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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17
Autoren: Jules Michelet
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mystère. Elle n'en est pas moins un objet de culte. Bolingbroke, qui ne croit à rien, croit à elle et lui est dévot. Il porte envie au trop heureux amant, et tous lui portent et porteront envie. MM. de Goncourt parlent d'elle avec une admiration passionnée (p. 177). Sainte-Beuve (dans sa belle notice) en est si amoureux, qu'il s'efforce de croire que Fériol était trop vieux et qu'il respecta son esclave. Je voudrais bien croire aussi cette chose improbable.
    Ce Fériol avait passé toute sa vie dans les guerres turques en Hongrie, près de Tékély (V. Hammer), et n'était guère moins Turc que le pacha Bonneval. En 1699, il devint notre ambassadeur à Constantinople. Il n'y eut jamais un homme plus fier, plus violent. Jamais il ne voulut paraître sans épée devant le sultan, selon le cérémonial d'usage. Saint-Simon en raconte un trait fort honorable (chap. CCXII, année 1708). Le grand vizir ayant fait des avanies au ministre de Hollande, celui-ci voulut se réfugier chez l'ambassadeur d'Angleterre, qui, malgré l'intime union des deux États, refusa de lui donner asile. Ce fut son ennemi, le Français Fériol, qui lui ouvrit son palais, le reçut et le protégea.—Je reviendrai sur Aïssé et sa fin si touchante. Que de fois j'ai lu et relu ses dernières lettres, pour y pleurer encore et me laver des sottes larmes que me coûtait Manon Lescaut !
    À propos de cette Manon , Aïssé la désigne, la lit dès 1727, ce qui ferait croire que Prévost avait détaché et publié des parties des Mémoires d'un homme de qualité , qui ne parurent entiers qu'en 1732. Cette date de 1727 me paraît très-vraisemblable. Quand on sait lire , on lit très-clairement que Manon est de la Régence, et nullement du temps de Fleury. [Retour au texte principal.]
    Note 6: La cour de Sceaux, la cour d'Espagne, l'Europe entière croyait à l'inceste du Régent avec ses filles.—Cela est très-peu vraisemblable pour mademoiselle de Valois, absurde pour l'abbesse de Chelles. Quant à l'aînée, duchesse de Berry, il n'y a que trop de vraisemblance. Madame de Caylus dit qu'elle posa pour les dessins de Daphnis et Chloé. Duclos croit que le Régent craignait les indiscrétions de sa fille. Ceux qui écrivent hors de France, comme Du Hautchamp, sont très-affirmatifs et très-explicites là-dessus. Mais ce qui en dit bien plus qu'aucune affirmation particulière, c'est l'ensemble de mille détails, qui, rapprochés, mènent là invinciblement.—Quand Saint-Simon lut au Régent la satire de Lagrange-Chancel, il fut ému, indigné de l'accusation d'empoisonnement, mais non de celle d'inceste.—Pour le fait tiré de Soulavie, je ne l'emprunterais pas à cette source moderne et suspecte, si l'opinion des contemporains sur l'amour du Régent ne le rendait très-vraisemblable. Les autres anecdotes du même auteur, sur les filles du Régent, sur le sacrifice qu'aurait fait mademoiselle de Valois pour tirer Richelieu de prison, semblent imaginés uniquement à la gloire du vieux fat, dont Soulavie avait les lettres et les papiers.—Il est à regretter que Lemontey n'ait point complété son mémoire sur les filles du Régent ( Revue rétrospective ).—Les lettres de Madame, publiées en 1862, donnent de curieux détails sur l'insolence et l'esprit brouillon de la duchesse de Berry.—C'est en rapprochant Saint-Simon de Du Hautchamp, etc., qu'on peut dater et l'entrée de madame d'Arpajon chez la duchesse, et l'époque de la tentative qui faillit coûter un œil au Régent; enfin, la plaisanterie de d'Aguesseau et sa sortie du ministère (janvier 1718)—sur l'embonpoint de la duchesse. V. Saint-Simon et Duclos, éd. Michaud, p. 503, note d'un contemporain. [Retour au texte principal.]
    Note 7: L'histoire très-détaillée et très-instructive de Coxe, tirée des sources espagnoles, fait connaître la parfaite indifférence religieuse d'Alberoni et de la reine, l'indignité des deux intrigants italiens, qui, tout en relevant l'Inquisition, rallumant les bûchers, recherchent l'alliance hérétique. Saint-Simon est curieux sur l'intérieur de cette cour, mais très-suspect. Comblé de caresses et de faveurs, espagnolisé tout à fait par la grandesse qu'on donne à un de ses fils, il peut compter pour un ami personnel de Philippe V et de la reine. Le plus vrai, le plus clair, c'est Lemontey qui nous le donne, d'après les correspondances diplomatiques. La singulière révélation d'Alberoni sur les mœurs de ce roi dévot et les
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