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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I
Autoren: Alain Peyrefitte
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transmission de la lampe ».
    Mais comment s'assurer d'avoir bien reçu la lampe et d'en propager la lumière ?
    1 Les textes de 1993-1994 figurent en retrait, comme ci-dessus (ou en notes de pied de page). Les caractères en pleine page (comme au bas de la p. 10) correspondent à la transcription de notes griffonnées le jour même ; chaque épisode est précédé de la date et du lieu où il s'est déroulé.
    2 Et si je n'avais effectué des vérifications d'archives, grâce à l'aimable autorisation de l'amiral de Gaulle et des secrétaires généraux successifs de l'Élysée et du gouvernement, ainsi que des directeurs des Archives nationales et des Archives du ministère des Affaires étrangères.
    3 Ma femme.

Chapitre 2
    « TENIR SA LANGUE »
    « Comment ? Vous avez noté des centaines d'entretiens avec de Gaulle et vous ne les publiez pas ? Vous devez à l'Histoire ce témoignage de première main, qui est unique et qui le restera ! » Maints éditeurs 1 , historiens, journalistes m'ont tenu ce langage depuis la mort du Général, me faisant valoir que parmi les livres parus sur de Gaulle — trois mille, dit-on, à ce jour — la plupart ont été écrits par des gens qui ne l'ont pas rencontré. Plusieurs de ses proches, après s'être résolus à publier d'irremplaçables témoignages, m'ont encouragé à en faire autant. Je m'y étais toujours refusé.

    « Vous avez vu ça ?... C'est honteux ! »
    Matignon, 21 avril 1962 2 .
    Georges Pompidou : « Vous savez, il arrive au Général de ne pas détester les cancans ; mais il méprise celui qui les lui rapporte ; un jour, il finit par ne plus le supporter. Un de ses aides de camp l'a appris à ses dépens. Le Général le laissait parler, jusqu'au jour où il l'a viré méchamment. Il s'est dit, puisque cet officier lui racontait des indiscrétions sur les autres, qu'il devait en raconter aux autres sur lui. Si le Général m'apprécie un tant soit peu, c'est qu'il me sait capable de tenir ma langue. »
    Il a évidemment voulu, à sa manière subtile, me mettre en garde.
    Le Général et Georges Pompidou m'ont inculqué la religion du secret, comme ils l'ont inculquée à tous leurs collaborateurs. Ceux qui ont été les plus proches de De Gaulle depuis son retour « aux affaires 3 » ont ressenti les mêmes hésitationsque moi. Parmi eux, ce sont les politiques qui se sont décidés, à la longue, à lever le voile ; les fonctionnaires s'en sont, pour la plupart, abstenus.
    Comme porte-parole, j'appris que, si ma fonction était de parler, mon devoir était de me taire. Comment concilier ces deux impératifs ? Depuis lors, j'avais pris le parti de me taire.

    Élysée, 14 avril 1965.
    Le Général me jette : « Vous avez vu ça ? C'est scandaleux ! » Il me montre sur son bureau un petit livre qui vient de paraître 4 . « Un ministre participe à une négociation pour le compte du gouvernement, au nom de la France, et, deux ou trois ans après, il livre au public des secrets d'État sur une mission qui lui a été confiée ! Quel manque de sens de l'État ! C'est honteux ! »
    Le Général était emporté par une de ces colères froides qu'il contrôlait fort bien ; elle se renforçait d'être contenue.
    AP : « Aux Affaires étrangères, nous sommes tenus de garder trente ans les secrets auxquels nous avons eu part.
    GdG. — Trente ans, je n'en demande pas tant ; l'Histoire s'accélère... Mais dix ans, c'est bien le moins ! »
    « Dix ans » : je me suis imposé de tripler ce délai. De Gaulle ne pensait pas comme François Mitterrand, pour qui, « de nos jours, il n'y a plus de secrets d'État », mais comme Louis XIV, qui avait fait graver en 1661 une médaille sur « le secret des Conseils du Roi », représentant « Harpocrate, dieu du Silence, qui porte le doigt sur sa bouche ». Comes consiliorum, dit la légende latine : le silence est le « compagnon des Conseils » 5 .

    « Le scandale, c'est qu'il s'agissait de mon lit »
    Provins, 17 juin 1965 6 .
    Vers la fin de notre déjeuner, Mme de Gaulle raconte à Monique : « Un jour, en entrant dans notre chambre à l'Élysée, j'ai surpris une nouvelle femme de chambre en train de prendre une photo de notre lit. Pourtant, tout était en ordre, le dessus de lit était bien tiré. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire de cettephoto ? J'ai tout raconté aussitôt au Général, qui m'a dit : "Elle ne doit pas rester une heure de plus."
    GdG. — C'était l'époque de l'OAS. Est-ce qu'on peut savoir ?
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