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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890
Autoren: Dee Brown
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manière moins accompli, moins développé que son frère issu du continent européen. Dee Brown avait déjà compris à son époque les ravages causés par ces voix discordantes et sinistres. Si son livre est resté aussi populaire, c’est parce qu’il affirme haut et fort que nous devons comprendre, dans toute leur complexité, notre histoire commune et les actions de nos ancêtres avant de pouvoir reconnaître la responsabilité de notre sang dans cette folie meurtrière. C’est seulement à ce moment-là que nous pourrons avancer tous ensemble. Et c’est ce que nous faisons.
    Si je ne suis plus ce gamin punk avec sa coupe à l’iroquoise, je demeure celui qui entend couler dans ses veines le sang de deux peuples totalement différents. Et grâce à Dee Brown, je comprends mieux mes racines. Dix-sept ans après que je me le suis procuré, son livre continue de guider ma plume. Parfois, en sortent les voix des opprimés, parfois celles de belles personnes, parfois encore, celles de fantômes qui exigent simplement qu’on les écoute. Nous sommes tout à la fois les conquérants et les conquis, dans un même corps, et c’est cela que Dee Brown nous invite à reconnaître. L’influence qu’il a sur moi en tant qu’écrivain est évidente. Et son influence sur le monde persiste à travers ce récit minutieux de l’histoire d’un peuple fier dont la bonne foi est la seule pépite d’or qui lui reste à jamais.
    J OSEPH B OYDEN
    La Nouvelle-Orléans,
    14 février 2009

Introduction
    Depuis l’expédition de Lewis et Clark (1) vers la côte Pacifique au début du XIX e  siècle, les récits décrivant l’« ouverture » des territoires de l’Ouest américain se sont multipliés. La majeure partie de ces témoignages et observations se concentrent sur une période de trente ans, entre 1860 et 1890 – celle qui est traitée dans ce livre. Cette époque unique fut marquée tout à la fois par la violence, la cupidité, l’audace, la sensiblerie, une exubérance complètement débridée et une adhésion presque servile à l’idéal de liberté individuelle.
    Cette période vit la destruction des cultures indiennes et la naissance de pratiquement tous les grands mythes de l’Ouest américain – des histoires de trappeurs, de négociants en fourrures, de pilotes de bateau à vapeur, de chercheurs d’or, de joueurs professionnels, de bandits armés, de Tuniques Bleues, de cow-boys, de catins, de missionnaires, de prudes institutrices et de pionniers. Les rares voix indiennes qui s’y faisaient entendre étaient la plupart du temps transcrites par une main blanche. L’Indien était la menace sombre hantant ces mythes. Et s’il avait su écrire en anglais, il n’aurait de toutes façons certainement pas trouvé d’imprimeur ou d’éditeur.
    Pourtant, elles ne sont pas toutes perdues, ces voix indiennes du passé. Des récits authentiques de l’histoire de l’Ouest américain ont été conservés par les Indiens sous forme de pictogrammes ou traduits en anglais, et certains publiés dans d’obscurs journaux, pamphlets ou livres à petit tirage. À la fin du XIX e   siècle, l’homme blanc se prit d’une vive curiosité pour les Indiens qui avaient survécu aux guerres, et plus d’un journaliste poussa l’audace jusqu’à interviewer des guerriers et des chefs, leur offrant ainsi l’occasion d’exprimer leur point de vue. Il en résulta des entretiens de qualité variée, selon les talents des interprètes ou la disposition des Indiens à parler librement. Une partie d’entre eux en effet craignaient d’être victimes de représailles s’ils disaient la vérité, d’autres se faisant par contre un malin plaisir de raconter aux journalistes les histoires les plus abracadabrantes. Il convient donc de lire les récits d’indiens de l’époque avec méfiance, même si certains sont des chefs-d’œuvre d’ironie ou des explosions de verve poétique.
    Parmi les sources les plus riches de témoignages directs, je citerai les transcriptions des réunions entre Indiens et représentants civils ou militaires des États-Unis, à l’occasion de la signature d’un traité par exemple. Le système sténographique mis au point par Isaac Pitman connaissait une diffusion de plus en plus large au cours de la seconde moitié du XIX e  siècle, et lorsque les Indiens prenaient la parole, on avait recours, outre l’interprète officiel, à un sténographe.
    Même lorsque les réunions se tenaient
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