Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
supérieur droit. Celle du milieu lui plaisait particulièrement ; peut-être avait-elle éveillé en lui des fantasmes érotiques. Il n’apprit que des années plus tard qu’il s’agissait de la célèbre villa Farnesina – et le nom des artistes qui l’avaient décorée.
    Cela ne faisait aucun doute : la sanguine posée devant lui ne pouvait être qu’une esquisse de la main de Perino del… non. Perino del Vaga avait certes participé à l’embellissement de la Farnesina, mais pas dans la loggia de Psyché. Les noces avec les trois Grâces étaient l’œuvre de… mon Dieu, bien sûr ! Il aurait dû s’en rendre compte tout de suite. Ce n’était pas difficile.
    — Un dessin de Raphaël, lâcha-t-il brièvement.
    Cette affirmation fut suivie d’un silence plein de respect. Il l’avait bien mérité, pensa-t-il. Du coin de l’œil, il vit la comtesse se pétrifier et le sergent Bossi retenir son souffle. Comme il avait pour principe d’exploiter les moments de surprise, il ôta son pince-nez, le tint comme une loupe au-dessus du papier et déclara :
    — Sans doute réalisé à Rome.
    À présent, c’était à qui se tairait le plus longtemps. Peut-être tomberaient-ils dans les pommes s’il parvenait à le dater. Quand est-ce que Raphaël était mort, nom d’un chien ? Il retourna la feuille avec précaution, mais ne distingua sur le verso que deux lettres ressemblant à un « C » et à un « I ». S’agissait-il de chiffres romains ? Non. Vouloir dater le dessin était trop risqué. Il se contenta de secouer la tête et de conclure :
    — Ce morceau de papier doit valoir une fortune.
    Le constat provoqua une réaction inattendue de la part de la comtesse Valmarana. Elle sortit de sa torpeur et frappa sur le dessin du plat de la main – pan ! – comme s’il s’agissait de la Gazetta di Venezia de la veille. Puis elle émit un rire amer. Ses yeux n’étaient plus d’un gris terne, mais brillaient comme des pointes d’acier.
    — Sauf qu’il présente un défaut majeur.
    Un défaut ? Tron fronça les sourcils d’un air troublé. Soudain, il comprit. Cela coulait de source. À moins d’avoir perdu l’esprit, personne ne traiterait un dessin de Raphaël comme la comtesse venait de le faire. La façon dont elle avait dégagé la feuille aurait dû suffire à lui mettre la puce à l’oreille. Il n’y avait qu’une explication possible.
    Pour la seconde fois, le commissaire tint son pince-nez au-dessus de la sanguine. En dehors de quelques reflets, il ne voyait toujours rien.
    — Vous avez raison, finit-il par dire après avoir considéré les reflets un moment, la mine grave. J’ai bien failli me laisser prendre.
    Il tourna la tête et sourit.
    — Il s’agit manifestement d’un faux.
    À nouveau, la main de la comtesse atterrit sur le dessin – pan !
    — Exact, commissaire !
    — Et quel rapport avec Kostolany ?
    — Je vais vous le dire, murmura-t-elle avec un sourire glacial. L’original se trouve désormais au palais da Lezze. Voilà pourquoi Ercole a dit à Kostolany qu’il devrait lui tordre le cou.
    — Je ne suis pas certain de comprendre.
    La comtesse soupira.
    — C’est très simple, commissaire. Il y a trois semaines, nous avons proposé le dessin à Kostolany. L’original, bien entendu. Il nous a priés de lui laisser le temps d’examiner l’œuvre en toute tranquillité.
    — Ce qui a traîné en longueur ?
    La comtesse hocha la tête.
    — Parfaitement. Il nous a rendu la feuille il y a une semaine en prétendant qu’il s’agissait d’un faux.
    Ce qui était peut-être vrai, songea Tron. Mais la comtesse Valmarana l’admettrait-elle jamais ? Il s’efforça de donner à sa voix un accent de compréhension.
    — Êtes-vous sûre que le dessin remis à Kostolany était bien un original ?
    Elle fronça les sourcils.
    — Voulez-vous insinuer qu’Ercole a essayé de lui vendre un faux ?
    Eh bien, oui, évidemment ! Devait-il lui avouer ses affaires avec Sivry ? Non, mieux valait éviter. L’indignation de la comtesse semblait sincère. À moins qu’elle ne jouât la comédie ? Il esquissa un sourire complice et fit une dernière tentative.
    — Je comprendrais tout à fait, comtesse, que…
    Elle l’interrompit avec un geste brusque de la main.
    — Non, commissaire. Vous vous trompez, dit-elle en accentuant le dernier mot. Selon Ercole, l’original ne comportait pas de filigrane.
    Tron fronça les sourcils à son tour.
    — Et sur la feuille que
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher