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Bonaparte

Bonaparte

Titel: Bonaparte
Autoren: André Castelot
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qu’elle participe à ma grandeur. Elle est toujours en butte aux persécutions de ma famille. Dernièrement, elle s’est humiliée jusqu’à s’excuser avec Joseph. Oui, elle sera couronnée ! Elle sera couronnée, dût-il m’en coûter deux cent mille hommes...
    Devant une telle menace d’hécatombe, tout le monde se tait. Cependant Joseph soulève une nouvelle fois le problème de l’hérédité impériale et fait grand bruit autour de sa qualité d’aîné. Le sénatus-consulte permettant à Napoléon de désigner son successeur parmi ses neveux – fils d’aîné ou de cadets – l’empêche de dormir. Roederer lié d’amitié avec Joseph, a été chargé d’établir un rapport. Il arrive le 4 novembre à Saint-Cloud et est accueilli par ces mots :
    — Eh bien, ce rapport, dites-moi la vérité, l’avez-vous fait pour ou contre moi ?
    Surpris, Roederer essaye de se défendre :
    — Je jure à Votre Majesté qu’il n’a été vu que d’elle, à qui j’ai pris la liberté de le soumettre pour en décider ce qu’il lui plaira. Je le jure...
    — Je vous crois. Mais d’où vient donc que vous placez Joseph sur la même ligne que moi ? Que signifie cet éloge que vous en faites avec tant d’affectation ? Quoi ! Vous le présentez comme l’objet de voeu du peuple pour l’hérédité autant que moi-même ? Vous oubliez donc que mes frères ne sont rien que par moi ; qu’ils ne sont grands que parce que je les ai faits grands ; le peuple français ne les connaît que par les choses que je leur dicte. Il y a des milliers de personnes en France qui ont rendu plus de services qu’eux à l’État... Je n’ai jamais entendu que mes frères dussent être les héritiers naturels du pouvoir... L’hérédité pour réussir doit passer à des enfants nés au sein de la grandeur.
    On voit Napoléon, à travers le récit de Roederer, marcher à travers la pièce, lançant ses idées, donnant ses arguments, au fur et à mesure qu’ils se présentent à son esprit :
    — Mais que veut donc Joseph ? Prétend-il me disputer le pouvoir ? Je suis établi sur le roc... Le pouvoir ne me rend pas malade, moi, car il m’engraisse. Je me porte mieux que jamais... Mais que Joseph ose me dire que ce couronnement est contraire à ses intérêts, qu’il tend à donner aux enfants de Louis des titres en préférence sur les siens, qu’il préjudicie au droit de ses enfants en ce qu’il fait des enfants de Louis petits-fils d’une impératrice, tandis que les siens seront fils d’une bourgeoise ; qu’il me parle de ses droits et de ses intérêts, à moi, et devant son frère même ; comme pour éveiller sa jalousie et ses prétentions, c’est me blesser dans mon endroit sensible. Rien ne peut effacer cela de mon souvenir : c’est comme s’il eût dit à un amant passionné qu’il a b... sa maîtresse, ou seulement qu’il espère réussir près d’elle. Ma maîtresse c’est le pouvoir. J’ai trop fait pour sa conquête, pour me la laisser ravir ou souffrir même qu’on la convoite. Quoique vous disiez que le pouvoir m’est venu comme de lui-même, je sais ce qu’il m’a coûté de peines, de veilles, de combinaisons...
    Il continue à s’étourdir de paroles – et devient méchant :
    — Si l’inquiétude de Joseph vient du sang âcre qui coule dans ses veines ; il faut qu’il aille à la campagne. Il aime la vie champêtre et les idylles ; qu’il aille faire des idylles. Il est honnête homme ; je ne crains de lui ni le poignard, ni le poison. Qu’il fasse cesser une opposition importune... Si sa femme, qui ne fait pas plus de garçons que la mienne, lui en fait un, je le préférerais peut-être au petit de Louis. Je prendrai celui qui annoncera le plus de talents...
    Maintenant, il menace :
    — Mais si je suis tracassé, je n’attendrai pas les dix-huit ans pour faire cesser ces tracasseries. Je trouverai le moyen d’assurer ma tranquillité. Qu’il ne me fasse pas repentir de ce que j’ai voulu faire pour lui. Je puis renverser ce système, que j’aie des enfants ou non, il faut que la chose marche.
    Et il conclut :
    — César, Frédéric n’ont point eu d’enfants...
    Joseph, sur le conseil de Roederer, cède, accepte de rentrer dans le rang, et se rend faire amende honorable à Fontainebleau où Napoléon attend le Pape. Napoléon lui montre sa satisfaction :
    — Je suis appelé à changer la face du monde ; je le crois du moins. Tenez-vous donc dans un système monarchique
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