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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II
Autoren: Alain Peyrefitte
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majorité ne soit pas confirmée. Personnellement, je l'y aiderai.
    « Quelle est la composition sociale des voix ? On ne peut pas contester que la plupart sont des voix populaires. On n'obtient pasla majorité dans tous les arrondissements de Paris, sans une masse de voix populaires. Je n'en dirais pas autant des voix Lecanuet : il y a des voix de bourgeois mécontents et de paysans, mais je serais surpris que ce soient les plus malheureux. Les ouvriers n'ont pas voté Lecanuet.
    « Le Midi est en retard, notamment au point de vue politique, mais moins qu'on ne croit. La majorité a été acquise à Limoges, Guéret, Cahors 1 . Il y aurait eu une majorité favorable à Marseille, Montpellier, Carcassonne, sans les pieds-noirs. On peut en dire autant de Toulon et de Nice. Les voix des rapatriés, pour des raisons de passion momentanées, sont contre moi. Il fallait me faire disparaître, à cause du chapeau de Gessler 2 . Il faut donc entrer dans le combat dans le Midi, la bataille n'est pas perdue. Cela est vrai des villes, mais aussi des campagnes »
    « Ce scrutin constitue la consécration définitive du mode d'élection du Président de la République au suffrage universel direct. Le peuple a montré, par l'intérêt avec lequel il a suivi la campagne et par sa participation massive, que la réforme de 1962 a désormais droit de cité en France. Personne ne reviendra dessus. »

    « Il aurait fallu que nous eussions des espèces de Michel Droit »
    Après le Conseil.
    AP : « Puis-je vous demander ce que vous aviez dans l'esprit quand vous avez dit qu'on ne s'était pas servi de la radio et de la télévision comme on aurait dû le faire ?
    GdG. — Je ne dis pas que notre déconvenue, ce serait la faute de la radio et de la télévision par elles-mêmes. Seulement, je crois qu'il y a beaucoup à imputer à la façon dont nous nous en servons. Nous avons fait beaucoup de choses, mais nous les avons mal expliquées. Ou alors, nous les faisons expliquer à la radio et à la télévision par des gens qui sont intéressés à les présenter. Quand Jacquet explique le coup pour les autoroutes, on dit : "Oui, oui, mais enfin, il ne peut pas dire autre chose". De même, pour l'Education nationale, nous faisons un effort énorme. Mais si c'est le ministre qui l'explique, ça ne prend pas, on le soupçonne de faire valoir son action. On ne peut pas être juge si on est partie.
    « Il aurait fallu que nous eussions des espèces de Michel Droit, qui auraient été capables d'expliquer notre action, sans cacher les objections. Il faudrait trouver chaque fois quelqu'un qui ait l'air impartial, et qui dise : "Tout de même, c'est incroyable, ce qui se fait." Si c'est un monsieur qu'on a pris en Allemagne, en Amérique ou ailleurs, et qui dit, mine de rien : "Oh là là, mais dites donc, c'est fou ce que la France change", ça fait beaucoup plus d'effet que si c'est nous qui le disons.

    « S'il n'y avait pas eu cette irruption colossale de l'opposition »
    AP. — Il y a eu un grave déséquilibre entre la période ordinaire, où la radio et la télévision donnaient souvent une impression d'autosatisfaction gouvernementale, et la période de la campagne où, tout à coup, nous sommes devenus pratiquement muets, et où l'opposition s'est emparée des ondes. L'opposition est passée de la diète à l'orgie. Raphaël-Leygues 3 , qui était revenu d'Abidjan pendant la campagne, disait drôlement qu'il avait cru que l'ORTF avait été prise par les rebelles.
    GdG. — Vous savez, les rebelles, ils y sont en permanence. On sent bien qu'une bonne partie des présentateurs se délectent de tout ce qui va dans le sens de l'opposition et de ce qu'on peut retenir contre nous !
    AP. — Ce n'est pas l'avis de l'opposition et de la presse, qui affirment volontiers que la télévision est aux ordres. Et il y a le fait que la plus grande partie de la presse est antigouvernementale, et jette une suspicion sur ce que dit la radio et la télévision.
    GdG. — Tout ça a pu jouer un rôle pour faire se prononcer contre moi ces 5 % qui auraient dû voter pour moi, tout en ayant des raisons d'être mécontents. S'il n'y avait pas eu cette irruption colossale de l'opposition pour formuler leurs griefs, ils auraient été beaucoup moins assurés dans leur opposition.
    AP. — Ça a peut-être même porté sur plus de 5 %. Les sondages de l'IFOP, avant le début de la campagne, annonçaient que 68 % des Français s'apprêtaient à voter de Gaulle.
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