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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara
Autoren: Patrick Girard
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reste à passer sur cette terre à
transmettre aux générations futures, ayant échappé à la captivité, les mystères
sacrés de notre religion et les cérémonies de nos cultes. De la sorte, nos
traditions ne disparaîtront pas de ces rivages. Sache aussi que se trouvent ici
des membres éloignés de ta famille paternelle. Intercède également pour eux
afin de leur éviter une fin indigne de leur rang.
    Intrigué
par ce long dialogue, Scipion Aemilianus m’ordonna de lui traduire sur-le-champ
les propos de mon interlocuteur. Je le fis en ajoutant :
    — Tu
as promis à nos dieux et à nos déesses qu’ils seraient accueillis dans votre
panthéon et que vous continueriez à autoriser qu’un culte leur soit rendu.
Comment cela sera-t-il possible s’ils n’ont plus de prêtres connaissant nos
rites religieux et les prières qu’il convient de leur adresser ? Himilkat
est un vieil homme et il ne constitue une menace pour personne. Accorde-lui
donc la liberté afin qu’il puisse servir comme auparavant Baal Eshmoun et le
supplier qu’il accorde à nos morts un séjour tranquille dans l’au-delà. Tu es
un homme pieux et nos dieux te sauront gré de ce geste.
    L’air
grave, le consul réfléchit longuement, puis me dit :
    — Annonce
à tes amis et à tes parents qu’ils sont placés sous sa protection et qu’ils
auront la vie sauve. Ils pourront quitter librement ta cité et tenter de
refaire, sous des cieux plus cléments, leur existence.
    — Je
te remercie de ta générosité. Tu aurais pu me refuser cette grâce car ce sont
les prêtres d’Eshmoun qui ont égorgé certains de vos prisonniers quand nous
nous sommes rendus coupables de ce forfait.
    — Je
n’aime pas punir les innocents. Quand Himilkat s’est présenté devant moi,
j’ignorais certaines choses.
    Depuis, je
sais que, de tous les prêtres de Baal Eshmoun, il est le seul à avoir
désapprouvé l’exécution des captifs, contrairement aux autres desservants du
sanctuaire, lesquels recevront le châtiment qu’ils méritent. J’ai eu tort
d’agir envers lui comme je l’ai fait. Il n’a pas à payer pour eux. Quant à toi,
si je t’ai laissé en vie, c’est parce que je l’avais promis. J’ajoute que la
mort de ta femme et de tes enfants t’a puni suffisamment des crimes dont je
serais en droit de t’accuser. J’aurais aimé qu’ils restent en vie pour une
simple raison.
    Je
n’oublie pas que ton épouse, Himilké, appartenait à la lignée des Barcides. Or,
tu l’ignores peut-être, ceux-ci, à plusieurs reprises, ont fait preuve de
mansuétude à l’égard de membres de ma famille adoptive. Jadis, Hamilcar, son
arrière-grand-père, a accordé des funérailles décentes à l’un de mes lointains
parents tombé, les armes à la main, sous les murs de Carthage. Nous savons
aussi qu’il favorisa l’évasion de notre consul Marcus Attilius Régulus, revenu
se livrer au Conseil des Cent Quatre après l’échec d’une tentative de paix
entre nos deux villes. Il le fit conduire dans l’île des Lotophages où il fut
accueilli par des Hébreux qui y séjournent depuis la destruction de leur Temple
à Jérusalem.
    J’irais
même plus loin, au risque de te surprendre. Nous avons une dette envers
Hannibal. En ne marchant pas sur Rome après son éclatante victoire à Cannae, il
a permis, sans le savoir ou le vouloir, que notre cité ne disparaisse pas de la
surface de la terre. Mon grand-père adoptif, Scipion l’Africain, l’estimait
trop pour que je me comporte de manière cruelle envers les siens et leurs parents.
C’est pour cela que je t’avais jadis promis de t’épargner, toi et les tiens, si
tu acceptais de te rendre. Je ne tiens pas à être parjure en ne respectant pas
la parole que je t’avais alors donnée. Dès demain, une de mes trirèmes conduira
tes amis, tes parents et leurs proches en lieu sûr. Je ne puis toutefois les
autoriser à résider à Hadrim ou à Utique pour des raisons que tu comprendras
aisément. Ils pourraient y susciter des troubles ou, pis, être mal accueillis
par certains de vos compatriotes. Mais je suis persuadé que les Hébreux de
l’île des Lotophages sauront prendre soin d’eux et leur fourniront l’aide
nécessaire pour qu’ils trouvent un asile sûr. Qu’ils se préparent donc à
rassembler leurs affaires !
    Effectivement,
le lendemain, une trirème quitta le port de Carthage et vogua en direction du
sud. J’ignore ce qu’il est advenu d’Himilkat,
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