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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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sa vie entière, il ne passera en tout et pour tout que deux nuits ! En effet, à la suite des journées révolutionnaires de juillet 1830, les fameuses Trois Glorieuses, qui font de Louis-Philippe d’Orléans le « roi des Français » et non plus le « roi de France », le jeune Chambord et sa famille sont contraints à l’exil.
    Le roi Charles X abdique en faveur de son fils, le duc d’Angoulême, qui, après avoir régné durant trois quarts d’heure sous le nom de Louis XIX – ce qui fit de son règne l’un des plus courts de toute notre histoire ! –, abdique à son tour en faveur de son petit neveu, le tout jeune Chambord. Pourquoi Charles X a-t-il sommé son propre fils d’abdiquer en faveur d’un enfant de dix ans ? Tout simplement parce qu’il pense qu’il est trop marqué par l’Ancien Régime pour pouvoir incarner la nouvelle espérance monarchique.
    Voici donc comment le jeune comte de Chambord règne à son tour quelques heures sous le nom d’Henri V, le temps de faire ses bagages et de quitter la France pour l’exil le plus long de toute l’histoire du XIX e siècle, puisqu’il va durer quarante et un ans ! Durant toutes ces années, la France va expérimenter toutes sortes de régimes politiques, de la monarchie constitutionnelle avec Louis-Philippe, à l’éphémère Deuxième République établie en 1848, puis du Second Empire, de 1852 à 1870, à la Troisième République proclamée au lendemain de la défaite de Sedan contre les Prussiens.
    Que ce soit dans les cours européennes qu’il fréquente ou dans sa demeure de Frohsdorf en Autriche, le comte de Chambord ne côtoie pour ainsi dire que des sympathisants qui tous parlent de lui comme du « roi Henri ».
    « Pendant bien des années, Frohsdorf fut, pour le commun des mortels, une sorte de tabernacle fermé aux indiscrétions et dont on ne savait rien, sinon qu’y survivait, dans une sorte de majesté brumeuse, le représentant d’un passé oublié (6) . »
    Dans l’esprit de tous, Henri V, alias Chambord, est ce roi sans royaume dont l’heure viendra. Mais lorsque le moment sera en effet venu de prendre le pouvoir, qu’en fera-t-il ? Entre Charles X, son grand-père, et sa tante, la douloureuse duchesse d’Angoulême, « l’Orpheline du temple », fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, il est élevé dans l’horreur de la Révolution et la haine de la famille d’Orléans. Il se montre indéfectiblement attaché à une conception révolue – en tout cas en France – de la société et du pouvoir monarchique. Le programme qu’il va passer près de dix-huit ans à concocter est donc très « Ancien Régime ». Cela dit, il faut reconnaître que Chambord eut à la fois le mérite et la particularité d’être le seul et unique souverain de l’histoire de France à avoir proposé un programme politique à ses futurs sujets !
     
    Alors qu’il a quitté la France depuis plus de quarante ans, une chance unique se présente d’y revenir et d’y voir enfin restaurer la monarchie. La guerre de 1870 ayant balayé l’Empire, les élections de 1871 supervisées par les Prussiens ont porté à la Chambre une écrasante majorité de députés monarchistes. Pour la première fois depuis quarante et un ans, Chambord revient en France. À son arrivée à Paris, le 2 juillet 1871, il se rend à Notre-Dame, l’église de son baptême, pour y dire une prière, se fait ensuite conduire à la Sainte-Chapelle, puis se rend sur son lieu de naissance, le palais des Tuileries, dont il ne reste à présent que des cendres – il a été incendié pendant la Commune. Enfin, il va se recueillir devant la statue d’Henri IV, érigée au beau milieu du Pont-Neuf.
    Les partisans du comte de Chambord veulent l’amener doucement à envisager l’établissement d’une monarchie constitutionnelle. Chambord en accepte le principe, mais il ne veut pas d’un régime où le roi n’aurait aucun pouvoir. Quant au drapeau tricolore, qu’on prétend lui faire adopter, il n’en est tout simplement pas question ! C’est viscéral, il ne peut en supporter l’idée ! L’accepter, ce serait se comporter en « roi légitime de la Révolution », en faisant passer la référence au peuple avant l’autorité monarchique. Dans un Manifeste du drapeau blanc publié en juillet 1871, Chambord écrit : « Henri V ne peut abandonner le drapeau blanc d’Henri IV. » Ce faisant, il balaie tout espoir d’une restauration rapide. Élu président de la
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