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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape
Autoren: Juliette Benzoni
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servir un maître qui me plaît.
    Le
lendemain, il repartait pour sa grotte de San Quirico d’Orcia, afin d’y
récupérer ses hommes que Lorenzo engageait à son service et sous ses ordres. Il
était plus que certain, en effet, que la guerre avec le pape éclaterait bientôt
et le Magnifique connaissait à son juste prix la valeur d’une troupe bien
entraînée. En outre, Rocco avait reçu de lui une belle somme pour s’être battu
à ses côtés dans la cathédrale. Aussi se sentait-il le cœur plein de joie et,
de temps en temps, Fiora pouvait l’entendre siffloter une romance.
    Arrivée
à destination, elle retrouva sans peine le sentier bordé de haies vives et,
plus loin, la masse sombre des bâtiments de ferme, et le grand pin dont la tête
immense ombrageait les piliers de pierre à l’entrée de la cour. Le grand pin où
le corps martyrisé de Marino Betti avait été pendu...
    Comme
autrefois, les cavaliers mirent pied à terre à quelque distance et attachèrent
leurs montures aux cyprès plantés en coupe-vent puis, étouffant leurs pas
autant qu’il était possible, ils remontèrent vers le domaine.
    – C’est
grand ! souffla Rocco. Si nous voulons tout explorer, nous devrions
peut-être nous séparer mais, à première vue, il n’y a personne.
    Les
bâtiments à l’abandon se dessinaient à peine dans la nuit obscure et l’on n’entendait
rien, sinon le grincement d’une porte mal fermée qui battait dans la
bourrasque.
    Sans
répondre, les trois autres continuèrent à avancer, scrutant ces ombres denses
qui, jadis, contenaient tant de vie : celle du bétail, des valets, des
chiens gardiens de la ferme, et qui n’étaient plus que silence. Soudain,
Esteban saisit le bras de Fiora :
    – Regarde !
chuchota-t-il. Là ! ... vers le bout de la maison de l’intendant ! Il
y a une cheminée qui fume un peu !
    Depuis
le temps qu’ils étaient en route, les yeux des quatre compagnons s’étaient
accoutumés à l’obscurité et Fiora distingua vite la mince spirale grise. Le
cœur lui battit plus fort : un feu signifiait une présence humaine...
    – C’est
peut-être un berger qui a cherché là un refuge, fit Démétrios. Ou encore un
voyageur égaré ? On s’abriterait chez le diable par une nuit pareille.
    – Non,
dit Fiora. C’est elle ! Je suis sûre que c’est elle.. Sans attendre les
autres, elle se dirigea vers cette partie de la maison, prenant toujours soin
de ne pas faire de bruit. En approchant, elle distingua un faible rai de
lumière sous un volet clos. A côté, il y avait une porte dont le bas se cachait
dans les herbes qui gardaient la trace d’un passage...
    Cette
maison, elle la connaissait par cœur pour y avoir joué mille fois quand elle
était enfant. Elle en savait toutes les issues et tous les détours. Elle savait
que la porte de cette pièce, qui avait été la cuisine de l’intendant, ne
fermait que par un loquet, mais qu’à l’intérieur on pouvait la renforcer d’une
barre. Si celle-ci était mise, la seule chance d’entrer serait d’arracher le
volet.
    Doucement,
très doucement, elle appuya sur la clenche qui joua sans bruit. Retenant son
souffle, elle poussa le vantail avec la crainte de sentir la résistance de la
barre, mais la personne qui se trouvait à l’intérieur devait se croire
suffisamment gardée par la terreur qu’inspirait la ferme abandonnée. Et la
porte s’ouvrit...
    Assise
sur un escabeau auprès d’un maigre feu, une femme enveloppée d’un manteau noir
brodé d’argent, que Fiora reconnut aussitôt, mangeait, appuyée des deux coudes
sur une table, une sorte de bouillie. Elle tournait presque le dos à la porte
et ne la vit pas s’ouvrir.
    – Bonsoir,
Hieronyma ! dit seulement Fiora.
    La
femme sursauta si violemment que la table, bancale, se renversa, entraînant l’écuelle.
Quand elle lui fit face, Fiora sourit, goûtant déjà le plaisir violent de la
vengeance. C’était le visage même de la peur qu’elle avait en face d’elle.
Hieronyma avait dû souffrir pendant ces trois jours. Sa peau était grise, ses
paupières plombées et des poches s’alourdissaient sous ses yeux. Il ne restait
rien de la beauté plantureuse qu’elle étalait si insolemment naguère et ses
mains tremblaient. Mais la haine lui rendit courage et Fiora vit se rétrécir
ses pupilles quand elle jeta :
    – Qu’est-ce
que tu fais là ? ... Tu n’es pas à Rome ?
    – C’est
l’évidence, il me semble ? J’en
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