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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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saurait tarder en dépit des marques d’amitié insignes que
nous n’avons cessé de prodiguer aux Romains. Tu veux savoir ce que contient ce
coffre de cuir. Je vais te le dire car le Conseil des Cent Quatre m’a chargé de
toute cette affaire. C’est la copie, faite à ma demande par le chef des
scribes, des traités conclus avec Rome depuis l’établissement de relations
entre nos deux cités. Je te donne lecture d’un des plus récents pour que tu
comprennes que nous sommes dans notre bon droit :
    Entre les
Romains et leurs alliés, et entre les Carthaginois, les Tyriens, les gens
d’Utique et leurs alliés, il y aura alliance à ces conditions : que les
Romains n’exercent pas la piraterie ni le commerce et qu’ils ne fondent pas de
cités au-delà du Beau Promontoire et de Maslia de Tarsis. Si les Carthaginois
s’emparent d’une ville du Latium non soumise aux Romains, ils garderont le
butin et les hommes mais rendront la cité. Si un Carthaginois capture un homme
lié aux Romains par un traité de paix écrit, mais qui n’est pas leur sujet, il
ne sera pas conduit dans un port romain. Si cela advenait et qu’un Romain s’en
empare, le prisonnier devra être libéré. Les mêmes clauses sont valables pour
les Romains. Si dans un territoire au pouvoir des Carthaginois un Romain fait
provision de vivres et d’eau, il n’offensera personne qui soit lié aux
Carthaginois par des liens de parenté et d’amitié ; il en sera de même
pour les Carthaginois. Dans le cas contraire, il ne sera pas puni comme un
simple particulier, mais l’outrage sera considéré comme public. En Sardaigne et
en Libye aucun Romain ne fondera de ville ni ne demeurera plus que le temps
nécessaire au ravitaillement et à la réparation de son navire. S’il y est
poussé par la tempête, il devra en repartir au bout de cinq jours. Dans la
partie de la Sicile soumise aux Carthaginois et à Carthage même, chaque Romain
pourra agir et faire du commerce librement, à parité de droit avec les
citoyens. Il en sera de même à Rome pour tout Carthaginois.
    — Ce
sont là de sages dispositions.
    — Et
fort généreuses, mon fils. Tu as rappelé la visite que nous fit jadis dans
notre demeure de Mégara l’amiral Magon. Sais-tu que, lors de son séjour à Rome,
il fit ajouter à ce traité la clause suivante : « À quiconque aura
besoin d’aide les Carthaginois fourniront des navires pour l’aller et le
retour ; quant aux vivres, chaque peuple les fournira aux siens. Sur mer
aussi, les Carthaginois viendront en aide aux Romains, en cas de nécessité. Nul
ne pourra cependant forcer les équipages à débarquer contre leur gré. »
    — Ce
sont là de bonnes paroles qui n’engagent à rien.
    — Détrompe-toi.
À l’époque, Pyrrhus, roi d’Epire [13] , dévastait l’Italie et la Sicile dont les populations s’étaient
soulevées contre notre autorité et avaient contraint nos forces à se replier
sur la forteresse de Lilybée [14] . En Campanie, Rome se trouvait dans la même situation. Ses alliés
s’étaient révoltés et les troupes de Pyrrhus dévastaient les vastes propriétés
des sénateurs. Nos navires ont transporté une légion d’Ostie à Rhêgion [15] et sont restés sur place pour bloquer le passage entre l’île et la
grande terre. Quant à nos troupes, elles se sont vaillamment battues pour
chasser Pyrrhus de Sicile au grand soulagement des Romains.
    — Ils
devraient nous en être éternellement reconnaissants.
    — C’est
un sentiment que ces êtres fourbes et déloyaux ignorent. J’ai le triste
pressentiment qu’une lutte à mort va s’engager entre nos deux cités et c’est
pour cela que je suis venu te chercher à Aspis. Hamilcar, mon fils, moi-même et
quelques sénateurs comptons sur toi pour mener une lutte impitoyable contre
Rome. Tu es jeune, tu ne peux exercer pour l’instant de commandement, mais un
jour viendra, j’en suis sûr, où tu seras à la tête de notre armée. Nous y
veillerons. C’est à cela que tu dois tendre de toutes tes forces en acquérant
auprès de tes compagnons d’armes l’expérience nécessaire. Sache que tu ne te
bats pas pour le simple plaisir mais pour ta cité, Carthage, et pour ses dieux.
Tu ne dois espérer ni trêve ni repos. Il se peut même que, dans les années à
venir, nous n’ayons guère l’occasion de nous rencontrer car tu seras loin de
l’enceinte sacrée de nos pères, guerroyant sous des cieux encore inconnus de
toi. Mais
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