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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie
Autoren: Maurice Denuzière
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les rives du Léman pour s’installer dans les cantons suisses du Nord. Ces Français exilés avaient tenté depuis, avec le soutien des Autrichiens, de fomenter des troubles, vite réprimés, dans les districts de Schwyz et de Nidwald.
     
    Au service des Affaires secrètes et des Reconnaissances, dont une des missions était la surveillance de ceux que l’on nommait en France les émigrés, on savait que tous les exilés n’avaient pas obtempéré à l’ordre des autorités de l’époque et que certains résidaient toujours à Lausanne ou dans les environs.
     
    Fontsalte avait même acquis la certitude que plusieurs entretenaient, par l’intermédiaire des agences royalistes de Venise et de la Souabe, des relations avec Louis XVIII, que le tsar Paul I er hébergeait, à Mitau, sur les bords de la Baltique.
     
    Tant sous l’autorité du Directoire que sous le Consulat, les événements s’étaient précipités. La France avait soumis la Hollande, signé la paix avec la Prusse et l’Espagne et, en Suisse, la révolution de janvier 1798 avait profondément modifié, en quelques semaines, le visage du pays. Le canton de Vaud, dont le Directoire s’était institué unilatéralement le protecteur, en décembre 1797, avait pu se délivrer du joug bernois pour se constituer en République lémanique, avant d’être intégré dans la République helvétique sous le nom de canton du Léman. Et les Vaudois, enthousiastes, avaient adopté, le 9 février 1798, une Constitution helvétique, conçue et rédigée à Paris, avec le concours du Bâlois Pierre Ochs.
     
    Or cette Constitution helvétique proclamait, dans son article 6 : « La liberté de conscience est illimitée. […] Tous les cultes sont permis s’ils ne troublent point l’ordre public et n’affectent aucune domination ou prééminence. »
     
    Ainsi avaient été sagement organisées, à la fois, l’indépendance du pays de Vaud et la séparation de l’Église et de l’État, que souhaitaient les vrais républicains. Du coup, les immigrés catholiques français avaient repris confiance en leur destin.
     
    Souvent protégés par des catholiques étrangers, comme la baronne d’Olcah, une Allemande qui faisait célébrer la messe dans sa chapelle privée, à l’Avant-Poste, près de Lausanne, les « amateurs de supercheries papistes », comme les désignaient certains pasteurs, pouvaient se sentir à l’abri des lois nouvelles.
     
    Les consuls, et tout d’abord Bonaparte, premier d’entre eux, faisaient preuve dans ce domaine, et non sans raison, des mêmes craintes et de la même méfiance que les Directeurs d’autrefois. Les libelles qui avaient circulé les 11 et 12 mai à Lausanne étaient peut-être inspirés par des agents de Louis XVIII, réfugiés en Suisse. Depuis qu’on avait raconté à Fontsalte qu’un prêtre réfractaire, l’abbé Pierre Baret, avait été, pendant trois ans, le précepteur des enfants du pasteur Secrétan, un des plus respectés de Lausanne, le capitaine estimait devoir ouvrir l’œil, et surtout l’oreille. Pas n’importe où, ni n’importe comment cependant, puisqu’il avait aussi appris que le général André Masséna avait fait baptiser, deux ans plus tôt, sa dernière fille, par un prêtre réfractaire, dans la chapelle de la baronne d’Olcah !
     
    Il convenait donc d’être circonspect et de ne pas montrer un zèle répressif, qui aurait pu paraître intempestif à certains.
     
    Fort heureusement, un paragraphe de l’article 6 de la Constitution, qui avait institué la liberté religieuse, donnait aussi à la République helvétique, « dans l’intérêt de la paix intérieure », le pouvoir de faire surveiller par sa police les communautés religieuses et les exercices des cultes, afin de « s’enquérir des dogmes et des devoirs qu’ils enseignent ». Le comportement des prêtres réfractaires français réfugiés en Suisse, qui ne pouvait que déplaire au Premier consul, restait donc officiellement contrôlable.
     

    En attendant, sous ses dehors pimpants, Vevey ne semblait dissimuler aucune menace de complot ou d’attentat et c’est en toute sérénité que l’officier s’engagea dans la traversée de la ville.
     
    Dès ses premiers pas, il repéra, sur une petite place, une maison massive mais point lourde, flanquée d’une tour, que le châtelain de Fontsalte identifia comme une noble demeure du temps passé. Il interpella un gamin, qui remplissait un
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