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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3
Autoren: Alain Peyrefitte
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Pompidou ne discutait pas. Demain, il présentera une liste toute prête, qui sera la sienne, et ne laissera guère le choix au Général.

    Pompidou : « Encore un an, Monsieur le bourreau ! Vous êtes tous les mêmes ! »
    Matignon , 6 janvier 1966.
    Nous arrivons à Matignon. Pompidou m'emmène dans son bureau et, sans tourner autour du pot, me « propose » la Recherche scientifique.
    AP : « Ce serait passionnant. Mais il reste une tâche importante à achever au ministère de l'Information. Notamment, l'introduction de débats réguliers à l'ORTF. Par exemple, le lancement d'une émission mensuelle que Jean Farran 7 prépare avec nous depuis le printemps dernier et que nous avons décidé, à votre demande, de retarder jusqu'au début du nouveau septennat. Vous serez amené à remanier le gouvernement dans quinze mois, après les élections législatives. Pourquoi ne pas remettre votre projet sur la Recherche à l'an prochain et me permettre d'achever mon travail au ministère de l'Information ? »
    Pompidou écourte mon plaidoyer en riant : « Encore un an, Monsieur le bourreau ! Vous êtes tous les mêmes ! Pisani veut rester encore un an à l'Agriculture pour parachever le Marché commun agricole ; Fouchet veut rester encore un an pour mettre sur les rails le premier institut universitaire de technologie, etc. Vous êtes tous assis le cul sur votre fauteuil et vous ne voulez plus en bouger. Il faut pourtant faire bouger les choses ! Nous venons de subir un grand ébranlement, nous ne pouvons pas revenir devant les Français avec un gouvernement inchangé ! »
    J'ai du mal à partager son amusement. Ma mine déconfite doit assez le montrer, et il change bientôt de ton : « Vous verrez que la recherche est un dada du Général ; on peut même dire, l'un de ses principaux dadas. Il croit que les Français, parce qu'ils sont Français, ont plus de génie que les autres. Mais, en même temps, il se rend compte, peut-être parce que je lui ai ouvert les yeux plus d'une fois, que ce petit monde-là est très égocentré, que chacun de ces grands savants ne pense qu'à ses petites recherches et se soucie peu des économies à faire. De temps en temps, le Général ironise. Il avait dit à Palewski : "Des chercheurs on en trouve, des trouveurs on en cherche 8 ." Mais il reste fasciné. Moi, ce qui me fascine, c'est que ces gens-là dépensent l'argent public sans aucun scrupule. Il faut vraiment les surveiller. »
    En me raccompagnant, il s'emploie à me consoler : « Vous le savez bien, le Général piffe les gens ou ne les piffe pas. Vous, il vous piffe. Mais (ajoute-t-il malicieusement) ça ne veut pas dire qu'il ne vous a pas à l'oeil. »

    « J'aurais voulu que vous restiez dans vos fonctions »
    Salon doré, 10 janvier 1966.
    L'affaire de la télévision en couleur m'a montré le prix que le Général attache à une découverte française, à son exploitation pratique, à sa conquête du marché mondial, à l'image qu'elle peut donner de la France. Il est clair que, dans cette affaire comme dans toutes celles qu'il appelle « les pointes », il considère que sa responsabilité est directement engagée. Son « domaine réservé » n'englobe pas seulement l'Algérie (de moins en moins), l'outre-mer, les Affaires étrangères et la Défense, mais aussi « les pointes ». L'idée de partager « les pointes » avec lui me captive déjà. Mais j'éprouve un vrai chagrin à l'idée de n'être plus le confident régulier qui tend l'oreille aux monologues du grand homme.
    Le Général me reçoit pour l'audience de prise de fonctions.
    Je commence par le remercier de sa confiance, tout en lui marquant ma tristesse de ne plus être son porte-parole : « Depuis près de quatre ans, j'ai mesuré le privilège que vous m'aviez accordé en me permettant de vous interroger librement, d'entrer dans votre pensée, d'essayer de m'en faire l'interprète sans trop en dire et sans vous trahir. Je ressens de la peine à la pensée de ne plus bénéficier des entretiens si confiants que vous m'accordiez. Quoi qu'il arrive, ils resteront parmi les meilleurs moments de ma vie.
    GdG. — J'aurais voulu que vous restiez dans vos fonctions. Vous faisiez bien. (Une de ses expressions familières.) C'est Pompidou qui a insisté, en me disant qu'il fallait ça pour le déroulement de votre carrière, que ce ne serait pas bon pour vous de rester toujours au même poste. J'ai fini par m'incliner. »
    Cette réponse me choque. Pompidou s'est
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