Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Cathares

Cathares

Titel: Cathares
Autoren: Patrick Weber
Vom Netzwerk:
fameux soir, personne ne s’est rendu compte de rien ? Même dans le village sous le château ?
    — Von Graf n’avait rien laissé au hasard. Il avait prévenu le maire que son association folklorique travaillait sur une reconstitution historique.
    — Pas bête, conclut Joyeux.
    Après les bons points arriva la distribution des prix. Son visiteur lui sortit une bouteille de calva, mais il comprit au regard noir de l’infirmière qui apportait ses médicaments à Le Bihan que l’initiative n’était pas la bienvenue. Un peu calmé, il s’assit sur un siège destiné aux visiteurs et interrogea son ami.
    — Comment tu vas ?
    — Ben, tu le vois. Pas trop mal ! La brûlure était superficielle. Quant à la blessure, elle n’a touché aucun organe vital, mais j’ai perdu beaucoup de sang. D’après le docteur, c’est ce qui explique ma longue convalescence. Mais je devrais sortir d’ici quelques jours.
    — Et la police ?
    Le Bihan attendit que l’infirmière qui s’en allait ait fermé la porte pour lui répondre.
    — Pour te parler franchement, je dois dire que je m’en tire bien. L’affaire a fait tellement de bruit qu’ils ne m’ont pas trop reproché d’avoir joué cavalier seul.
    — Pourquoi tu ne leur as pas tout dit depuis le début ?
    — J’enquêtais. Mais j’enquêtais sur une histoire vieille de sept siècles et sur un type mort depuis quinze ans. J’étais plongé dans le passé et le présent m’a rattrapé en cours de route. Et puis, ils avaient assez de pain sur la planche : les membres de l’Ordre et tous ceux qui leur avaient apporté leur soutien.
    — Tu parles ! s’exclama Joyeux. L’arrestation de l’abbé a fait du grabuge au collège. Pour une fois, le proviseur s’est abstenu de tout commentaire !
    Le Bihan parut soudain songeur.
    — Oui, je crois que certains s’en tireront mieux que d'autres. Comme toujours dans ce genre d’histoire, il y a les vrais teigneux et puis ceux qui suivent, le plus souvent par peur ou par lâcheté.
    Cette fois, c’était au tour de Joyeux de réfléchir.
    — Si tu le permets, il y a une chose que je ne comprends pas. C’était quoi cette histoire de trésor qu’ils cherchaient tous ? Tu l’as trouvé ou pas ? Si tu es riche et que tu ne veux pas que cela se sache, je peux comprendre. Mais tu peux quand même faire confiance à ton vieux copain, non ?
    — Il n’y a jamais eu de trésor, répondit Le Bihan sans marquer de temps d’hésitation. Les hommes ont toujours eu besoin de s’inventer des trésors pour donner un sens à leur vie. Je crois que s’ils les trouvaient vraiment, leur existence perdrait beaucoup de son sel.
    Joyeux ne s’attendait pas à une réponse aussi philosophique. Il regarda sa montre et s’écria :
    — Bon, c’est pas tout ça... Il faut que j’y aille ! Je donne cours, moi, demain. Tiens, à propos, j’ai oublié de te dire. Ils nous ont dégoté une nouvelle prof de mathématiques. Tu ne seras pas déçu, c’est le genre de pépé qui t’en professe une bonne paire ! À te donner envie de te remettre aux tables de multiplication avec gourmandise.
    Le Bihan sourit. La vie normale semblait déjà reprendre ses droits.

 
    77
    Tout avait disparu. La cérémonie s’était déroulée il y avait à peine un mois et c’était comme si rien ne s’était passé. Les traces des bûchers avaient été effacées et l’entrée du couloir menant à l’antre de von Graf avait été condamnée. Tout semblait dire que Montségur était retombé dans sa longue léthargie et cherchait à oublier le nouveau drame dont sa forteresse avait été le théâtre. Le Bihan songea à Philippa qui avait d’abord été le jouet docile de ses maîtres avant de trouver le courage de se rebeller. Il revit l’homme dont il ignorait le nom et qui avait péri, d’une flèche d’arbalète, pour avoir voulu lui parler. Le souvenir encore vif du visage de Bertrand se consumant dans les flammes lui revint en mémoire.
    Von Graf avait voulu voir dans les Cathares d’anciens païens dont les nazis auraient été les lointains successeurs. Sur la base de ses théories fumeuses, il avait imposé son pouvoir sur sa communauté par la menace et la peur. Tous ceux qui avaient cru pouvoir tirer un trait sur leur passé s’étaient retrouvés rattrapés par leurs anciens démons. Le soleil baignait d’une lumière généreuse les murailles de pierre de la forteresse. Combien d’usurpateurs
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher