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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine
Autoren: Fiona Buckley
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à Faldene, Marie Tudor régnait encore et la messe était non seulement légale, mais obligatoire.
    — Vous assistez toujours à la messe ?
    Tante Tabitha sembla offensée.
    — Nous nous rendons régulièrement à l’église, comme la loi nous l’enjoint. Si, en privé, nous restons fidèles à nos convictions, cela ne regarde que nous.
    Le conflit entre catholiques et protestants était un fait que nul, noble ou humble, ne pouvait ignorer. Du temps de Marie, ç’avait été une question brûlante, au sens le plus littéral et atroce du terme.
    Même après l’avènement d’Élisabeth, qui avait ramené un semblant de calme, c’était encore ce qui alimentait le moulin de la politique internationale et causait la moitié des querelles familiales du pays. Élisabeth avait fait de l’Angleterre une terre protestante, mais certains de ses conseillers conservaient des sympathies envers l’ancienne religion ; la plupart d’entre eux avaient guidé la reine Marie. Élisabeth ne pouvait se passer de leur expérience et n’essaya pas. Personne ne périssait plus sur le bûcher pour sa foi, cependant on pouvait être mis à l’amende, voire emprisonné, si l’on entendait la messe ou si on la célébrait. Dorénavant, ce qui se passait à Faldene était illégal.
    — Vous agissez certes comme bon vous semble, déclarai-je, mais, en tout cas, je ne vous importunerai pas en vous confiant Meg.
    — Tu as toujours ignoré la gratitude, Ursula. Espérons que tu ne suivras pas le même chemin que ta mère. Il y aura une foule de riches gentilshommes à la cour de cette rouquine hérétique, à n’en pas douter !
    Je pris congé d’elle avec froideur et entraînai Meg.
    Et maintenant, assise à la fenêtre dans ma chambre à Richmond, je me promis de survivre, d’une façon ou d’une autre. Je me comporterais avec décence ; je me taillerais une place à la cour et je sauverais Meg des griffes des Faldene.
    Mais à la cour, la décence imposait d’employer une femme de chambre. Dieu tout-puissant, où en trouverais-je les moyens ? J’y engloutirais la moitié de mon allocation ! Fébrile, je tentai de trouver des solutions et des expédients. La chaumière que j’avais louée pour Bridget et Meg possédait un jardinet. Bridget savait lire, quoique avec difficulté. Je lui écrirais en termes simples, lui recommandant de cultiver des légumes et d’élever des poules, puis d’essayer de vendre œufs, poulets, oignons, laitues. Cela ne suffirait pas, mais je devais faire de mon mieux.
    La porte s’ouvrit et Lady Katherine Knollys revint avec sa femme de chambre.
    — Incroyable ! On m’a déjà parlé de quelqu’un qui pourrait vous convenir ! annonça-t-elle. Une des filles d’honneur a été surprise en galante compagnie et quitte la cour demain. Elle vient du Nord, mais sa femme de chambre, une Londonienne, ne veut pas suivre sa maîtresse. Elle recherche une nouvelle place. Je vous suggère de la recevoir au matin.
    — Merci pour toutes vos bontés, répondis-je d’une voix blanche.
     
    Je fus présentée à Sa Majesté plus tard le même jour. J’avais choisi une robe en velours noir rehaussée de perles minuscules, portée avec un petit vertugadin et une collerette de linon blanc. J’avais ramassé mes cheveux dans une résille argent assortie à mon pendentif. Cela formait un ensemble plaisant, qui me donnait de l’assurance. Je m’en félicitais, car être présentée à la reine Élisabeth d’Angleterre était fort éprouvant.
    Pour commencer, Lady Katherine dressa une liste terrifiante de recommandations et d’interdits. Je devais faire ma révérence d’une certaine manière, ne parler que si j’y étais invitée, mais en m’exprimant d’une voix claire et sans bredouiller. Et bien que je dusse ma présence au fait que ma mère eût servi celle de la reine, je ne devais en aucun cas faire allusion à Anne Boleyn, ni même à Kate Howard, la cousine d’Anne, elle aussi mariée au roi Henri puis décapitée pour adultère.
    — Sa Majesté ne parle jamais d’elles. Il se peut qu’elle y pense dans le secret de son cœur, surtout à sa mère, expliqua Lady Katherine. Elle prodigue des marques de bonté aux Boleyn et à leur parenté, dont je fais partie – ma mère était la sœur de la reine Anne –, mais sans jamais évoquer le passé. Vous devrez aussi…
    Je me sentais terrorisée avant même d’entrer dans la salle d’audience. Avec Lady Katherine, je dus
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