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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens !
Autoren: Max Gallo
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sait ce que Bonaparte a dit à Bottot. Il signe.
    Le pouvoir est passé des Directeurs à Bonaparte commandant
de la force armée.
    Le sang n’a pas coulé. La légalité a été – en apparence
-respectée.
    C’est Sieyès qui veut qu’on arrête une quarantaine de
députés, Jacobins têtus, qui peuvent rechercher l’appui du général Bernadotte
qui a refusé le matin de se joindre aux autres généraux. Il y a aussi Jourdan, le
général jacobin. Et même Augereau.
    Bonaparte rejette la proposition de Sieyès.
    Il ne veut pas d’un coup d’État militaire avec ses
canonnades, ses feux de salve, ses arrestations. Il veut être selon les termes
des affiches qu’on colle autour des Tuileries, et des brochures qu’on vend à
tous les coins de rue, ou qu’on distribue : « Un homme de sens, un
homme de bien, le sauveur. »
    Il charge Saliceti d’aller rassurer les Jacobins, et de leur
promettre au nom de Bonaparte une « explication franche et détaillée »,
en leur précisant que Sieyès voulait les arrêter… et que Bonaparte s’y est
opposé.
    Pour les mêmes raisons, Bonaparte est réticent quand Fouché
lui rapporte qu’il a fait baisser les barrières de Paris.
    « Eh mon Dieu, pourquoi toutes ces précautions ? Nous
marchons avec la nation tout entière et par sa seule force, s’exclame Bonaparte.
Qu’aucun citoyen ne soit inquiété et que le triomphe de l’opinion n’ait rien de
commun avec ces journées faites par une minorité factieuse ! »
    Tout est calme, mais le rideau n’est pas encore tombé.
    Demain, 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799), c’est le
deuxième et dernier acte.
    Tout sera gagné ou perdu.
     
    Et dans les premières heures de la matinée du 19 brumaire, c’est
tout à coup l’inquiétude qui s’installe rue de la Victoire :
    « On n’est fixé sur rien, dit à Bonaparte le ministre
de la Justice Cambacérès. Je ne sais pas comment cela finira. »
    On rapporte que les députés qui gagnent le château de
Saint-Cloud avec leurs familles se sont concertés toute la nuit.
    Ils ont noté que les menaces sur la République qui ont été
invoquées pour susciter le vote du conseil des Anciens ne sont pas confirmées.
    Paris est paisible, aucun rassemblement sinon ces groupes de
soldats disposés tout au long des Champs-Élysées jusqu’à Saint-Cloud.
    Et là, dans le parc du château, des compagnies bivouaquent, placées
sous les ordres du général Sérurier, un ancien de l’armée d’Italie.
     
    Rien n’est prêt pour accueillir les députés. Ils s’affairent
encore dans l’Orangerie où siégeront les Cinq-Cents, et dans la galerie d’Apollon
qui servira de salle de délibérations aux Anciens.
    Les députés, dans leur manteau blanc serré d’une ceinture
bleue et coiffés de leur toque rouge, commencent à protester.
    On entend, venant de la salle de l’Orangerie à laquelle on
accède par un escalier étroit et dont les fenêtres ouvrent à moins d’un mètre
du sol, des voix qui clament : « À bas les dictateurs ! »
en dépit de Lucien Bonaparte qui assure la présidence du Conseil des Cinq-Cents.
    Bonaparte vient d’arriver.
    Il ne veut pas prêter attention à ces députés qui lancent
quand il traverse l’esplanade : « Ah, le scélérat ! Ah, le
gredin ! » auxquels répondent les « Vive Bonaparte ! »
des soldats.
    On remarque la pâleur de Bonaparte, les boutons qui maculent
ses joues, qu’il commence à gratter nerveusement.
    Il vient d’apprendre que Sieyès a donné ordre à son cocher
de cacher sa voiture dans la forêt, afin, dans le cas où l’affaire se
terminerait mal, de pouvoir fuir.
    Talleyrand et le banquier Collot se sont installés dans une
maison proche du château. Eux aussi veulent pouvoir quitter la scène si la
pièce est conspuée.
     
    Elle l’est au Conseil des Cinq-Cents.
    Les députés ont crié : « Point de dictature !
À bas les dictateurs ! »
    Lucien Bonaparte a dû accepter que les députés prêtent
serment de fidélité à la Constitution de l’an III.
    Les généraux Jourdan et Augereau se présentent à Bonaparte, proposent
un compromis, une action de concert avec eux. Ils assurent que le général Bernadotte
dispose d’hommes dans les faubourgs, qu’il peut déclencher un mouvement
sans-culotte.
    Bonaparte les écarte. Il doit s’élancer, comme il l’a fait
au pont de Lodi, au pont d’Arcole.
    Il ne doit pas se laisser enliser.
    Il entre dans la galerie
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