Pour être juste, il faut à cette corruption étourdie en opposer une grossière, celle de l'Autriche. Qui croirait que parmi les fournisseurs de Frédéric, ses marchands de foin et de farine, on comptait l'Empereur lui-même? Oisif, avare, il jouait au trafic; il nourrissait l'armée qui battait celles de sa femme. Vienne était rempli d'espions de Prusse. Les grandes dames, dans leur vie gourmande, molle et voluptueuse, avaient toutes quelque favorite, quelque petite femme de chambre, lui disaient tout. Le bijou ennuyé se consolait par un amant et lui livrait ses confidences. Il les transmettait à Berlin. On put savoir ainsi que le général de l'Empire recevait de l'argent de Vienne, qu'il entraînait Soubise, et le presserait de se battre à la première occasion.
    Le 7 novembre 1757, Frédéric, n'ayant que 20,000 hommes, des hauteurs de Rosbach, contemplait l'armée de Soubise et du prince Hildburghausen, augmentée d'un renfort qu'avait envoyé Richelieu. Soubise hésitait à combattre, disait à son collègue l'attitude réelle du Prussien, caché par ses tentes, et qui derrière s'était mis en bataille.
    À ce moment critique, vient un billet de Vienne pour Soubise, billet de Choiseul. Il lui conseille, le presse de se battre ( Duclos , 646). Conseil impérieux! Soubise y sent l'impératrice, l'ordre absolu. Que faire? S'il ne combat, c'est fait de sa fortune.
    «Je le tiens, disait le sot prince allemand, je vais l'envelopper.» Opération très-simple. Il fallait pousser notre armée à droite, cerner leur aile gauche, leur couper la retraite; et pour cela d'abord faire un long défilé, passer devant le Prussien, sous son artillerie.
    On n'est pas à moitié que ses tentes ont tombé. Il apparaît... Sa cavalerie se démasque et s'élance. La nôtre lutte un peu. Mais l'infanterie ne soutient rien, on travaillait à la mettre en
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