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HHhH

HHhH

Titel: HHhH
Autoren: Laurent Binet
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allemand où l’absence de
résultats devient facilement du sabotage aux yeux des chefs, d’autant plus
lorsqu’il s’agit de dissimuler leurs propres erreurs ou d’étancher leur soif de
victimes (ici les deux facteurs opèrent en se combinant). Des boucs émissaires
coûte que coûte, telle aurait pu être la devise du Reich ; aussi Pannwitz
ne ménage-t-il pas sa peine pour rester du bon côté de la barrière, comment lui
en vouloir ? C’est un flic de métier qui procède avec méthode. Il a donné
des instructions extrêmement strictes à ses hommes. Silence absolu. Plusieurs
cordons de sécurité. Maillage du quartier très serré. Personne ne tire sans son
autorisation. Il nous les faut vivants. Non pas qu’on lui en tienne rigueur si
jamais il les tue mais un ennemi capturé vivant, c’est la promesse de dix
nouvelles arrestations. Les morts ne sont pas bavards. Quoique, d’une certaine
façon, le cadavre de la Moravcová a su trouver les mots. Pannwitz ricane-t-il
intérieurement ? À l’heure d’arrêter enfin les assassins d’Heydrich qui
ridiculisent toutes les polices du Reich depuis trois semaines, il doit en tout
cas ressentir une certaine nervosité. Après tout, il ignore ce qui l’attend à
l’intérieur. Prudemment, il envoie un homme pour se faire ouvrir la porte de la
cure. Personne à cet instant ne peut savoir que le silence qui recouvre Prague
vit ses dernières minutes. L’agent sonne. Un long moment s’écoule. Puis les
gonds finissent par tourner. Un Sacristain ensommeillé apparaît dans
l’encadrure. Il est frappé et menotté avant d’avoir pu ouvrir la bouche. Il
faut lui expliquer cependant le but de cette visite matinale. On souhaite voir
l’église. L’interprète traduit. Le groupe traverse un couloir, se fait ouvrir
une seconde porte et pénètre dans la nef. Les hommes en noir se déploient comme
des araignées, à cette différence qu’ils ne grimpent pas aux murs mais que
l’écho de leurs pas résonne en ricochant sur les hautes parois de pierre. Ils
cherchent partout mais ne trouvent personne. Il reste à fouiller la galerie qui
surplombe la nef. Pannwitz repère un escalier en spirale derrière une grille
fermée à clé. Il demande la clé au sacristain qui jure qu’il ne l’a pas.
Pannwitz fait briser la serrure à coups de crosse. Au moment où l’on ouvre la
grille, un objet sphérique quoique légèrement oblong roule dans l’escalier, et
tandis qu’il entend le métal tinter sur les marches, Pannwitz comprend tout,
j’en suis sûr. Il comprend qu’il a découvert le repaire des parachutistes,
qu’ils sont réfugiés dans la chambre du chœur, qu’ils sont armés et qu’ils ne
vont pas se rendre. La grenade explose. Un rideau de fumée s’abat sur l’église.
Simultanément, des Sten entrent en action. L’un des agents présents, le plus
zélé de tous d’après l’interprète, pousse un hurlement. Pannwitz donne
immédiatement l’ordre de se replier mais ses hommes, aveugles et désorientés,
se mettent à courir et à tirer dans tous les sens, pris sous un feu croisé de
haut en bas. La bataille de l’église vient de commencer. Visiblement, les
visiteurs ne s’étaient pas préparés à ça. Ils ont peut-être cru que ce serait
facile puisque d’habitude la seule odeur du cuir de leurs imperméables suffit à
pétrifier n’importe qui. L’effet de surprise est donc total en faveur des
défenseurs. Tant bien que mal, la Gestapo ramasse ses blessés et parvient à
évacuer. Les tirs cessent de part et d’autre. Pannwitz va chercher un escadron
SS qu’il lance à l’assaut et qui reçoit le même accueil. Là-haut, d’invisibles
tireurs connaissent leur affaire. Parfaitement positionnés pour couvrir tous
les angles de la nef, ils prennent leur temps, visent avec soin, tirent avec
parcimonie et touchent souvent. Chaque rafale fait crier l’envahisseur.
L’escalier étroit et incommode rend la galerie aussi peu accessible que la plus
solide barricade. L’assaut se solde par un deuxième repli. Pannwitz comprend
qu’il est illusoire de vouloir les prendre vivants. Pour ajouter au chaos
ambiant, quelqu’un ordonne aux mitrailleuses postées sur le toit d’en face
d’ouvrir le feu. Les MG42 vident leurs chargeurs sur les vitraux qui volent en
éclats.
    Dans la galerie, trois hommes
sont douchés par une pluie de verre chamarré, trois hommes seulement, ce sont
Kubiš d’« Anthropoïde », Opálka d’« Out
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