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HHhH

HHhH

Titel: HHhH
Autoren: Laurent Binet
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morts. Kubiš, Opálka, Bublik, morts en héros mais morts quand
même. Je n’ai même pas le temps de les pleurer car l’Histoire, cette fatalité
en marche, ne s’arrête jamais, elle.
    Les Allemands fouillent les
décombres et ne trouvent rien. Ils déposent le cadavre du troisième homme sur
le trottoir et font venir Čurda pour l’identification. Le traître baisse
la tête et murmure : « Opálka. » Pannwitz se réjouit :
bonne pioche. Il suppose que les deux hommes dans l’ambulance sont les deux
auteurs présumés de l’attentat, dont Čurda a lâché les noms pendant son
interrogatoire, Josef Gabčík et Jan Kubiš. Il ignore que Gabčík est
juste sous ses pieds.
    Gabčík a forcément compris
quand les tirs ont cessé que son ami est mort puisque jamais ils ne se seraient
livrés vivants aux mains de la Gestapo. Maintenant, aux côtés de Valičík
et de deux autres camarades, Jan Hrubý de « Bioscope » et Jaroslav
Švarc, de « Tin », ce dernier fraîchement envoyé par Londres pour
commettre un autre attentat sur la personne, cette fois-ci, d’Emanuel Moravec
le ministre collabo, il attend que les Allemands fassent irruption dans la
crypte ou repartent sans les avoir débusqués.
    Au-dessus d’eux, on s’agite
encore mais on ne trouve toujours rien. L’église semble avoir été ravagée par
un tremblement de terre, et la trappe qui donne accès à la crypte est
dissimulée sous un tapis que personne n’a l’idée de soulever. Quand on ne sait
pas ce qu’on cherche, évidemment, toute perquisition perd en efficacité, sans
compter que les nerfs des policiers et des soldats ont été durement éprouvés.
Tout le monde se dit qu’il n’y a probablement plus rien à faire ici, la mission
a été remplie et Pannwitz va proposer à Frank de lever le camp. Mais un homme
trouve quelque chose, néanmoins, qu’il apporte à son chef : un vêtement,
je ne sais même pas si c’est une veste, un pull, une chemise ou des
chaussettes, qu’il a ramassé dans un coin. L’instinct du policier se met
aussitôt en alerte. Comment décide-t-il que ce vêtement n’appartient pas à l’un
des trois hommes abattus dans la galerie, je l’ignore, mais il ordonne de
chercher encore.
    Il est 7 heures passées
quand ils trouvent la trappe.
    Gabčík, Valičík et
leurs deux camarades sont faits comme des rats. Leur cachette devient leur
prison et tout porte à croire qu’elle sera leur tombeau mais en attendant, ils
vont en faire un bunker. La trappe se soulève. Lorsque les jambes d’un uniforme
SS apparaissent, ils lâchent à leur tour une courte rafale, comme la signature
du sang-froid qui les habite. Hurlement. Les jambes disparaissent. Leur
situation est très mauvaise et désespérée mais aussi assez solide, d’une
certaine manière, au moins à court terme, plus encore que dans la galerie.
Kubiš et ses deux camarades bénéficiaient d’une position en surplomb qui leur
permettait de dominer les agresseurs. Ici, c’est l’inverse, puisque
l’assaillant arrive par le haut, mais l’étroitesse de la voie d’accès oblige
les SS à descendre un par un, laissant tout le temps aux défenseurs de les
ajuster pour les abattre l’un après l’autre. C’est un peu le même principe
qu’aux Thermopyles, si on veut, sauf que la tâche remplie par Léonidas ici a
déjà été accomplie par Kubiš. Protégés par d’épais murs de pierre, Gabčík,
Valičík, Hrubý et Švarc disposent donc d’un peu de temps, au moins pour
réfléchir. Comment sortir de là ? Au-dessus d’eux, ils entendent :
« Rendez-vous, il ne vous sera fait aucun mal. » L’unique accès de la
crypte est cette trappe. Il y a aussi la meurtrière horizontale, à quelque
trois mètres au-dessus du sol : ils disposent d’une échelle pour
l’atteindre mais elle est trop étroite pour laisser passer un homme, et de
toute façon elle donne directement sur la rue Resslova envahie par des
centaines de SS. « Vous serez traités comme des prisonniers de
guerre. » Il y a bien aussi ces quelques marches qui mènent à une ancienne
porte condamnée mais celle-ci, en admettant qu’on arrive à la briser, ne
donnerait accès qu’à l’intérieur de la nef qui grouille d’Allemands. « On
me dit de vous dire que vous devez vous rendre. Donc je vous le dis. Que rien
ne vous arrivera de fâcheux, qu’on vous traitera comme des prisonniers de
guerre. » Les parachutistes reconnaissent la voix du prêtre, le
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