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Cathares

Cathares

Titel: Cathares
Autoren: Patrick Weber
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– pouvaient se révéler très proches des siennes. Il est toujours troublant de se découvrir des points communs avec ceux que l’on combat. Le Bihan avait été confronté à la récupération idéologique de l’histoire et, surtout, il avait été incapable d’empêcher que Joséphine ne compte parmi les victimes de cette guerre. Il en avait beaucoup souffert et il n’y avait pas un jour où il ne s’était reproché de ne pas avoir été à la hauteur. À mesure que Rouen se reconstruisait, lui avait l’impression de s’enfoncer, chaque jour un peu plus. Cette vie pour laquelle il s’était battu avait fini par perdre de son intérêt. Il évoluait dans un long tunnel dont il avait renoncé à trouver la sortie.
    Pour la première fois depuis sept ans, Le Bihan avait l’impression de renouer avec le passé et de fermer une parenthèse de vie sans relief. Le sentiment était encore confus, mais, sans qu’il réussisse à expliquer pourquoi, il se sentait déjà plus en paix avec lui-même.
    L’historien avait conscience d’avoir agi dans la précipitation, mais il était convaincu qu’il avait pris la bonne décision en se lançant au secours d’une voix de femme angoissée et de l’ombre trouble d’un historien allemand exalté. Le trajet avait été rythmé par les correspondances et les attentes sur les quais. La grand-mère avait fini par cesser de gaver son oisillon et Le Bihan avait rangé le livre de Rahn dans son cartable de cuir brun. Il était fasciné par le trajet de ce train qui épousait étroitement les méandres des rivières et l’encaissement des vallées. Au fil du trajet, le soleil printanier chauffait dans la vitre du compartiment et peu de temps après, celui-ci se retrouvait plongé dans une demi-pénombre. L’historien découvrait cette région qui ne ressemblait pas à la sienne. Il contemplait les hautes falaises rocheuses et espérait apercevoir, au détour d’une boucle, la silhouette d’une ruine.
    « Les hommes du roi sont sur le point de prendre la forteresse. »

 
    6
    Berlin, 1938
    Cher Jacques,
    J’ai toujours cru que le chemin de la vie épousait étroitement les rencontres que nous sommes amenés à faire au cours de notre existence. Dans mon cas, tout a commencé il y a une dizaine d’années déjà. J’ai eu la chance de croiser de grands esprits qui ne se satisfaisaient pas des explications trop rationnelles que l’enseignement officiel essaie trop souvent de nous inculquer.
    En apparence, ce siècle a fait le choix de la technique et du progrès. Pourtant, je suis de ceux qui pensent qu’il n’a peut-être jamais existé de périodes plus propices à l’épanouissement d’une nouvelle spiritualité. Rares sont les hommes qui ont fait le choix du courage en refusant les réponses rassurantes que l’on nous a fabriquées depuis des siècles. Il n’existe aucune réponse simple à des questions complexes. Affirmer le contraire relève du plus pur mensonge. Même si j’ai été contesté, calomnié et menacé, je ne renie rien de mes recherches. Je suis convaincu que la vérité finira un jour par s’imposer.
    En quittant l’Allemagne, j’ignorais encore que je trouverais la clé du secret le mieux gardé de l’histoire dans un petit village de l’Ariège à l’apparence paisible. Mais derrière le sage ordonnancement des maisons et le quotidien des gens simples se dissimulent parfois des révélations de nature à remettre en cause l’équilibre d’une civilisation. Il n’est de pire aveugle que celui qui refuse d’ouvrir les yeux sur une vérité qu’il côtoie pourtant de près. Je ne trouve aucune excuse aux habitants de ces petits villages qui préfèrent fermer les yeux sur les mystères qui les entourent plutôt que de remettre en question des certitudes rassurantes. Heureusement, il existe encore des hommes qui ont le courage de bousculer les dogmes établis. Sans arrogance, j’ose affirmer que j’en fais partie. Au cours de mes recherches, j’ai eu l’occasion de rencontrer d’autres esprits libres. Dès lors, ma première préoccupation a toujours été de gagner leur confiance.
    En arrivant à Ussat-les-Bains, je dois avouer que je ne connaissais pas bien la région. Il ne suffit pas de lire quelques livres pour comprendre la réalité d’un lieu. Mais j’éprouvai très vite la certitude d’y trouver le sens de ma quête et ce fut pour moi comme la révélation d’une évidence.
    Dès 1931, ma vie prit un
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