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George Sand

George Sand

Titel: George Sand
Autoren: Elme Caro
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l'abîme au ciel pour retomber au plus profond de l'abîme ?
     C'est le doute qui blasphème, qui maudit, qui s'attendrit jusqu'à l'extase ; c'est l'amour qui s'injurie lui-même sans pitié et qui analyse ses misères avec une sorte de fureur désespérée ; c'est la foi qui tantôt se renie et tantôt se livre à ses transports ; c'est l'idéal qui se déshonore dans les bras des prostituées, et qui demande à l'orgie l'impuissante consolation de ses rêves et de ses élans trompés. Ce lyrisme excessif, bien qu'il ait vieilli, offre encore au lecteur un spectacle étonnant où le vertige et la fièvre se mêlent à des aspirations de la plus grande beauté.—Dans Spiridion, le jeune moine Alexis, qui n'est pas sans ressembler beaucoup à George Sand elle-même en consultation auprès de Lamennais, représente l'âme en peine à la recherche de la vérité religieuse, touchée de l'idéal divin et le cherchant avec une douloureuse anxiété à travers les symboles et les livres, et surtout à travers les angoisses d'un vieux moine mourant qui lègue à son successeur la flamme, recueillie dans le feu de l'orage, mais la flamme où s'allumera la révolte religieuse et plus tard la Révolution.
À côté de ces grands romans il ne faut pas oublier des oeuvres moindres, non par le talent, mais par l'étendue. Qui ne connaît pas les nouvelles de Mme Sand l'ignore vraiment ou est exposé à la méconnaître dans l'étonnante souplesse de son art. À travers ses plus grandes oeuvres, à toutes les époques de sa vie, mais surtout dans la première période, se joue par intervalles un courant vif et bondissant d'esprit tout français, l'esprit renaissant du XVIIIe siècle, de fantaisie élégante et de curiosité aventureuse qui trouve à se répandre en liberté dans des fictions dont l'amour est le thème perpétuellement varié.
    A-t-on jamais manié l'ironie légère d'une main plus gracieuse que celle qui a écrit Cora, Lavinia, ou qui a tracé ces pages où la dernière marquise du XVIIIe siècle nous peint, en jouant avec son éventail, les moeurs et les caractères de son temps et nous raconte la seule émotion qui ait failli troubler le cours harmonieux d'une longue existence, vouée aux amours faciles ! Et Lavinia, qui pourrait l'oublier ? Nous gardons, longtemps après qu'elle a disparu, l'impression de ce sourire où a passé la maligne vengeance d'un coeur trahi, qui voit revenir à lui le transfuge et qui l'abandonne à son tour, avec une tristesse souriante, à ses remords vite consolés. Comme tous ces récits sont d'une invention naturelle, d'une allure vive, d'un tour et d'un style exquis ! Metella nous montre, au vif et au naturel en même temps, l'art de peindre les troubles les plus graves du coeur, d'un trait discret qui laisse tout deviner presque sans rien marquer et en courant à la surface. Le Secrétaire intime, Teverino sont deux inspirations de la plus brillante poésie.
J'aime moins Leone Leoni, malgré la vigueur extraordinaire du ton, et je goûte médiocrement quelques pages dans la Dernière Aldini. La mère ne me plaît guère quand elle veut épouser son gondolier, et la fille m'effraye quand elle se jette à la tête du chanteur. Mais combien d'autres pages pleines de fraîcheur et d'éclat, et quel riant coloris ! que de finesse et de grâce dans la scène où Lélio se trouve pour la première fois en tête-à-tête avec la jeune Alezia ! quelle lutte ingénieuse, et le charmant triomphe pour tous les deux ! L'éclat des grandes oeuvres de George Sand a été trop vif ; elles ont été célébrées ou discutées avec trop de feu, pour que les nouvelles n'eussent pas un peu à en souffrir.
    Il y a là cependant quelques-uns des plus purs joyaux de cet écrin déjà si riche. Toutes les élégances de l'esprit s'y unissent comme pour faire un cadre d'or à un sentiment délicat. Grâce émue, fantaisie souriante, originalité tour à tour piquante et attendrie, que de dons aimables, et quel malheur que George Sand ne s'en soit pas contentée ! Pourquoi a-t-elle voulu faire de son talent un instrument plus sonore, mais souvent faux, de doctrines mal étudiées ?
De ces nouvelles, dont le cadre et le paysage sont empruntés à l'Italie et surtout à Venise, il faut rapprocher les Lettres d'un voyageur, publiées à différentes dates et à d'assez grands intervalles, mais dont les premières, les lettres vénitiennes, offrent un intérêt étrange et passionné que les
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