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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine
Autoren: Fiona Buckley
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pour vous servir.
    — Dame Ursula Blanchard, nouvellement arrivée à la cour, chuchota Lady Katherine.
    Dudley acquiesça, mais n’en dit pas plus, car, comme tous les autres, il guettait la réaction d’Élisabeth. À la façon dont elle fixait Arundel, il était clair qu’elle partageait l’opinion de Dudley et du gentilhomme en bleu azur. Un instant, je crus qu’elle allait répliquer : « Pauvre petit bonhomme stupide ! » Elle n’en fit rien, quoique je fusse certaine qu’elle y avait songé.
    Après un silence assez long pour faire rougir Arundel, elle rétorqua :
    — La piété ? Il existe peu de différences entre ma foi et la sienne. Nous adorons le même Dieu ; le reste est pure ergoterie. Non, mon ami, l’enjeu n’est autre que le pouvoir. Ce pieux désir de propager ce qu’ils nomment la vraie religion est un prétexte comme un autre pour une nation, ou un souverain, avide de conquête. « Prenons les armes au nom de Dieu ! s’écrient-ils. Et, par la même occasion, à nous les verts pâturages, la laine fine et les fromages crémeux, l’étain et le fer anglais ! » La foi ? Bah !
    — Madame, je voulais seulement…
    — Je sais, Arundel, je sais. Vous désiriez me rassurer. Nous comprenons vos louables intentions.
    L’ayant embarrassé, elle avait à l’évidence décidé de l’apaiser. Tandis qu’il se courbait, reconnaissant, elle se retourna vers le messager.
    — Vous porterez en France une réponse destinée à notre ambassadeur. Nous lui savons gré de la peine qu’il se donne afin de nous tenir informée. Vous pouvez vous retirer.
    Le messager s’exécuta non sans soulagement et la reine fit signe à Dudley, puis s’entretint avec lui. L’assistance inquiète se détendit en la voyant recouvrer son sang-froid.
    Lady Katherine Knollys me chuchota :
    — Bien entendu, vous savez qui est Marie Stuart ?
    Je hochai la tête. Lady Catherine Grey était surnommée « l’héritière protestante » pour l’excellente raison qu’il en existait une autre, catholique, en la personne de Marie Stuart.
    Marie descendait aussi d’une sœur du roi Henri. Depuis le sacre d’Élisabeth, elle ne cessait de clamer que le trône lui revenait, le mariage d’Henri VIII avec Anne Boleyn n’ayant pas été consacré par l’Église et, par conséquent, Élisabeth étant illégitime.
    Par bonheur, ses prétentions ne se traduisaient que par des mots et avaient peu de chances de se concrétiser. La couronne écossaise était instable. La population protestante se révoltait contre sa régence et Élisabeth avait envoyé de l’aide aux rebelles, bien qu’elle estimât qu’un peuple ne devait pas se soulever contre sa souveraine – fût-elle une oiselle impertinente qui convoitait son pouvoir. L’Angleterre était entourée de puissances catholiques, dont la France et l’Espagne. Nous nous serions dispensés d’une Écosse fidèle au pape. De notoriété publique, Sir William Cecil avait menacé de démissionner si Élisabeth ne soutenait pas les Écossais, de sorte qu’elle avait fini par accepter.
    À l’évidence, Marie Stuart n’avait pas saisi cet avertissement. C’était scandaleux et inquiétant mais, à mes yeux, cela représentait bien plus. Tel un destrier au son d’une trompette, je frémissais d’impatience à l’idée de me retrouver au cœur des affaires politiques, comme à Anvers. Je pleurais Gerald et je souffrais de ma séparation avec Meg, néanmoins, en venant à la cour j’avais accompli le bon choix, car j’avais la sensation d’un retour au bercail.
     
    Je m’installai. Je payai un messager pour porter à Bridget mes instructions relatives à l’achat de poules et, de façon discrète, je vendis quelques bijoux. Lady Katherine avait raison : si l’on me savait dans la gêne, ma position parmi les dames d’honneur en pâtirait. En fait, Lady Catherine Grey le flaira dès le début et me lança quelques piques, mais je m’entendais assez bien avec les autres. Je suscitai même une légère admiration en égayant nos heures de broderie par le récit de ma vie à Anvers, au service de Sir Thomas Gresham. Lady Jane, qui ne me marquait pas la condescendance de Catherine Grey et tentait souvent avec bonne humeur de l’en détourner, se montrait très enthousiaste.
    — Écoutons Ursula ! s’écriait-elle lorsque j’entamais une anecdote.
    Toutefois, je prenais garde à mes paroles. La plupart de mes histoires concernaient
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