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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3
Autoren: Alain Peyrefitte
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première du pouvoir. Mais ce « soi-disant » sera-t-il compris ainsi ? Le mot est ambigu ; il laisse entendre soit qu'il veut conjurer le sort qui le ferait disparaître avant terme, soit qu'il se retirera au bout de quelques années.
    Il a dit aussi : « La vie ministérielle ne peut pas se confondre avec la vie politique. La vie politique est longue. La vie ministérielle est nécessairement plus brève, elle exige des relèves parce qu'elle suppose un engagement intense. On peut entrer dans un gouvernement, en sortir, y revenir : il ne faut pas se targuer d'en être, il ne faut pas se désoler de n'en être pas. De toute façon, les ministres qui sont ici sont et resteront mes compagnons et mes amis. »
    Il a ajouté : « Y aura-t-il de grands changements ? Un petit quelque chose, pas grand-chose. Il n'y a pas de précédent à la formation d'un gouvernement pour un second mandat présidentiel. Il faut créer le précédent en pesant minutieusement non seulement les circonstances actuelles, mais les conséquences pour plus tard du geste que l'on pose. »

    À l'issue du Conseil , je lui demande s'il souhaite que je fasse allusion à ce qu'il a dit en conclusion : « Ce que vous dites devant vingt-six ministres sur ce genre de sujet perce toujours, et je crains que ce ne soit déformé.
    GdG. — Pourquoi serait-ce déformé ?
    AP. — Vos propos seront répétés de manière variable par plusieurs membres du Conseil. C'est inévitable.
    GdG. — La seule chose que vous puissiez dire, c'est que j'ai fait remarquer que c'était le dernier Conseil de l'actuel septennat, que vraisemblablement le début du nouveau conduirait à amener quelques modifications dans la composition du gouvernement, et que, de toute façon, tous ceux qui étaient là autour de la table étaient mes compagnons et mes amis. Il ne faut pas dire : "La vie ministérielle consiste à entrer, à sortir et à revenir", ça ferait rire.
    AP. — Je ne ferai pas allusion non plus à un mot qui a sûrement frappé plusieurs de mes collègues : le mot "soi-disant", appliqué au second septennat.
    GdG. — Naturellement, n'en parlez pas. Mais évidemment, comment pourrais-je, au point où j'en suis, m'attendre à être là pour sept ans ? »

    « Au dernier moment, je me suis fendu un peu plus, mais enfin, ça n'a pas été loin »
    Je me hasarde à lui dire un mot des analyses que j'ai menées ces derniers jours, avec François Goguel et Roland Sadoun, sur la campagne présidentielle.
    AP : « La leçon essentielle qui en ressort, c'est que la campagne n'a pas été organisée et conçue comme devront l'être dorénavant les campagnes présidentielles, et peut-être que...
    GdG (se frappant la poitrine). — Et je reconnais que c'est en grande partie de mon fait.
    AP (interloqué mais décidé à aller au bout). — Et peut-être que le plus grand service que vous aurez rendu au pays, c'est de roder vous-même ce système dont on ignorait tout, et de montrer ce qu'il faudrait faire dorénavant.
    GdG. — Je vais vous dire ce que j'en pense maintenant. Je ne conteste pas ce que vous dites sur la façon dont la campagne n'a pas été organisée, et je reconnais que c'est essentiellement de mon fait. J'ai cru ou voulu croire qu'une certaine dimension historique et politique — c'était le cas, il s'agit de moi ! — avait un poids plus grand, électoralement parlant, qu'il n'a eu effectivement. Je me suis trompé. Électoralement, ça ne coïncide pas. Le vote ne coïncide pas toujours avec l'importance, ne coïncide pas avec la réalité, et ne coïncide même pas avec le sentiment.
    AP. — Parce que nous sommes en période calme.
    GdG. — Oui, mais c'est un fait, le calme. Je n'ai pas cru qu'il y aurait une telle différence entre la réalité électorale et la réalité historique, politique et sentimentale. Alors, évidemment, la campagne... D'ailleurs il n'y en a pas eu. Au dernier moment, je me suis fendu un peu plus, mais enfin ça n'a pas été loin.

    « Je leur suis rédhibitoire et réciproquement »
    AP. — Les positions étaient prises.
    GdG. — Oui, et sur le fait des positions, il ne faut pas non plus nous tromper. Il y a des positions que la campagne de toute manière n'aurait pas changées et qu'aucune campagne ne changerait. Je ne vous dis pas que, s'il y avait une insurrection, ou des émeutes, ou la guerre, ça ne changerait pas. Naturellement ça changerait. Mais dans la situation d'accalmie dans laquelle se trouve le pays au
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